La Juventus et Cristiano Ronaldo s'arrêtent déjà là: comme contre Lyon l'an dernier, les Bianconeri d'Andrea Pirlo ont de nouveau chuté dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions contre un FC Porto héroïque, avec une victoire (3-2 a.p.) insuffisante après la victoire portugaise à l'aller (2-1).

Malgré Cristiano Ronaldo et ses 134 buts en C1. Malgré Andrea Pirlo et la révolution espérée dans le jeu. Malgré l'expérience des Bonucci, Morata... Et malgré un Porto réduit à dix en début de seconde période après l'exclusion sévère de Mehdi Taremi (54e), la Juventus a de nouveau été incapable de justifier son statut de favori sur le terrain. Comme il y a deux ans en quarts contre l'Ajax Amsterdam. Et comme la saison dernière contre Lyon en huitièmes.

Face à un Porto en état de grâce, digne successeur de celui de Mourinho sacré en 2004 en C1, CR7 n'a pas mis ses habits de sauveur et s'est surtout illustré par ses gestes d'agacement et quelques mauvais choix. Et la Juventus Turin de chuter avec lui.

La Juve? Une équipe d'abord assommée en première mi-temps par le penalty sévère accordé à Porto. Empêtrée dans la nasse portugaise tissée par Pepe ensuite, après être pourtant revenue grâce à deux buts de Chiesa.

Jusqu'au coup de grâce final, venu d'un coup franc lointain de Oliveira (115e), synonyme de qualification pour les dix Portugais en dépit du troisième but turinois signé Rabiot quelques minutes plus tard (117e).

Pirlo sur le grill

L'élimination contre l'OL, l'été dernier, avait été fatale à l'entraîneur Maurizio Sarri, remercié malgré le titre de champion d'Italie.

On n'imagine pas pareil destin pour Andrea Pirlo après seulement six mois sur le banc. Mais ce revers entame sérieusement la crédibilité de cet entraîneur novice qui a tout gagné ou presque comme joueur. Venu pour révolutionner le jeu turinois, il sait que ce chantier en cours ne peut se faire au détriment des résultats dans un club comme la Juve.

La Supercoupe d'Italie (gagnée en janvier) et la Coupe d'Italie (finale en mai contre l'Atalanta) ne suffiront pas à faire oublier cette élimination surprise et un parcours mitigé en championnat pour le nonuple tenant du titre italien (3e).

Mais le plus inquiétant est peut-être ce que la Juve a montré sur le terrain, à l'aller comme au retour contre Porto. Le sang-froid, la technique et la combativité promis étaient l'apanage des Dragons.

Défendant quasiment en deux lignes de cinq mais sortant vite et bien dès qu'ils le pouvaient, les Portugais de Sergio Conceiçao avaient un plan sans doute simple mais clair.

Juve empêtrée

Celui de Pirlo l'était moins. La Juve s'empêtrant dans la toile portugaise, très serrée devant le gardien Agustin Marchesin impeccable, notamment en tout début de match sur une tête de Morata qui aurait pu changer le scénario.

Taremi a d'abord touché la transversale (7e) avant d'obtenir un penalty qui va encore faire faire parler de l'arbitrage en Italie, où plusieurs décisions ont été contestées lors des huitièmes de finale aller. La VAR confirmait une faute de Demiral, titularisé au côté de Bonucci, et Sergio Oliveira ne se faisait pas prier pour ouvrir le score (19e).

Les buts de Chiesa, sur un service de Ronaldo à la limite du hors-jeu (49e) puis sur un centre de Juan Cuadrado (63e), semblaient avoir changé la donne.

A dix, Porto reculait sans rompre. Morata marquait en position de hors-jeu (90e), Cuadrado trouvait la barre (90+2e).

Mais lors d'une prolongation hachée, ce sont les Portugais qui trouvaient les ressources pour aller chercher la qualification: Moussa Marega (99e) faisait passer une première frayeur avant le coup franc décisif de Oliveira.

Depuis deux ans, la Juve n'a donc disputé que huit matches par saison en Ligue des champions, de quoi expliquer peut-être le soutien affiché par son président Andrea Agnelli au nouveau format de C1 en discussion pour 2024, qui garantirait aux participants aux moins dix matches...

Haaland balaye Séville et envoie Dortmund en quarts

Un doublé à l'aller à Séville, un autre au retour mardi. Le prodige norvégien de 20 ans Erling Haaland, qui règne sur la Ligue des champions, a qualifié presque à lui seul le Borussia Dortmund pour les quarts de finale.

Après sa victoire 3-2 à l'aller en Espagne, Dortmund a concédé un nul 2-2 sur sa pelouse du Signal Iduna Park, sans son mythique "Mur Jaune". Youssef En-Nesyra lui aussi réussi un doublé pour Séville (2-1, 68e et 2-2, 90+6), mais son dernier but a été trop tardif pour permettre aux siens d'arracher une prolongation.

« Nous avons été punis par un joueur qui va marquer son époque », a déclaré l'entraîneur de Séville Julen Lopetegui.

Si elles n'étaient pas aussi époustouflantes, et annonciatrices d'une carrière hors du commun, les statistiques de Haaland finiraient par devenir lassantes. Ni Ronaldo ni Messi n'en avaient de semblables au même âge.

Ce buteur passé par le RB Salzbourg est cette saison le meilleur de la Ligue des champions avec dix buts en huit matches. Il est aussi devenu le premier joueur à marquer 20 buts (en 14 matches seulement!) dans la compétition reine avant son 21e anniversaire. Même Kylian Mbappé s'était arrêté à 19.

Selon le statisticien Opta, il devient également le premier joueur à inscrire quatre doublés de suite dans la compétition.

Et ce géant (1,95 m) à peine sorti de l'adolescence ne se contente pas de martyriser les gardiens: il est aussi l'un des leaders de son équipe, par son engagement, ses replis défensifs pour venir tacler dans sa propre surface, et son langage corporel durant 90 minutes, que Dortmund gagne ou perde.

« Ca a été un match difficile, je suis fatigué mais c'est vraiment bon d'être qualifiés pour le prochain tour », a simplement déclaré le Norvégien, sans s'appesantir sur ses records.

La VAR se déchaîne

Son premier but est une reprise aux six mètres d'un centre en retrait de Marco Reus (35e). Pas le but de l'année, mais il fallait être bien placé.

Son deuxième est le fruit d'une succession de décisions de la VAR difficiles à suivre pour les néophytes! Alors qu'il avait marqué un but spectaculaire, l'arbitre l'a annulé pour une faute (confirmée par la VAR), mais lui a accordé... un pénalty, repéré grâce à la VAR sur l'action précédente.

Le gardien a arrêté le pénalty et Séville a contre-attaqué. Mais l'assistant vidéo est encore intervenu, pour dire que le gardien avait bougé. Et Haaland a eu droit à une seconde chance, qu'il n'a pas laissée passer (2-0, 54e).

Pour Dortmund, cette qualification confirme la fin d'une série noire, qui avait culminé avec l'éviction du coach Lucien Favre mi-décembre, et son remplacement par son adjoint Edin Terzic.

Le nouvel entraîneur a mis du temps à trouver les réglages, et le Borussia a glissé en 6e position de la Bundesliga, mais les derniers résultats (cinq victoires en six matches) prouvent que l'équipe a retrouvé confiance en elle. L'unique défaite a été concédée samedi contre le Bayern (4-2), au cours d'un match où Dortmund a mené 2-0 grâce à un doublé de Haaland.

Certes, Dortmund - qui n'a gagné la Ligue des champions qu'une fois (1997) - ne fait pas partie des grosses écuries qui avouent ouvertement leur ambition de remporter la Ligue des champions. Mais son adversaire en quart de finale devra d'une façon ou d'une autre neutraliser Haaland, un guerrier de 20 ans dont personne encore ne connaît les limites.