MANCHESTER - Le Real Madrid a renversé la situation en trois minutes de folie à Old Trafford grâce à des buts de Modric (66) et de Ronaldo (69) et s'est qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des champions en battant Manchester United 2 à 1 dans un choc de toute beauté.

Le double coup de théâtre s'est produit une dizaine de minutes après l'exclusion du Portugais de Manchester United Nani, pour un pied haut sur Arbeloa, une décision sévère qui a complètement changé le cours du match et ne manquera pas de faire couler beaucoup d'encre.

Manchester United, auteur d'un bon match nul (1-1) à l'aller au Santiago Bernabeu, semblait avoir le billet fermement en main depuis le but marqué contre son camp par Sergio Ramos peu après la pause (48). Le défenseur espagnol avait expédié dans son propre but un centre du futur héros malheureux du match, Nani.

Le carton rouge sorti par l'arbitre à la 56e minute, à la stupeur du public d'Old Trafford, a immédiatement donné un coup de fouet aux Madrilènes. Les "Red Devils" ont été pressés sur leur cage avant de craquer soudainement.

C'est d'abord le Croate Modric, entré peu de temps avant, qui a rendu l'espoir aux champions d'Espagne d'une somptueuse frappe de 25 mètres entrée dans la cage de De Gea avec l'aide du poteau.

Puis Ronaldo a surgi au deuxième poteau sur un centre-tir d'Higuain à ras-de-terre, pour donner le coup de grâce à ses anciens coéquipiers. C'était la première fois que le Portugais revenait à Old Trafford depuis son transfert record en 2009.

Les tentatives des Mancuniens en fin de rencontre, désespérées dans la mesure où il leur fallait marquer deux fois pour passer, sont logiquement restées vaines en infériorité numérique, malgré plusieurs occasions nettes, notamment celles manquées par Van Persie et Rooney à quelques secondes d'intervalles (85).

À deux minutes de la fin, sur un contre, Kaka, entré à la mi-temps à la place de Di Maria, a failli ajouter un troisième but qui aurait été bien cruel pour MU, mais son intérieur du pied a rebondi sur le poteau.

Sir Alex en échec

Les 180 secondes d'euphorie des Madrilènes ont provoqué l'échec d'un pari tactique particulièrement audacieux d'Alex Ferguson.

Fort du but marqué à l'extérieur à l'aller, l'Écossais s'était permis de laisser sur le banc Wayne Rooney en début de rencontre, pour privilégier des joueurs plus rapides, Nani et Danny Welbeck. Il avait misé sur l'expérience du vieux Ryan Giggs, qui jouait le millième match de sa carrière, pour faire partir les contre-attaques et gêner Cristiano Ronaldo en milieu de terrain.

Le coup de poker a d'abord fonctionné à merveille car les joueurs du Real Madrid se sont longtemps enferrés dans une défense bien organisée autour de Vidic et Ferdinand. Les "Red Devils" se sont même créé les meilleures occasions en première période, en particulier une tête du défenseur central serbe sur le poteau, à la suite d'un corner.

Deux éclairs allaient anéantir la stratégie de Sir Alex et faire basculer cet affrontement parfois présenté comme une finale avant la lettre du côté de José Mourinho.

La leçon de Dortmund

Fort du nul (2-2) ramené d'Ukraine, Dortmund est entré en quarts de finale de la Ligue des champions en disposant aisément (3-0) d'un Shakhtar Donetsk bien terne au Signal Iduna Park.

Le Borussia parvient à ce stade de la compétition pour la première fois depuis la campagne 1997-98 où, tenant du trophée, il avait échoué en demi-finales.

L'équipe de Jürgen Klopp reste invaincue dans la compétition (cinq victoires, trois nulles), entamée par une brillante première place dans un "groupe de la mort" où figurait notamment le Real qu'il pourrait retrouver après la qualification madrilène à Manchester United.

Dans l'ombre du Bayern à l'échelon national, le double champion d'Allemagne en titre se présentait sans son défenseur central Mats Hummels, héros du match aller (but égalisateur). Et c'est son remplaçant, le Brésilien Felipe Santana, qui a mis le Borussia sur orbite!

Donetsk était venu avec enfin un match dans les jambes, la victoire la semaine dernière contre Volyn Lutsk (4-1) après trois mois de pause hivernale.
Après beaucoup d'approximations, le Borussia trouvait enfin l'ouverture: sur un corner de la droite, Santana s'élevait au-dessus de la mêlée pour placer de la tête le cuir hors de portée d'Andriy Pyatov (1-0, 31e).

La machine jaune et noire était lancée. Sur un centre de Robert Lewandowski, habituel artilleur, Mario Götze doublait la mise (2-0, 37e), le 150e but de l'histoire du BVB en compétition européenne.

L'entrée à la reprise du Brésilien Douglas Costa donnait enfin des couleurs à l'attaque ukrainienne, d'abord par une longue chevauchée de l'attaquant de poche (48) puis une frappe de peu à côté (49).

Pas suffisant pour troubler la sérénité des joueurs du Borussia. Au contraire, puisque l'hôte allemand aggravait la marque par Jakub Blaszczykowski: le milieu polonais profitait d'un ballon relâché par le gardien sur une frappe d'Ilkay Gundogan pour régaler une troisième fois le public (3-0, 59e).

Restait à ne pas commettre les fautes défensives du match aller. Une mission accomplie par la bande de Jürgen Klopp qui pouvait enchaîner les remplacements en vue de la prochaine échéance: le derby de la Ruhr samedi à Schalke, avec en jeu l'honneur (battu 2-1 à l'aller) et la deuxième place de Bundesliga.

"Le vainqueur de ce match sera en finale", avait pronostiqué le coach roumain Mircea Lucescu la veille. L'espoir est dans le camp de Dortmund...