ROME (AFP) - Luciano Moggi, l'ancien directeur général du club de football de la Juventus Turin au centre d'un scandale de matches truqués en Italie, "maudit le jour" où il a rencontré Silvio Berlusconi, le patron de l'AC Milan, et pense que ses problèmes sont le fruit d'une vengeance.

"Maudit soit le jour où j'ai rencontré Berlusconi", affirme M. Moggi dans une interview publiée lundi sur le site internet de Quotidiano Nazionale (QN) qui regroupe plusieurs quotidiens italiens.

"En septembre dernier, je suis allé voir Berlusconi et celui-ci m'a proposé de venir à l'AC Milan, raconte Moggi. Nous savons tous comment est le propriétaire de l'AC Milan. Il lui faut peu pour s'enthousiasmer. Et comme ça, il a tout raconté à (Adriano) Galliani", vice-président du Milan et président de la Ligue des clubs de football.

Ce dernier, homme tout-puissant au sein de l'AC Milan comme l'était M. Moggi à la Juventus avant sa démission, a mal pris cette démarche et a fait son possible pour éviter cette situation.

"Deux semaines après ma rencontre avec Berlusconi, la Fédération de football a reçu du parquet de Turin les écoutes qui me concernaient, ainsi que d'autres personnalités du football. Naturellement, Galliani a suggéré à Berlusconi d'être attentif avant de faire certains choix, de ne pas insister sur moi en raison de l'enquête", poursuit M. Moggi.

M. Moggi est au centre d'un gigantesque scandale, dans lequel il est soupçonné d'avoir truqué, avec l'aide d'arbitres et d'autres personnalités du football, de nombreux matches pour faire gagner la Juventus.

M. Moggi accuse le système

"Ce n'est pas moi qui ait inventé ce football, c'est le système qui fonctionne comme ça depuis toujours", a répondu M. Moggi au journaliste qui lui faisait remarquer qu'il évoque des "complots et des trahisons" mais que les écoutes le concernent directement.

"Je ne suis pas celui qui a créé ce monde du football qui vit (...) selon des logiques impitoyables. Le vrai pouvoir est économique, de ceux qui gèrent les droits TV. Que la magistrature essaye de mettre leurs téléphones portables sur écoute, il en sortirait des choses très intéressantes", a assuré M. Moggi, sans autre précision.

La justice italienne poursuit son enquête sur le scandale des matches truqués tandis que l'équipe nationale, dont le sélectionneur Marcello Lippi a également été cité dans les écoutes, a commencé ses préparatifs pour le Mondial débutant en juin en Allemagne.

Selon l'ancien responsable de la Juventus, tous ses collègues se comportaient de la même manière que lui, téléphonant aux responsables de l'association des arbitres pour obtenir des juges "impartiaux".

"Moi, comme mes autres collègues, je voulais simplement m'assurer de ne pas avoir sur le terrain des arbitres ennemis de la Juventus, je voulais avoir pour toutes les parties des professionnels sérieux, bons et surtout impartiaux", a-t-il assuré.

M. Moggi a également affirmé que l'ancien président de la Fédération italienne de football, Franco Carraro, qui a démissioné à la suite de la publication des écoutes téléphoniques, était au courant de toutes ces pratiques du football italien.