BERLIN - L'emblématique gardien du Bayern Munich, Oliver Kahn, tirera définitivement sa révérence au soir du 17 mai, dernière journée du Championnat d'Allemagne. En attendant il accueille samedi pour 90 minutes de nostalgie le club qui l'a vu éclore au plus haut niveau, Karlsruhe.

Oliver Kahn, qui soufflera ses 39 bougies le 15 juin, n'est guère du genre à s'attendrir ou à se retourner sur le chemin footballistique parcouru. En cette saison en forme de tournée d'adieu, il a d'ailleurs plutôt multiplié les "coups de gueule", fidèle en cela à sa bouillonnante réputation.

En décembre, on ne sait trop pour quelle raison, il avait claqué la porte de la fête de Noël du club avant même de prononcer le traditionnel discours du capitaine. En conséquence, l'entraîneur Ottmar Hitzfeld l'avait suspendu pour le dernier match de la phase aller.

Quelques semaines plus tôt, il s'en était vertement pris à deux de ses coéquipiers, le Français Frank Ribéry et l'Italien Luca Toni, égratignés gratuitement sur l'autel de la mauvaise humeur d'un gardien aussi légendaire qu'ombrageux.

548 matchs de D1

Sur la pelouse bavaroise qu'il foule depuis son arrivée au Bayern Munich il y a près de 14 ans, il retrouvera samedi comme adversaire Karlsruhe, le club de sa ville natale, où il se forma et où il fit ses débuts de 1987 à 1994.

Cette rencontre hautement symbolique pourrait lui permettre de mettre le nez dans ses statistiques personnelles. 548 matchs disputés en D1, un chiffre jamais atteint par aucun autre gardien de but. 194 rencontres disputées sans encaisser un seul but, nouveau record.

Il fut également vice-champion du monde en 2002, champion d'Europe en 1996, vainqueur de la Ligue des champions en 2001, de la Coupe de l'UEFA en 1996, sept fois champion d'Allemagne.

Son palmarès individuel est également aussi vaste que son ego: meilleur gardien du monde en 1999, 2001 et 2002, meilleur joueur du Mondial-2002, meilleur gardien de la Bundesliga à 5 reprises, joueur allemand de l'année en 2000 et 2001, meilleur portier européen à 4 reprises etc.

Pour sa dernière saison, il s'est encore fixé de grands objectifs, à savoir le triplé championnat, Coupe d'Allemagne et Coupe de l'UEFA.

"Il veut gagner"

"Kahn a toujours eu cette incroyable force: il veut gagner, a toujours voulu gagner, même les matches d'entraînement. Son ambition le distingue encore aujourd'hui des autres joueurs", se souvient Winfried Schäfer, l'entraîneur qui a fait débuter Kahn, alors âgé de 18 ans, en D1 en 1987.

A l'heure de le retraite, "papy Kahn" n'hésite pas à critiquer la jeune génération. Toni Kroos, prodige de 18 ans engagé par le Bayern? "Il n'était même pas né quand je suis passé pro", raille-t-il. Et pour lui, dans le monde actuel du ballon rond, "tout est devenu extrêmement lisse et on a l'impression que tout le monde s'efforce de faire le moins de vagues possibles".

Dans sa longue carrière, Oliver Kahn a multiplié les déclarations à l'emporte-pièce, s'attirant par son arrogance les foudres du public.

Un célèbre talk-show humoristique le compara un jour à un gorille, ce qui eut pour conséquence que, dans les stades, on l'accueillit souvent avec des bananes.

Père de deux enfants, Oliver Kahn n'éprouve aucun regret à l'idée de raccrocher.

"Il y a tant de gens qui me disent +Oh mon Dieu, c'est tellement dommage que tu t'arrêtes+. Moi je vois les choses différemment. Je suis très content que cela ait une fin. Je m'en réjouis. Un jour ça suffit, c'est tout", s'est-il confié au magazine Sport Bild.