LONDRES - Des résultats moyens, des incertitudes financières et des tensions au sommet ont brutalement mis un terme à la lune de miel entre Liverpool et les propriétaires américains du club, moins d'un an après leur arrivée.

En février 2007, Liverpool a accueilli à bras ouverts Tom Hicks et George Gillett, magnats du sport américain. Cette réception tranchait avec la vague d'américanophobie accompagnant la prise de contrôle de Manchester United par Malcolm Glazer.

"Ils ont fait des promesses fantastiques quand ils sont arrivés. Désormais, il ne reste que des problèmes. Gérer comme ça un club, c'est complètement fou", grogne l'ancien défenseur du club Mark Lawrenson.

Selon un autre ancien, Alan Hansen, les relations sont exécrables entre les Américains et les "historiques", l'emblématique ex-président David Moores, toujours au conseil d'administration, et le directeur général Rick Parry, artisan de leur prise de contrôle.

À leur arrivée, Hicks et Gillett n'ont pas ménagé leurs efforts pour s'attacher les faveurs locales.


Benitez sur le départ ?

À l'inverse de Glazer, ils se sont personnellement portés garants des dettes (45 millions de livres, soit 90 M canadiens); selon la presse anglaise, ils tentent actuellement de les transférer sur les comptes du club.

Ils avaient interrompu les projets du nouveau stade pour en construire un plus grandiose; ils essaient de négocier auprès des banques un prêt de 350 millions de livres (703 M canadiens) pour que les travaux puissent commencer.

Ils avaient annoncé le recrutement d'une vedette internationale chaque année, ce que l'arrivée de Fernando Torres semblait accréditer; Rafael Benitez leur a reproché leur frilosité avant le marché d'hiver.

Ils avaient assuré de leur soutien l'Espagnol, particulièrement populaire sur les bords de la Mersey. Hicks a récemment reconnu avoir rencontré en novembre Jürgen Klinsmann comme "police d'assurance" pour remplacer Benitez. Si l'intéressé affirme vouloir rester, "la question n'est plus de savoir s'il va partir mais quand", selon le Daily Telegraph.


"Le nouveau Newcastle"

Ils avaient promis de refaire du club le plus titré d'Angleterre un candidat crédible au titre de champion, après lequel il court depuis 1990. Avant de recevoir Aston Villa lundi lors de la 23e journée, et après deux victoires en sept matchs, Liverpool compte douze points de retard sur Manchester et Arsenal et devra se battre pour la 4e place qualificative pour la Ligue des champions.

"À chaque fois qu'on allume la télé, on nous parle de crise", regrette Steven Gerrard. "On dirait qu'on est le nouveau Newcastle", le club anglais en crise permanente, poursuit Sami Hyypia.

Agacés par les difficultés auxquelles n'étaient pas habitués ces magnat d'un sport US sans doute moins irrationnel et confrontés à des soucis financiers, Hicks et Gillett envisageraient un retrait.

Candidat malheureux à la reprise l'an passé, le fonds souverain émirati Dubai International Capital (DIC), dont le dirigeant Samir al-Ansari est un supporteur de longue date, serait toujours intéressé.

Il y a un an, la perspective d'une reprise par DIC inquiétait les supporteurs. Aujourd'hui, "ils diraient +Bon vent+ aux Américains et accueilleraient à bras ouverts les mecs de Dubaï", selon Lawrenson.