Pour ses 100 ans, l'Inter veut gagner
Soccer vendredi, 7 mars 2008. 09:55 mercredi, 11 déc. 2024. 05:52
ROME - Sujet de moqueries en Italie ces dernières années sur le thème du "club qui ne gagne jamais rien", l'Inter fête ses 100 ans samedi: l'occasion, espère l'équipe milanaise, d'entamer pour de bon un nouveau cycle, celui du "club qui gagne", enfin.
La réputation de la formation lombarde, fondée le 9 mars 1908, s'est bâtie sur un mythe: celui de la "Grande Inter".
Au coeur des années 60, l'équipe conduite par l'entraîneur argentin Helenio Herrera pratique un jeu moderne - un "catenaccio" mâtiné de contre-attaques fulgurantes - et, forte d'individualités aussi exceptionnelles que Facchetti, Mazzola ou Suarez, remporte notamment deux Ligues des Champions (1964, 1965).
Depuis, malgré quelques succès, l'Inter n'a pas fait mieux.
Et au début des années 90, le mythe est devenu fardeau: l'équipe, malgré la présence de grands joueurs, ne gagne plus de titres. Elle fait de l'échec "une forme d'art", relève l'historien anglais John Foot, tandis que le sociologue Guido Liguori évoque l'Inter comme "le coït interrompu du football italien".
Recueils de blagues
5 mai 2002: date symbole. Ce jour-là, alors que les Nerazzurri ont dominé l'ensemble de la saison, une défaite lors de la dernière journée face à la Lazio (4-2) leur coûte un titre qui semblait déjà acquis un mois auparavant.
Ce "flop" spectaculaire a constitué un paroxysme, engendrant une littérature abondante, entre recueils de blagues et analyses psychologiques narrant toute la difficulté de supporter le club.
Le président Massimo Moratti, en poste depuis 1995, est un autre symbole.
Successeur de son père, Angelo, président de la "Grande Inter", il a dépensé sans compter pour recruter, bouleversant sans cesse l'effectif. Au final, ses acquisitions frénétiques ont compté un nombre invraisemblable de "bidoni", c'est-à-dire, pour les tifosi, des "tocards". Et les blagues sur Moratti, milliardaire généreux mais sans aucun flair, sont devenues très nombreuses.
Pire, des joueurs aux performances quelconques à l'Inter, sont devenus des stars une fois ailleurs: l'attaquant Bergkamp à Arsenal, le défenseur Roberto Carlos au Real Madrid, tout comme les milieux Pirlo et Seedorf à l'AC Milan.
Le vent tourne
L'AC Milan: voilà qui fait encore plus mal à l'Inter. Pendant que celle-ci sombrait, le club rival propriété de Silvio Berlusconi - autre milliardaire, mais plus inspiré - a absolument tout gagné, en Italie et en Europe (éliminant au passage l'Inter à deux reprises en C1).
Mais le vrai ennemi, c'est la Juventus. Depuis le vaste scandale des matches truqués en 2006, qui a révélé comment certains arbitres étaient "conditionnés" pour favoriser le club de Turin, l'Inter estime qu'il y a désormais quelques raisons objectives à ses échecs du passé.
Aujourd'hui, le vent tourne: courant après le scudetto depuis 1989, l'Inter a remporté les deux derniers. Pour les sceptiques cependant, le premier a été acquis sur tapis vert (suite au scandale des matches truqués), tandis que le second, malgré une série de 17 victoires d'affilée et une seule défaite, a été acquis car la Juve avait été rétrogradée.
Mais cette saison, la Juve est là et l'Inter est en tête de la Serie A (avec 6 pts d'avance sur la Roma, 2e) et toujours en course en Ligue des Champions (en 8e de finale contre Liverpool). L'occasion de s'imposer, enfin, comme le club qui gagne. Même si, à l'image de sa défaite à l'aller à Liverpool (2-0), l'Inter a montré qu'elle n'avait peut-être pas encore chassé tous ses démons.
La réputation de la formation lombarde, fondée le 9 mars 1908, s'est bâtie sur un mythe: celui de la "Grande Inter".
Au coeur des années 60, l'équipe conduite par l'entraîneur argentin Helenio Herrera pratique un jeu moderne - un "catenaccio" mâtiné de contre-attaques fulgurantes - et, forte d'individualités aussi exceptionnelles que Facchetti, Mazzola ou Suarez, remporte notamment deux Ligues des Champions (1964, 1965).
Depuis, malgré quelques succès, l'Inter n'a pas fait mieux.
Et au début des années 90, le mythe est devenu fardeau: l'équipe, malgré la présence de grands joueurs, ne gagne plus de titres. Elle fait de l'échec "une forme d'art", relève l'historien anglais John Foot, tandis que le sociologue Guido Liguori évoque l'Inter comme "le coït interrompu du football italien".
Recueils de blagues
5 mai 2002: date symbole. Ce jour-là, alors que les Nerazzurri ont dominé l'ensemble de la saison, une défaite lors de la dernière journée face à la Lazio (4-2) leur coûte un titre qui semblait déjà acquis un mois auparavant.
Ce "flop" spectaculaire a constitué un paroxysme, engendrant une littérature abondante, entre recueils de blagues et analyses psychologiques narrant toute la difficulté de supporter le club.
Le président Massimo Moratti, en poste depuis 1995, est un autre symbole.
Successeur de son père, Angelo, président de la "Grande Inter", il a dépensé sans compter pour recruter, bouleversant sans cesse l'effectif. Au final, ses acquisitions frénétiques ont compté un nombre invraisemblable de "bidoni", c'est-à-dire, pour les tifosi, des "tocards". Et les blagues sur Moratti, milliardaire généreux mais sans aucun flair, sont devenues très nombreuses.
Pire, des joueurs aux performances quelconques à l'Inter, sont devenus des stars une fois ailleurs: l'attaquant Bergkamp à Arsenal, le défenseur Roberto Carlos au Real Madrid, tout comme les milieux Pirlo et Seedorf à l'AC Milan.
Le vent tourne
L'AC Milan: voilà qui fait encore plus mal à l'Inter. Pendant que celle-ci sombrait, le club rival propriété de Silvio Berlusconi - autre milliardaire, mais plus inspiré - a absolument tout gagné, en Italie et en Europe (éliminant au passage l'Inter à deux reprises en C1).
Mais le vrai ennemi, c'est la Juventus. Depuis le vaste scandale des matches truqués en 2006, qui a révélé comment certains arbitres étaient "conditionnés" pour favoriser le club de Turin, l'Inter estime qu'il y a désormais quelques raisons objectives à ses échecs du passé.
Aujourd'hui, le vent tourne: courant après le scudetto depuis 1989, l'Inter a remporté les deux derniers. Pour les sceptiques cependant, le premier a été acquis sur tapis vert (suite au scandale des matches truqués), tandis que le second, malgré une série de 17 victoires d'affilée et une seule défaite, a été acquis car la Juve avait été rétrogradée.
Mais cette saison, la Juve est là et l'Inter est en tête de la Serie A (avec 6 pts d'avance sur la Roma, 2e) et toujours en course en Ligue des Champions (en 8e de finale contre Liverpool). L'occasion de s'imposer, enfin, comme le club qui gagne. Même si, à l'image de sa défaite à l'aller à Liverpool (2-0), l'Inter a montré qu'elle n'avait peut-être pas encore chassé tous ses démons.