ROME - Faute de victoires depuis début avril, la Juventus Turin s'est résolue à limoger lundi son entraîneur Claudio Ranieri à deux journées de la fin du championnat d'Italie et à confier l'équipe à son ex-défenseur Ciro Ferrara, chargé de sauver la 3e place.

Cela faisait 40 ans que la vénérable "Vieille Dame" n'avait pas mis à la porte un entraîneur: c'est dire si pour les dirigeants, l'heure était grave.

Pourtant, l'équipe turinoise n'est pas menacée par la descente. Loin de là, puisqu'elle est même mathématiquement assurée de disputer la Ligue des Champions la saison prochaine. Seulement, après avoir longtemps rêvé du titre - finalement remporté samedi par l'Inter -, elle a perdu pied début avril, soudainement devenue incapable de gagner un match (six nuls et une défaite).

Passée de la 2e à la 3e place, et alors qu'il reste deux matches à disputer (à Sienne et contre la Lazio), la "Juve" se retrouve talonnée par la Fiorentina, 4e à 1 point.

Une 4e place dont le club ne veut absolument pas entendre parler car elle contraint à passer par un périlleux tour préliminaire en août - dont est dispensé le 3e - avant de pouvoir accéder à la phase de poules de la Ligue des Champions.

Ranieri, 57 ans, qui a avait signé un contrat jusqu'en 2010 à son arrivée en 2007, avait pourtant été confirmé à de multiples reprises par les dirigeants au cours des dernières semaines. Mais huit jours après une prestation encourageante face à l'AC Milan (1-1), un énième nul face à l'Atalanta (2-2) dimanche a scellé son sort.

"Secouer les joueurs"

L'expérimenté technicien n'a jamais été très aimé par les tifosi. À sa place, ceux-ci vont en revanche retrouver leur ex-idole, Ciro Ferrara, 42 ans.

L'ancien défenseur international, qui s'occupait des équipes de jeunes depuis 2006, a été un inamovible cadre de la Juve pendant dix ans (1994-2005), remportant notamment une Ligue des Champions (1996) et cinq scudetti.

"C'est un choix réfléchi. On a voulu secouer les joueurs, les mettre devant leurs responsabilités, a expliqué l'administrateur-délégué du club, Jean-Claude Blanc. On doit vraiment se comporter autrement et c'est là que Ciro peut nous aider".

"Il reste deux finales à jouer", a-t-il insisté, en expliquant que "si ce n'est pas le style de la Juve de ne pas aller jusqu'au terme d'une saison avec un entraîneur, c'est aussi son style de bien terminer un championnat et de jouer en Ligue des Champions sans passer par le tour préliminaire".

Le club n'a donné aucune indication sur la durée de la mission confiée à Ferrara. S'il ira ou non au-delà de deux matches. Jusqu'ici son expérience de technicien se résume à un poste d'adjoint de Marcello Lippi en sélection nationale italienne (2004-2006, et depuis 2008).

"Il a les qualités pour être considéré avec grande attention pour le futur", a dit à ce propos Jean-Claude Blanc. Ce à quoi a répondu l'intéressé : "J'ai dit aux dirigeants d'être tranquilles au sujet du prochain entraîneur de la Juve. Moi ou un autre, ce ne sera pas un problème. Si ce ne devait pas être moi, je retournerais avec les jeunes et la Nazionale".