MADRID - Le président du Real Madrid Ramon Calderon, accusé d'avoir manipulé la dernière assemblée du club, a démissionné vendredi sous la pression médiatique, plongeant dans l'incertitude le double champion d'Espagne, largement distancé cette saison par un rayonnant FC Barcelone.

"Je pars avec les mains propres et la conscience tranquille", a déclaré Ramon Calderon, très ému, lors d'une allocution à la presse au stade Santiago Bernabeu, quelques heures après l'annonce de sa démission par les médias.

L'intérim à la présidence du club sera assuré par l'un de ses vice-présidents, l'entrepreneur Vicente Boluda Fos, 53 ans, qui a annoncé que les élections à la présidence du club seraient avancées "à l'été".

Le mandat de Ramon Calderon, 57 ans, qui avait pris en 2006 la difficile succession de Florentino Perez, le président de l'ère "Galactique" des Figo, Ronaldo, Zidane et Beckham, devait normalement expirer en 2010.

Calderon a indiqué avoir pris sa décision contre l'avis de tous les membres de sa direction, avec lesquelles il avait tenu une réunion extraordinaire en fin de matinée.

"Des erreurs, jamais d'irrégularités"

Cet ex-avocat a fini par céder à une intenable pression médiatique, après des accusations lancées mardi par l'infuent journal sportif madrilène Marca selon lesquelles il aurait "manipulé de manière préméditée la composition" de l'assemblée générale du club du 7 décembre.

Le journal l'a accusé, photos compromettantes à l'appui, d'avoir "infiltré" à cette AG de faux délégués qu'il connaissait personnellement pour voter en sa faveur. L'assemblée avait approuvé les comptes du club le plus riche du monde, doté cette année d'un budget record de 400 millions d'euros.

"J'ai commis des erreurs, jamais d'irrégularités", a assuré vendredi M. Calderon.

Il a dit avoir démissionné "avec l'unique espoir que (sa) tête, tellement pourchassée depuis le début de (son) mandat", aiderait "à pacifier une masse sociale (les abonnés, ndlr) agitée et bouleversée en permanence par des informations diffusées chaque jour par les médias, et qui sont élaborées et divulguées avec le plus absolu mépris des codes moraux".

Le directeur de Marca, Eduardo Inda, a de son côté estimé pour l'AFP que cette démission était "une victoire de la décence, face à une conduite irrégulière et clairement mafieuse" de la direction du club.

"Sur l'honneur"

Mercredi, Ramon Calderon avait "juré sur l'honneur" être totalement étranger aux manipulations dénoncées par Marca.

Il avait tenté de désamorcer la bombe en licenciant deux employés du club impliqués dans l'affaire, mais s'était accroché à la tête du club, déclarant alors: "On démissionne par lâcheté ou parce qu'on a quelque chose à se reprocher".

Sa démission intervient alors que le club, après un début de saison médiocre qui l'a relégué à 12 points du leader du Championnat, le FC Barcelone, a redressé la tête, avec l'arrivée en fin d'année d'un nouvel entraîneur, l'Espagnol Juande Ramos.

Cette crise risque de déstabiliser les joueurs. Le Real va de nouveau être au centre d'incessantes rumeurs sur les candidats à la succession de Calderon et les stars qu'ils promettront de recruter partout en Europe.

Ramon Calderon a remis le Real sur la voie du succès en Espagne, avec deux deux titres de champion (2007 et 2008). Mais il part sur un maigre bilan européen, avec des éliminations prématurées en Ligue des champions lors des deux dernières saisons.

Cette année, le Real est qualifié pour les 8e de finale où il affrontera les Reds de Liverpool.