LONDRES - La Premier League, longtemps réfractaire à toute mesure coercitive, a décidé cette semaine de soumettre à un contrôle de gestion ses clubs, qui pourraient être interdits de recrutement en cas de situation financière périlleuse.

L'organisme gestionnaire de la première division anglaise a également décidé une limitation à 25 joueurs des effectifs professionnels des clubs, dont huit devront avoir été formés en Angleterre ou au Pays de Galles.

"L'objectif est de protéger la viabilité des clubs", a expliqué mardi son directeur général, Richard Scudamore, il y a peu zélote du laissez-faire en soccer et contempteur des velléités interventionnistes du président de l'UEFA, Michel Platini. "Nous préférons intervenir que de risquer le dépôt de bilan d'un club", a-t-il poursuivi.

Michel Platini a salué "cette décision (qui) va dans le sens de l'UEFA" et "remercié M. Scudamore pour ce 'fair-play financier' à l'anglaise."

Les clubs anglais, qui devront remettre le 1er mars de chaque année leurs bilans accompagnés des remarques de leurs commissaires aux comptes, pourront également se voir interdire toute revalorisation salariale des joueurs.

A l'inverse de la France, de l'Allemagne et de ce que souhaite l'UEFA, une rétrogradation ou une exclusion de la Premier League n'est pas envisagée dans l'arsenal des sanctions. De même, aucun critère sur un niveau maximum d'endettement ne devrait être fixé.

Dettes

Mais ces règles sont une révolution dans un championnat qui, il y a peu, se battait bec et ongles contre toute velléité de régulation de clubs, dont les dettes cumulées dépassaient fin 2008, selon une estimation de la fédération (FA), les trois milliards de livres (3,4 milliards d'euros), dont un tiers pour les grands clubs (Manchester United, Chelsea, Liverpool et Arsenal).

Selon ces nouvelles règles, trois clubs auraient été interdits de recrutement cet été: Portsmouth qui, de l'aveu de ses dirigeants, est passé tout près du "dépôt de bilan", West Ham, dont l'ex-propriétaire, un banquier islandais, a fait faillite, et surtout Liverpool qui a dû renégocier en catastrophe sa dette de 290 millions de livres (quelque 330 millions d'euros), après que le commissaire aux comptes avait évoqué son "inquiétude persistante".

Chelsea a annoncé en juin une perte de 65,7 millions de livres (74 M EUR), tandis que Manchester United, malgré une finale de Ligue des champions, a également clos l'exercice sur un déficit (21 M livres, 24 M EUR) pour voir sa dette encore enfler (575 millions de livres, 650 M EUR).

De son côté, Arsenal est touché par l'effondrement du marché immobilier londonien: le club comptait financer le service de la dette née de la construction de l'Emirates stadium par le projet de transformation en appartements de son ancien stade, Highbury.

A l'exception de Manchester City, adossé à la fortune de la famille régnante d'Abou Dhabi, les clubs anglais ont d'ailleurs été inhabituellement discrets sur le marché des transferts cette saison, avec une baisse de 10% des sommes engagées par rapport à 2008.