Neymar, un bijou en guise de premier pardon
France samedi, 14 sept. 2019. 14:23 dimanche, 15 déc. 2024. 10:46PARIS, France - Un but somptueux, entre huées et ébahissement du Parc des Princes: Neymar, de retour avec le Paris SG après quatre mois d'absence, a fait le premier pas dans sa longue reconquête du public parisien contre Strasbourg (1-0). Par son talent, la meilleure réponse possible devant la colère des fans.
Ce retourné acrobatique, magnifique et tellement précis, n'a pas uniquement crucifié Strasbourg à la 92e minute, ou donné trois points d'avance au PSG en tête du classement provisoire.
Il a condensé à lui tout seul tout ce que ce joueur phénoménal peut apporter en émotion. Car, de la haine qui avait plu pendant deux heures de la tribune Auteuil, celle devant laquelle le Brésilien a réalisé son exploit, le stade presque entier a basculé dans la joie, le bonheur de voir sous un maillot rouge et bleu évoluer un tel meneur de jeu.
Les franges les plus dures des supporters ultras ont certes continué à huer le Brésilien, comme elles l'avaient fait durant toute la rencontre. Mais c'est bien sous une ovation que Neymar est allé se replacer, après avoir célébré avec joie, et sans provocation, son but fantastique.
Un joyau de but qui n'effacera pas l'été infernal qu'ont vécu les supporters parisiens, à travers les envies de départ de leur crack aux 222 millions d'euros. Mais qui ne pouvait pas mieux tomber pour le joueur, s'il souhaite un jour pouvoir refouler la pelouse du Parc autrement que comme un pestiféré.
« Il est temps de tourner la page, aujourd'hui, je suis un joueur du Paris Saint-Germain, je donnerai tout sur le terrain », a-t-il lancé après la rencontre, osant s'exprimer pour la première fois sur cet été fou et assumant que quitter le club, « c'est ce qu'(il) voulai(t) ». Comme pour associer la parole aux actes, dans une première tentative de réconciliation.
Car pendant 91 minutes, c'est bien comme un étranger que Ney est apparu aux yeux des fans. Ceux-ci l'avaient annoncé, ils ne lui ont pas laissé un seul instant de répit, et ce dès l'échauffement.
Copieusement sifflé
À l'annonce de son nom dans la composition, où il figurait comme titulaire pour la première fois depuis le mois de mai? Lourdement conspué. Sa première touche de balle? Copieusement sifflée, comme de nombreuses ayant suivi.
Pendant les trois premières minutes du match, sans discontinuer, le virage Auteuil a chanté « Neymar, hijo de puta », « fils de p* » en espagnol, en choeur et avec un entrain au moins aussi prononcé que lorsqu'il a fallu saluer la première parade de l'ex-gardien du Real Madrid Keylor Navas (18e) – impeccable pour sa première –, ou l'entrée en jeu pour une demi-heure du nouvel avant-centre Mauro Icardi.
Déjà vindicatifs pour la reprise du championnat le 11 août, en plein feuilleton, les ultras ont à nouveau été inspirés samedi dans leurs banderoles, utilisant même le portugais pour l'une d'entre elles invitant le papa du joueur étoile à mettre en vente son fiston dans un quartier à bordels peu coûteux de Rio de Janeiro.
D'autres fans, moins pessimistes, attendaient des excuses, ou au moins un geste de Neymar: « Il doit faire profil bas », avait martelé Loïc, 33 ans dont 22 comme abonné, pour qui il était « hors de question » d'encourager la star brésilienne: « Pour moi, il n'est plus en droit de revendiquer quoi que ce soit ici ».
Un but exceptionnel
Profil bas? Difficile de le lui demander avec un tel but. Mais sa célébration assez neutre – un ballon mis sous son maillot après de sincères câlins avec ses coéquipiers –, a prouvé qu'il n'y avait pas tout à jeter chez ce Brésilien de 27 ans. D'autant qu'une minute après sa réalisation, quand il a pensé inscrire un doublé, c'est en pointant son coéquipier Angel Di Maria, auteur de la dernière passe, qu'il a commencé à célébrer son but... finalement refusé.
Non, tout n'est pas à jeter: Neymar a accéléré progressivement au fil du match, haussant le niveau et l'impact en l'absence de Kylian Mbappé et Edinson Cavani, blessés, quand bien même il revenait à peine d'un rassemblement en sélection aux États-Unis.
Lui qui n'avait plus porté le maillot parisien depuis le mois de mai, entre suspension, blessure et mise à l'écart du groupe, a eu envie jusqu'au bout. Et c'est lui qui a sauvé la baraque, au bout d'une après-midi jusque là très alarmante, triste à mourir dans la construction.
Au point, peut-être, de faire douter quelques fans quant au premier choc de la saison, contre le Real Madrid en Ligue des champions mercredi. Car ce duel, Neymar le ratera pour une suspension. Et l'exploit devra venir d'ailleurs.