LONDRES (AFP) - Alex Ferguson, entraîneur de Manchester United, n'a pas la tendresse facile mais il s'est pressé au chevet des hommes malades du socccer anglais, le sélectionneur Steve McClaren, son ex-adjoint, et Wayne Rooney, qu'il alignera contre vents et marées mardi en Ligue des Champions.

Acheté 40 millions d'euros à Everton en 2004, Rooney n'a marqué qu'un but cette saison pour son club, lors de la 1re journée, et, pour la première fois de sa carrière, est apparu en perdition avec Manchester comme en sélection.

Mais dimanche à Wigan, Rooney a remercié sur le terrain son entraîneur de son soutien en réussissant son premier bon match de la saison.

"Nous parlons d'un gamin de 20 ans et les gens espèrent que j'annonce qu'il est fini...", soupire Ferguson qui l'alignera contre Copenhague. "Je sais, et chaque défenseur de ce pays le sait aussi, que le garçon va revenir à la vie. Je n'ai vraiment aucune crainte à son sujet", assène-t-il.

"Ce dont il a besoin, c'est de matches. Et de croire à ce que nous, nous lui disons. Parce que les jeunes joueurs, parfois, peuvent croire ce que les autres disent ou écrivent à leur propos. Et c'est là que c'est perturbant". "Qu'on s'en réjouisse ou non, Wayne Rooney est désormais le premier vendeur de journaux dans ce pays", dit Ferguson qui, lui, le regrette.

"Parfois, les choses vont trop vite. Depuis deux ans qu'il nous a rejoint, cela a un peu été les montagnes russes pour lui".

Des suspensions ont privé Rooney des deux premiers matches de l'Angleterre et de trois rencontres avec Manchester. Avant le Mondial, il s'était fracturé le pied. Il n'a donc pas joué durant plusieurs mois.

"Lâchez le"

Mais il n'y a pas que de la presse que Ferguson doit garder Rooney. Le joueur se retrouve au centre d'une polémique pour avoir fait un doigt d'honneur après la débâcle de l'Angleterre à Zagreb (0-2) à un supporteur qui envisageait de lui exprimer son vif courroux en lui urinant dessus.

Son entraîneur a prévenu le joueur qu'il pourrait subir d'autres avanies des tribunes si sa méforme perdurait: "Les supporteurs ne changeront jamais. Ils se laissent prendre par leurs émotions parce que dans l'absolu, ils aimeraient jouer. Je peux comprendre ça".

Steve McClaren, bras droit de Ferguson à Manchester de 1999 à 2001, a bien besoin de la protection de son mentor avec qui il a remporté le triplé de 1999 (championnat-Coupe-Ligue des Champions). Lequel ne rechigne pas.

"Mais dans quel monde vivons-nous pour croire que l'Angleterre va facilement gagner en Croatie, qui n'a pas perdu un match à domicile en 14 ans?".

Les rumeurs de limogeage de McClaren horripilent Ferguson: "Il y a eu l'habituelle réaction excessive. Certaines des choses qui ont été dites étaient offensantes", dit Ferguson qui a parlé à McClaren au lendemain de la défaite croate.

"Le plus blessant, c'est quand vous lisez des trucs (ndlr: à propos d'un limogeage), suivis de +a déclaré une source au sein de la fédération+. Je suis certain qu'il n'y a aucune source, mais c'est difficile de gérer ça".

"Steve McClaren est jeune (ndlr: 45 ans) mais il a avec lui l'expérience de Terry Venables (ndlr: son adjoint, lui-même ancien sélectionneur). Je suis certain qu'il va s'en tirer. Il a les qualités. Il faut juste le lâcher un peu".