LONDRES, Royaume-Uni - L'ancien entraîneur de soccer britannique Barry Bennell a été reconnu coupable jeudi d'une nouvelle série d'abus sexuels sur mineurs, dans le cadre d'une affaire qui continue d'ébranler le monde du football britannique. 

Barry Bennell, 64 ans, devait répondre devant un tribunal de Liverpool de 48 infractions, des agressions incluant des viols, tentatives de viols et agressions sexuelles commis sur douze garçons mineurs entre 1979 et 1991. 

Le jury, qui l'avait reconnu coupable de 36 charges mardi, a déclaré sa culpabilité pour sept accusations supplémentaires jeudi, portant le total à 43, après avoir repris sa délibération interrompue par la maladie d'un juré. Elles concernent onze garçons âgés de 8 à 15 ans. 

Le tribunal doit désormais se prononcer sur sa peine, qui devrait être connue le 19 février. 

« Barry Bennell est un pédophile prédateur qui amadouait de jeunes garçons rêvant d'une carrière professionnelle dans le football et abusait d'eux », a dénoncé la procureure Jackie Lamb dans un communiqué. 

« Je voudrais rendre hommage aux victimes qui se sont fait connaître pour témoigner contre lui et j'espère que cette issue leur donnera un peu le sentiment que justice a été rendue après tant d'années », a-t-elle ajouté. 

Plusieurs victimes ont dit avoir été abusées plus d'une centaine de fois par l'ancien entraîneur, qui agissait à son domicile, dans sa voiture ou lors de déplacements liés au soccer. 

Devant le tribunal, l'ex-joueur Chris Unsworth, 45 ans, avait ainsi raconté le 11 janvier avoir rencontré Barry Bennell lorsqu'il était venu s'entraîner avec l'équipe juniors de Manchester City, affirmant que les abus à son encontre avaient commencé « tout de suite » après que le coach eut commencé à le conduire au stade avec sa voiture.

L'ancien joueur du club de Crewe Alexandra, Andy Woodward, qui avait déclenché l'affaire à la mi-novembre 2016 en évoquant son calvaire dans les colonnes du quotidien The Guardian, s'est félicité que Barry Bennell ait été reconnu coupable.

Déjà condamné

« Je suis fier de ce que j'ai accompli, la justice a été rendue », a-t-il affirmé. « Personnellement, j'aimerais entendre des excuses de Crewe Alexandra pour ce qui est arrivé. La fédération anglaise de football s'est montrée bien silencieuse. J'espère maintenant qu'ils parleront. »

Une autre victime, Steven Walters, a dénoncé « une culture de complaisance et de dissimulation » dans le milieu du soccer. « Mes parents pensaient que j'étais en sécurité, ils faisaient confiance au club, à la direction, aux entraîneurs. Faites que cela n'arrive plus jamais », a-t-il déclaré, en larmes.

Le club de Crewe Alexandra, où Barry Bennell a travaillé entre 1985 et 1992, a publié un communiqué à l'issue de l'audience, dans lequel il adresse « sa profonde compassion » aux victimes.

« Le club a travaillé en étroite collaboration avec la police, (...) et aimerait réaffirmer qu'il n'a jamais eu connaissance d'abus sexuel de la part de M. Bennell, ou n'a reçu de plainte, avant ou pendant sa période d'emploi. »

Le club de Manchester City, actuel leader du championnat anglais, a lui aussi adressé un message d'empathie aux victimes. Dans un communiqué, il a expliqué qu'une enquête interne toujours en cours avait permis d'identifier des « allégations sérieuses d'abus sexuels sur des enfants » commis par Barry Bennell et un autre individu aujourd'hui décédé.

Par le passé, Barry Bennell avait déjà été condamné pour des délits sexuels et purgé des peines de prison.

Il avait entraîné des équipes de jeunes dans plusieurs clubs anglais dont celui de Crewe Alexandra (aujourd'hui en 4e division), Manchester City et Stoke City.

Lors de sa révélation, le scandale avait entraîné une cascade de dénonciations, notamment d'anciens internationaux racontant avoir été agressés sexuellement par un entraîneur ou un recruteur lorsqu'ils étaient enfants. 

Selon l'agence de presse Press Association, 86 plaignants supplémentaires se sont fait connaître depuis lors, accusant Bennell d'avoir abusé d'eux.