PORTO (AFP) - L'âpre bataille que Grecs et Tchèques se sont livrés pour gagner le droit de défier le Portugal, dimanche en finale de l'Euro-2004 de soccer, ne pouvait couronner qu'un improbable héros, Traianos Dellas, sorti de son ombre familière pour propulser les iens vers la lumière.

Jeudi soir à Porto, la Grèce et la République tchèque en sont à plus d'une heure trois quarts de confrontation stérile (0-0 à l'issue du temps réglementaire). En prolongation, les chevau-légers d'Europe centrale jettent leurs derniers feux. Dans le bastion grec, on sent le moment venu de faire donner la garde.

Sur un corner, les Tchèques sont cloués au sol. Habituelle tour de défense, Dellas, grognard de 28 ans, est monté au front et c'est le sien qu'il offre au ballon, qui roule au fond des filets adverses (105+1). Son premier but en 21 sélections.

L'arbitre siffle. Pas ce qui, en d'autres règlements, aurait été la mi-temps de la prolongation. La fin du match, car la formule dite du "but en argent" stipule que si une équipe prend l'avantage au cours de la première période d'une prolongation, la rencontre se termine à la pause de celle-ci.

Dellas, soldat de plomb, se mue en héros à la tête d'argent.

Destinée inattendue pour ce solide défenseur qui, de saison en saison, de Grèce à l'Italie en passant par l'Angleterre, est plus souvent sur le banc que sur le terrain.

Confiance

Après des débuts au FC Aris de Thessalonique, sa ville natale, il tente en 1997 sa chance dans le Championnat anglais avec Sheffield. Le climat de l'Angleterre du nord le déprime et, en deux saisons, il n'est titularisé que 27 fois en équipe première.

Il rentre au pays, où l'accueille l'AEK Athènes, avant de reprendre en 2001 le chemin de l'exil, vers l'Italie cette fois. Une saison grise avec Pérouse (8 titularisations) avant de passer à l'AS Rome. Sans y faire vraiment son trou. La saison passée, il n'a été que 14 fois titulaire.

Jeudi, à l'issue de la qualification grecque, il était peu à l'aise sous les feux de la rampe. Franc-tireur d'un soir, il préfère se retrancher derrière la force des armées.

"Je crois que nous avons joué très intelligemment en gelant le jeu des Tchèques. Nous avons toujours cru en nos chances et nous avons mérité ce résultat, analyse-t-il devant micros et caméras. Cette soirée appartient à tout les Grecs, ici et au pays".

Conscience et confiance encore quand il évoque la finale contre le Portugal, le pays organisateur, battu par les Grecs (2-1) en match d'ouverture à Porto le 12 juin.

"Les Portugais sont très forts. Beaucoup de choses ont changé depuis cette rencontre du premier jour. En finale, ce sera complètement différent. Ils sont meilleurs aujourd'hui mais ils vont s'apercevoir que nous aussi avons progressé", avertit-il, avant de regagner son anonymat.