LONDRES, AFP - Le soccer anglais restait mercredi sous la menace d'une grève sans précédent, après la rupture des négociations entre le syndicat des joueurs et les 92 clubs professionnels qui les emploient sur la répartition des bénéfices du nouveau contrat de retransmission télévisée.

Entré en vigueur cet été, ce contrat va rapporter 780 millions de dollars par an jusqu'en 2004 aux 20 clubs de Premier League (D1), qui négocient aussi pour le compte de la Football League (D2, D3 et D4) et ont déjà lourdement investi, par anticipation, dans les transferts et les salaires de joueurs.

L'Association des joueurs professionnels (PFA), dirigée par Gordon Taylor, se fonde sur l'accord précédent, remontant à 1996, pour demander 5% du total, soit 39 millions de dollars minimum chaque année. Ceci pour continuer sa mission d'aide aux joueurs blessés et en fin de carrière, entre autres oeuvres sociales et charitables.

"Nous proposons 75 millions de dollars sur trois ans, alors que la PFA n'a dépensé que 3 millions de dollars depuis deux ans pour aider les joueurs en difficulté. Il faut nous démontrer qu'une somme plus importante est nécessaire", a affirmé mercredi Peter Ridsdale, le président de Leeds United, sur la BBC et Sky Sports News.

"Les +joueurs de Gordon+ se trompent. Les clubs n'ont pas gardé l'argent de la télévision et c'est pour cela que beaucoup sont en déficit. Cet argent va déjà aux +joueurs de Gordon+", a ajouté M. Ridsdale, pour lancer une journée largement consacrée, avec le soutien des médias, à la position des clubs décrits comme "arrogants" par M. Taylor.

"C'est un conflit artificiel, ajoutait un peu plus tard David Burns, directeur exécutif de la Football League, car il n'y a pas de conflit entre les clubs et les joueurs. Ils touchent déjà de 82 à 95%, en D2, D3 et D4, de l'argent versé par la télévision", a-t-il précisé.

Bulldozer médiatique

"Nous admirons beaucoup le travail de la PFA, mais nous pensons que la situation a changé depuis le vote des joueurs et que l'offre globale actuelle, de 50 millions sur trois ans, est juste et équitable", a insisté Adam Crozier, le patron de la Fédération anglaise de soccer (FA). Entre fin octobre et début novembre, les 2496 adhérents de la PFA avaient voté à plus de 99% la grève des matches télévisés.

Toute la journée, la télévision et la presse écrite, qui gagnent beaucoup d'argent grâce au soccer, ont relayé la position des clubs en direction de leurs clients, les modestes supporteurs, à grands renforts de chiffres à leur donner le vertige. Un véritable bulldozer médiatique destiné à ramener la PFA et les joueurs à la raison, avant qu'il ne soit trop tard.

"Cinquante millions, c'est beaucoup d'argent", ont insisté tous les représentants des clubs, en évitant soigneusement de critiquer les comptes de la PFA, le salaire de M. Taylor ou le montant dérisoire de la cotisation annuelle versée par tous les joueurs: 113 millions de dollars.

Les joueurs sont désormais sous la menace très précise des clubs: "S'ils refusent de jouer, nous arrêterons de les payer", a indiqué le président de Leeds. Comme tous ses confrères, il peut compter sur une trentaine de joueurs professionnels, dont beaucoup, lassés d'attendre sur le banc des remplaçants, n'attendent qu'un signe pour bondir sur la pelouse. Ce sera peut-être le week-end du 1er décembre.