L’Impact de Montréal a frappé fort jeudi matin en annonçant l’embauche de Thierry Henry au poste d’entraîneur-chef. L’ancien joueur vedette succédera à Wilmer Cabrera, dont on avait confirmé le départ il y a trois semaines.

 

Pour le nouveau directeur sportif de l’Impact, Olivier Renard, il s’agit d’un coup de circuit sur presque tous les fronts. Au même titre que Didier Drogba, qui est passé avant lui dans le vestiaire de l’Impact, Henry est une légende qui se passe de présentation. Il a été un attaquant prolifique dans les championnats les plus relevés d’Europe, a gagné dans les plus grandes compétitions internationales et a su faire briller son étoile sur le marché américain à la fin de sa carrière. La plus récente mise à jour sur la suite de son parcours s’est répandue comme une trainée de poudre et a donné bonne presse à l’Impact bien au-delà des limites de son marché.

 

Pour y avoir évolué pendant près de cinq ans au crépuscule de sa carrière, Henry est bien au fait des particularités de la MLS. C’est un atout qui avait cruellement fait défaut à Rémi Garde à son arrivée dans cette ligue atypique. « Titi » n’aura pas non plus à prendre de cours pour s’adresser aux médias, et donc aux supporteurs du club, dans leur langue maternelle, quelle qu’elle soit.

 

« Nous sommes très heureux de l'arrivée de Thierry avec nous, a déclaré Renard dans le communiqué qu’a envoyé l’Impact. Jeune et dynamique, il connaît très bien la MLS et répond aux critères que nous avions établis. »

 

Ce même communiqué fait la nomenclature des fonctions qu’a occupées Henry depuis la fin de sa carrière de joueur. On apprend ainsi qu’il a été entraîneur au sein de l’académie du club anglais Arsenal, puis entraîneur-adjoint de l’équipe nationale de la Belgique, « qui trône actuellement au sommet du classement mondial de la FIFA avec des joueurs comme Eden Hazard, Romelu Lukaku, Kevin De Bruyne, Jan Vertonghen, Axel Witsel et Thibaut Courtois. » Puis on mentionne qu’Henry a accepté en octobre 2018 le poste d’entraîneur-chef de l’AS Monaco, en Ligue 1.

 

L’Impact décide de s’arrêter ici. Nous poursuivrons donc sans lui.  

 

Le passage de Henry à Monaco ne s’est pas bien passé. Toutes compétitions confondues, l’équipe n’a gagné que cinq de ses 20 matchs sous ses ordres. Il a été congédié à peine trois mois après son entrée en poste, après une défaite contre un club de deuxième division en Coupe de France.

 

Dans les jours qui ont suivi la chute de Henry, le quotidien britannique The Guardian a dressé un portrait très peu flatteur de son expérience monégasque, qualifiée de « désastre total » et « d’échec spectaculaire » dans un éditorial cosigné par les journalistes Adam White et Eric Devin. On y fait mention d’une « immaturité » trahissant son manque d’expérience, d’une « attitude impérieuse » envers ses joueurs et d’un « manque de professionnalisme à l’entraînement ». On rappelle aussi cet épisode où Henry, énervé pendant un match contre Strasbourg, s’est fait prendre à insulter un joueur adverse en traitant sa grand-mère de pute. Édifiant.

 

Thierry Henry heureux de se joindre à l'Impact

Les décisions stratégiques de Henry ont également été critiquées. « Ses tactiques ont souvent eu comme effet d’affaiblir ses joueurs », est d’avis le Guardian, qui ajoute : « C’est comme si Henry ne connaissait pas très bien les attributs de ses joueurs. »

 

Un bémol important est de mise. Monaco se battait déjà pour éviter la relégation quand Henry est arrivé aux commandes. L’entraîneur recrue a hérité d’un effectif de piètre qualité qui a de surcroît été ravagé par les blessures. « Un entraîneur n’est jamais meilleur que les joueurs qu’il a devant lui », faisait remarquer avec justesse un intervenant sur Twitter après que je me sois fait l’avocat du diable au cœur de l’euphorie collective qui semblait s’emparer de la ville.

 

Parlons donc de l’Impact. Ses attaquants ont marqué un total de sept buts en 2019. Son meilleur joueur s’est sauvé sans participer au bilan de fin de saison et l’équipe n’a toujours pas confirmé son retour. Les derniers commentaires de son deuxième meilleur buteur laissent croire qu’il préférerait jouer sur la Lune plutôt qu’à Montréal. L’un de ses joueurs les plus populaires se trouve dans une impasse contractuelle. Ses deux meilleurs défenseurs en fin de saison approchent la quarantaine. L’identité de son gardien numéro 1 est incertaine. Et dans les bureaux, le club commence à peine à se doter d’une structure digne de ce nom.

 

« Cette nomination, deux mois avant la reprise en janvier, nous permettra d'avoir le temps de construire l'équipe avec celui qui la pilotera », prend soin de noter Olivier Renard dans la missive

La légende de Thierry Henry

envoyée par l’Impact. Qu’on ait accueilli avec ferveur ou avec réserve la grande nouvelle de jour, c’est sur leurs réalisations des prochains mois, et rien d’autre, que devront être jugés le directeur sportif et son nouvel entraîneur.  

 

Thierry Henry a été un joueur formidable. Mais nous ne sommes plus en 2012 et à moins qu’on nous dise que les neuf buts qu’il a marqués dans les cinq matchs qu’il a joués contre l’Impact pourront être remis au tableau indicateur, à sa discrétion, pendant qu’il sera sur le banc de touche, on suggère d’attendre un peu avant d’épousseter un casier pour entreposer la Coupe MLS au Stade Saputo.

S’il y a une chose que les supporteurs d’IMFC devraient avoir retenu depuis toutes ces années, c’est que les coups d’éclat médiatiques produisent souvent une effervescence bien éphémère. 

LDSF : l'embauche de Thierry Henry
Top-5 : Buts de Thierry Henry dans la MLS
Une embauche qui semblait irréaliste