Confiance et méfiance sur la route de Seattle
Impact jeudi, 29 mars 2018. 14:45 mercredi, 11 déc. 2024. 23:55MONTRÉAL – Commencer la saison en mouton et la terminer en lion semble être devenu le modus operandi des Sounders de Seattle. Pour la troisième année consécutive, les doubles finalistes de la Coupe MLS ont les pieds gommés à la ligne de départ à l’approche du mois d’avril.
Investis jusqu’à tout récemment dans un parcours prometteur en Ligue des champions de la CONCACAF, les Sounders ont été blanchis à leurs premières sorties en MLS, des défaites contre l’équipe d’expansion de Los Angeles et le FC Dallas. Leur effectif est également affaibli, notamment, par les absences des attaquants Jordan Morris et Clint Dempsey.
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Pour un onze montréalais bien reposé, renforcé par l’arrivée de deux nouveaux joueurs et encouragé par sa récente victoire contre Toronto, le contexte semble idéal pour un déplacement si redouté.
« Je ne sais pas s’il existe un moment parfait pour aller à Seattle », se méfie toutefois Evan Bush, conscient des difficultés associées à une visite dans l’inhospitalier CenturyLink Field.
Il y a deux ans, les Sounders venaient de perdre leurs trois premiers matchs de la saison quand l’Impact est arrivé en ville. Ils n’ont pas perdu leur quatrième. Bush se souvient aussi de la visite des Sounders au Stade olympique, il y a un an. L’Impact semblait se diriger vers une victoire facile avant que les visiteurs ne créent l’égalité avec deux buts dans les dix dernières minutes de la partie.
« On sait que tôt ou tard, ils vont retrouver leur aplomb. On ne veut juste pas qu’ils le fassent contre nous cette semaine. Malgré les absents, ils ont encore des options de qualité en attaque et on se prépare en vue d’un match difficile parce qu’on sait que c’est exactement ce que nous attend. »
« Il suffit de regarder un peu plus profondément ce qu’ils ont fait dans le passé pour savoir que c’est une équipe très solide, une équipe qui, à domicile, est toujours très performante, a appris l’entraîneur-chef Rémi Garde dans sa préparation pour ce nouvel adversaire. Même s’ils ont un début de saison peut-être un peu plus compliqué que ce qu’ils espéraient, je sais que c’est une équipe très solide. Je n’ai pas de doute là-dessus. »
Des défis dans la préparation
L’Impact disputera un premier match en deux semaines. Après avoir décroché ses premiers points de la saison lors de l’inauguration de sa saison locale au Stade olympique, le Bleu-blanc-noir a profité d’une trêve qui lui a permis de perdre quatre joueurs pour la pause internationale sans en ressentir les effets directs. Le défi – et Garde a admis que c’en était un avant le départ de l’équipe jeudi – est maintenant de retrouver le momentum qui s’est évaporé pendant que retombait la poussière soulevée par le premier résultat positif de la saison.
« Il peut y avoir une sorte de démobilisation, reconnaît l’entraîneur. C’est un peu éparpillé, quelques-uns sont partis en équipe nationale, le week-end s’est passé sans compétition, donc il faut être vigilant. Redouter, ce n’est pas le mot, mais il y a une vigilance à avoir pour remobiliser les joueurs sur l’objectif du samedi. »
« L’intensité des séances [...] est restée le même, note toutefois le stratège. Si on avait eu un match en fin de semaine dernière, on était prêts à le faire. Il y a aussi le discours, la mobilisation par les paroles qui est importante. J’espère avoir bien fait. »
Il s’agira d’un deuxième voyage transcontinental pour l’Impact, qui avait amorcé son calendrier avec un aller-retour à Vancouver. Ces longs déplacements, inhabituels en Europe, avaient été identifiés comme un important aspect du travail d’adaptation que seraient forcés de faire Garde et ses adjoints en joignant la MLS. Les complices, avec en tête le préparateur physique Robert Duverne, continuent de faire leurs recherches et de tester leurs hypothèses pour mettre leurs joueurs dans des conditions optimales.
« On est dans le dosage des séances, cite Garde en exemple. Le fait de s’entraîner sur du synthétique est à prendre en compte, parce qu’on Europe on n’est pas habitués à ça. Robert a rencontré des gens qui sont spécialistes du sommeil. Au niveau de la nutrition, aussi, certains aliments sont à proscrire quand on veut s’endormir rapidement ou inversement, quand on est dans l’éveil. On a essayé des petites choses qu’on distille aux joueurs petit à petit, mais quand je dis ça, on n’est pas là pour tout révolutionner. J’imagine que ceux qui nous ont précédés ont essayé de le faire. On essaie simplement de comprendre en se disant que parfois, ça se joue sur des détails. On est vigilants et on s’adapte. »
« Cette année, on tente de se doter d’une mentalité qui fait abstraction de l’endroit où l’on joue, ajoute Bush. Notre façon d’attaquer les matchs devrait nous permettre d’obtenir de bons résultats n’importe où. En souhaitant qu’on récolte nos premiers points sur la route en fin de semaine. »
Le baptême de Silva et Camacho?
Les additions sont plus nombreuses que les soustractions cette semaine chez l’Impact.
Au chapitre des inquiétudes, Garde ne s’est pas montré optimiste de pouvoir compter sur la présence du défenseur Michael Petrasso et de l’attaquant Matteo Mancosu contre les Sounders. Pour remplacer ce dernier, la porte n’est pas fermée quant à une possible l’entrée en scène d’Anthony Jackson-Hamel.
Mais surtout, Garde prépare l’intégration de deux nouveaux venus fort attendus, soit le défenseur Rudy Camacho et le milieu offensif Alejandro Silva. Les deux joueurs étaient actifs jusqu’à tout récemment, le premier en Belgique et l’autre en Argentine, et se sont proclamés prêts à effectuer leurs débuts dans leur nouvel uniforme.
S’il ne semble y avoir aucune raison de douter de la disponibilité de Silva, la situation entourant Camacho est un peu plus nébuleuse. En théorie, l’Impact devait libérer ou acquérir une place de joueur international pour accueillir le Français de 27 ans, mais aucune annonce en ce sens n’a encore été communiquée. Les collègues Olivier Brett et Patrick Leduc ont abordé la question dans le plus récent enregistrement du balado « Loin de s’en foot », spéculant notamment sur l’avenir de Marco Donadel à Montréal. À suivre.
À défaut de pouvoir éclaircir la situation, Garde s’est dit satisfait de la façon dont ses deux recrues se sont fondues au groupe.
« Le meilleur moment aurait été plus tôt, mais parfois, on ne fait pas ce qu’on veut! Ce n’était pas superflu, en tout cas, de les avoir pendant ces deux semaines. Les deux ont très bien travaillé, ils se sont bien intégrés. Je suis content de voir ce qui se passe en termes d’alchimie humaine dans le groupe. Pour moi, c’est très important pour aller loin puisqu’on vit ensemble tous les jours pendant neuf ou dix mois, espérons-le. C’est important que les gens se découvrent et s’apprécient et j’ai l’impression que c’est ce qui est arrivé avec les deux derniers. »
La planification semble un peu plus complexe pour Brian Schmetzer à Seattle. En plus de Morris, qui ne jouera pas en 2018 en raison d’une blessure à un genou, et Dempsey, qui doit purger une suspension d’un match, les Sounders seront vraisemblablement privés du joueur désigné Osvaldo Alonso, dont la blessure à une jambe ne serait pas tout à fait guérie.
Nicolas Lodeiro, qui a raté les deux derniers matchs des siens, et Will Bruin, qui se remet d’une commotion cérébrale, semblent quant à eux prêts à jouer. Reste à voir ce qu’ils auront à offrir une fois sur le terrain.
Garde préfère ne pas se mêler des problèmes de son homologue. Par expérience, il sait qu’il peut être mal avisé de se réjouir du malheur des autres.
« Je sais trop bien comment ça se passe dans des groupes, a-t-il répondu lorsque questionné précisément sur l’absence de Dempsey. Bien sûr que pour l’entraîneur, c’est un casse-tête. Quand on perd un joueur important, il faut voir à l’équilibre de l’équipe. L’énergie n’est pas la même. Mais vous savez, chaque match a sa vérité. Je suis certain que l’équilibre émotionnel sera différent. Ça peut libérer d’autres joueurs. Ce n’est pas ce qui va me rassurer ou me réjouir avant le match. »