MONTRÉAL – Olivier Renard n’aurait pu être plus clair sur ce point : c’est le prochain entraîneur du CF Montréal qui devra s’adapter au club et non l’inverse.

« Avec les personnes que je vais rencontrer, j’insisterai surtout sur la continuation d’une philosophie de jeu, a déclaré le directeur sportif jeudi lors de l'annonce du départ de Thierry Henry. C’est vrai que ça aurait été beaucoup plus simple de continuer avec Thierry, il faut dire la vérité. Mais c’est à moi de trouver quelqu’un qui a les mêmes idées footballistiques. Ça va être le point majeur pour moi. »

Lorsque Rémi Garde était arrivé à Montréal pour diriger l’Impact, on avait vite eu l’impression qu’il avait les coudées franches comme peu d’entraîneurs avant lui. Non seulement on lui avait confié les clés de la maison, on l’avait aussi laissé changer les serrures.

Dans un club dénué d’une structure sérieuse, Garde en menait large. Pour combler des failles au sein de l’effectif dont il venait d’hériter, il avait attiré des vétérans d’Europe avec des offres de contrat démesurées sans égard aux contraintes dictées par les mécanismes propres à la MLS. Ses intentions étaient nobles, mais ses méthodes n’étaient pas viables.

Quand il a été congédié moins de deux ans plus tard, l’entraîneur français a laissé derrière lui une maison en désordre.

Renard a été nommé comme directeur sportif un mois après le départ de Garde. L’un de ses premiers mandats a été de lui trouver un successeur. Henry est tombé dans ses filets. Ensemble, les deux hommes ont mis quelques meubles au chemin, ont donné un bon coup de balai et se sont attaqué à la déco.

Ont-ils eu leurs prises de bec au sujet d’un choix de couleur ou du prix d’un accessoire? Sans doute. Mais jamais ils n’ont laissé l’impression que l’égo de l’un empiétait exagérément sur les grandes lignes du projet.  

Résumé du départ de Thierry Henry

Le CF Montréal se serait assurément passé du départ d’Henry. Mais la présence de Renard donne lieu de croire que le club, désormais doté d’une fondation plus solide, sortira sans trop de séquelle de cette séparation prématurée.

 « Que ce soit un entraîneur qui a connu la MLS ou pas, ça sera une personne qui va devoir rentrer dans une philosophie de club et d’effectif, a mis au clair le boss belge. Ce qui a été dessiné il y a plus d’un an maintenant avec le président, avec le propriétaire et avec Thierry... Les joueurs qui ont été recrutés l’ont été non pas par un coach, mais par un coach et par un directeur sportif. Je crois que c’est pour ça que c’est mon mode de fonctionnement : on ne sait jamais ce qui peut se passer. »

« Disons que si j’avais pris plusieurs joueurs sur lesquels je n’étais pas convaincu parce que Thierry les voulait, je serais en difficulté. Ce n’est pas le cas. Tous les joueurs qui sont venus ici ont été regardés et acceptés par Thierry, mais aussi par moi-même. »

Une fois qu'il aura son homme, Renard n'ira pas s'ingérer dans ce qui se passe entre les lignes du terrain. 

« Mais ce sera à moi de choisir la personne qui entre le mieux dans les cadres qui ont été déjà mis il y a plusieurs mois », se donne-t-il comme mission.

Vivre avec Ciman

À moins que le remplaçant d’Henry ait déjà été identifié et qu’il ait été consulté dans l’embauche de Laurent Ciman, le prochain entraîneur du CF Montréal se verra au moins imposer un adjoint.

Renard a précisé que l’ancien défenseur belge, qui a porté les couleurs de l’Impact de 2015 à 2017, avait d’abord été pressenti pour effectuer un retour sur le terrain. L’évolution du dossier l’a plus tard convaincu d’accrocher ses crampons et d’amorcer son après-carrière sur le banc de touche. Henry, affirme Renard, avait donné son accord à chacune des options.

« Le coach qui va arriver va devoir vivre avec ça », a-t-il tranché.

Renard et Ciman se connaissent bien. Ils ont tous deux des attaches au même club, le Standard de Liège, et ont été des coéquipiers au sein de l’équipe nationale belge. Le patron des opérations soccer du CF Montréal est aussi au courant du lien fort qui existe entre « Lolo » et le public montréalais. « C’était important pour moi de le ramener », assume-t-il.

« Je pense que je ne vous apprendrai rien en vous disant que l’un des points forts de Laurent, c’est son tempérament et son caractère. C’est ce que je recherchais aussi au niveau du terrain. À partir du moment où ça ne s’est pas fait, j’ai exploré la possibilité de lui offrir autre chose. »

Renard voit dans son nouvel entraîneur une personnalité forte qui saura « secouer le cocotier » lorsque la situation le commandera. « Tu dois le faire intelligemment et posément, mais il va le comprendre », croit-il.

Renard a voulu clarifier que Ciman n’arrive pas à Montréal en réaction au départ de Patrice Bernier, qui a annoncé en fin de semaine dernière qu’il délaissait ses fonctions d’entraîneur-adjoint au CF Montréal.

« On l’aurait quand même pris même si Pat restait. »