La campagne « Marquons l’histoire » entourant le parcours du Onze montréalais en Ligue des Champions n’a jamais promis que la qualité de jeu serait relevée ou que les nerfs des partisans seraient épargnés. Elle affirmait plutôt que ce parcours se retrouverait dans les annales du sport. À ce chapitre, l’Impact peut dire mission accomplie depuis un moment déjà, mais il vient d’en ajouter une couche en devenant la première équipe canadienne à atteindre la finale de cette compétition. Mardi soir, aux quatre coins du continent, des partisans étaient rivés devant leurs écrans pour vivre 90 minutes d’émotions fortes. Certains préfèrent le mot torture…

Alajuelense ambianceEn deux temps

De la première à la toute dernière minute, ce deuxième affrontement avec Alajuelense a été pénible pour les Montréalais. Les attaques en vague des Costaricains, combinées à une foule qui n’a cessé de narguer les joueurs et de lancer des objets sur le terrain, ont ébranlé l’équipe. La troupe de Frank Klopas a tenu le fort pendant une demie, mais dès la reprise elle a commencé à payer « cash » leurs erreurs en tiers défensifs.

Il n’y a toutefois pas que le match de mardi qui se soit déroulé en deux temps. Il en va de même pour l’affrontement dans son ensemble. Une série aller-retour est bien différente d’une rencontre sur une seule journée. L’équipe qui trouve le meilleur équilibre sur les deux matchs en sort généralement vainqueur. Le choix d’être plus entreprenant devant ses partisans lors de la première rencontre a fait un monde de différence pour l’Impact. L’avance de 2-0 n’était pas confortable, mais elle s’est avérée suffisante. Alajuelense y a mis le paquet à la maison, mais les visiteurs en avaient déjà assez fait pour se mettre à l’abri. Un abri qui coulait peut-être, mais un abri quand même.

Un juste milieu pour la suite

Frank Klopas est un entraîneur qui fait bien ses devoirs au sujet de ses adversaires et il a su naviguer les eaux souvent inconnues de la Ligue des Champions pour se tailler une place en finale. Une place bien méritée. Est-il toutefois raisonnable de croire que l’approche préconisée en début de saison peut être soutenue pendant toute une campagne? J’en doute.

Défensivement, Ciman, Soumare et cie doivent déjà se croire au mois de juillet tellement ils ont subi dans les dernières semaines. Il y a aussi une énorme pression sur Piatti et les autres joueurs offensifs qui doivent transformer en victoires la poignée de moments qu’ils passent dans le dernier tiers. Bien qu’efficace jusqu’à maintenant, cette approche met beaucoup de tension sur les extrémités du bloc montréalais et sera difficile à maintenir sur toute une saison.

La solution pour Klopas se trouve au milieu. Jusqu’à maintenant l’Impact a joué à deux vitesses : arrêté (devant leur propre surface) et Mach3 (en voulant se projeter vers l’avant). J’exagère légèrement, mais vous comprenez le principe. Encore hier, il n’y avait pas de liant entre l’attaque et la défense pour temporiser ou dicter le rythme de la rencontre. Avec le talent qui compose le Onze montréalais cette saison, on devrait le voir mieux exploiter la possession et moins « balancer devant » comme le disait Laurent Ciman après le match. Voilà le prochain objectif pour l’Impact qui, malgré son parcours de rêve en Ligue des Champions, n’a qu’une victoire en sept matchs en 2015.

Si vous étiez à la barre de l’équipe, quelle paire de milieux de terrain placeriez-vous devant la défense?

L'Impact marque l'histoire

Le 12e joueur

C’est un cliché, mais l’ambiance dans un stade peut avoir une influence importante sur le déroulement d’un match. La foule d’Alajuela en a fait la démonstration. Je ne parle pas des gestes déplorables qui devraient être sanctionnés par les hautes instances de la CONCACAF, mais bien de l’énergie dégagée par les 18 000 spectateurs présents. Les chants à l’unisson et les tifos ont créé une atmosphère que même Frank Klopas a saluée à la conclusion de la rencontre.

L’Impact jouera le match retour de la finale devant les siens et au rythme où les billets s’envolaient mercredi matin, ce pourrait bien être devant une salle comble. Cette troisième soirée de Ligue des Champions au Stade olympique pourrait marquer un tournant dans l’expérience de match à Montréal. Les Ultras et autres groupes de partisans organisés font déjà un excellent travail pour animer le stade, mais 60 000 personnes entonnant le même chant le 29 avril, ce serait pas mal non?

En attendant on se tourne vers Houston où l’Impact tentera de récolter sa première victoire de la saison en MLS ce samedi.