MONTRÉAL – L’indisponibilité de Zakaria Diallo, qui est sous le coup d’une suspension minimale d’une partie pour le carton rouge dont il a écopé samedi dernier à Orlando, ouvrira un œil-de-bœuf sur les méninges de Rémi Garde et permettra de mieux mesurer sa perception de la profondeur qui se trouve derrière sa paire de titulaires en défense centrale.

 

Après avoir respectivement amorcé 25 et 18 matchs en 2018, Jukka Raitala et Rudy Camacho attendent patiemment leur tour sur le banc depuis le début de la saison, Garde ayant opté pour une charnière composée de Diallo et de l’Argentin Victor Cabrera lors des trois premiers matchs de son équipe.

 

Raitala est entré en remplacement de Maxi Urruti pour aider à la protection d’une avance de deux buts à Orlando, signe potentiel du préjugé favorable de l’entraîneur à son endroit. Camacho, quant à lui, est toujours en attente de ses premières minutes de la saison.

 

« J’ai plusieurs possibilités, ce qui est déjà une bonne chose, a observé Garde mardi. J’ai des joueurs qui sont impatients de débuter dans le championnat, parce qu’ils n’ont pas pu le faire jusqu’à présent. Je vais regarder ce qui se passe sur les semaines d’entraînement. Ceci dit, j’ai confiance en ceux qui vont remplacer Zakaria parce qu’ils ne sont pas nouveaux au club. Je n’ai pas d’inquiétude. »

 

La saison dernière, les embauches tardives, les blessures, les suspensions et tous les autres aléas du sport ont contraint Garde à imaginer neuf structures différentes pour sa charnière centrale. Dans un monde idéal, le coach aurait trop de doigts sur une seule main pour compter toutes les retouches qu’il devra faire cette année.

 

« Je l’ai déjà dit, c’est un poste où j’aime la continuité. Mais je sais aussi que dans la saison, on aura de nouveau besoin de changement », entrevoit-il alors que s’impose un premier compromis.

 

Jusqu’à ce qu’une blessure ou une série de contre-performances ne viennent altérer sa vision, il faut donc s’attendre à ce que Garde reconduise dès que possible, et aussi longtemps qu’il le pourra, la paire formée de Diallo et Cabrera.

 

« Je l’ai souligné, la charnière centrale, c’est comme le poste de gardien de but, ça fait partie de la colonne vertébrale de l’équipe. Changer pour changer, ce n’est pas vraiment ce que j’ai en tête. Maintenant, je sais que ça sera peut-être difficile pour certains, et même pour moi, de laisser certains sur le banc toute la saison. Ce n’est pas mon objectif non plus. Je serais très content d’avoir des rotations qui ne feraient pas baisser le niveau de l’équipe, et ça, ce n’est pas uniquement une question de talent ou de niveau. Simplement, quand on ne joue pas beaucoup, entrer dans l’équipe et être tout de suite performant, ça peut ne pas être facile. »

 

La rigidité de Garde pourrait être particulièrement contraignante pour Camacho, qui n’a pas la polyvalence de Raitala et qui apparaît pour l’instant comme le quatrième nom dans le boulier chez les défenseurs centraux de l’Impact.

 

Okwonkwo a-t-il mêlé les cartes?

 

Un autre dilemme, celui-là dans le secteur offensif, se dessine pour Rémi Garde.

 

Pratiquement invisible dans les 45 minutes qui lui ont été accordées avant qu’il soit laissé au vestiaire il y a deux semaines à Houston, Orji Okwonkwo a répondu avec une solide performance à Orlando. Le jeune Nigérian a marqué son premier but de la saison et a offert, dans l’ensemble, une formidable performance sur l’aile droite. Il a terminé la rencontre avec au moins trois autres chances de qualité et un total de sept tirs cadrés.

 

Arrive dans l’équation Harry Novillo, qui a touché au terrain pour la première fois de la campagne après avoir soigné pendant les deux premières semaines du calendrier une blessure à une cuisse. Le Français a offert un échantillon encourageant qui, sans s’y limiter, l’a vu récolter sa première passe décisive de l’année sur le but d’assurance d’Ignacio Piatti.

 

Si Novillo apparaît pour le moment comme le choix du chef sur l’aile droite, Garde ne peut que se réjouir à l’idée de pouvoir compter sur une doublure aussi attrayante sur un banc dont il s’est plaint à maintes reprises de la piètre qualité l’an dernier.

 

Bref, où certains voient poindre un heureux problème, l’entraîneur dit ne voir que du bonheur.

 

« Ils n’ont pas du tout les mêmes qualités pour moi. On a vu qu’Orji, sur les matchs à l’extérieur comme ça, pouvait faire très mal aux défenses adverses parce qu’il peut répéter les courses en profondeur. Il est aussi capable, comme il l’a fait sur son but, de plonger et de prendre un peu de recul pour se libérer du marquage. »

 

« Harry est quelqu’un qui sera plus en capacité de garder le ballon, qui a une technique un peu différente. Il a peut-être une meilleure frappe et sera peut-être plus adroit devant le but. Tant mieux pour moi, tant mieux pour l’équipe. L’objectif, c’est que tous les joueurs comprennent qu’à un moment ou un autre, ils seront importants pour l’équipe. »