MONTRÉAL – On aura bientôt une idée beaucoup plus précise du réel état des forces dans la lutte que se livrent les trois équipes canadiennes de la MLS pour une place en finale de l’édition 2020 du championnat canadien. Mais depuis quelques jours, les perceptions ont certainement changé. 

Le 28 août, le Toronto FC quittait Montréal avec une victoire de 1-0. La performance avait été sans saveur, mais le résultat reflétait néanmoins avec justesse le rapport de force qui existait entre le géant de la Ville Reine et ses compétiteurs. Ce soir-là, les Rouges étaient retournés à la maison forts d’une 18e victoire consécutive en saison régulière. 

Calculer les probabilités de voir une autre équipe être en compétition pour l’attribution de la Coupe des Voyageurs apparaissait alors comme un exercice futile. Pour l’Impact et les Whitecaps de Vancouver, les carottes étaient cuites. Leur évolution respective au classement de la MLS devenait leur seule préoccupation logique.  

Il semble aujourd’hui que cette conclusion était un tantinet prématurée. 

En apparence invincible il y a une semaine, le TFC traîne aujourd’hui une odeur de vulnérabilité. Après avoir été battu sur son propre terrain dans son match revanche contre l’Impact, il a été surpris par les Whitecaps ce week-end sur la côte ouest. Ces deux défaites ont substantiellement modifié le portrait d’un championnat canadien qui n’est assurément plus l’affaire d’un seul club. 

Toronto est bloqué à neuf points après cinq de ses six matchs au programme. L’Impact, lui, en a accumulé six en trois parties. Les deux rivaux sont sur le point de se retrouver sur le terrain du Stade Saputo pour leur troisième et dernier duel de ce tournoi improvisé. Une victoire des locaux placerait les deux équipes à égalité à l’aube du départ de l’Impact pour Vancouver, où deux matchs l’attendent contre les négligés de Marc Dos Santos. 

« Pour nous, de notre côté, c’est comme ça qu’on les voit depuis toujours, assure Samuel Piette. Oui, on le sait que Toronto est très bon, très fort, qu’ils ont des joueurs de haute qualité. Mais ils sont très prenables, comme n’importe quelle équipe dans la Ligue. On l’a vu contre nous, on l’a vu contre Vancouver. On avait un plan de match en place et on l’a bien appliqué, ça a fonctionné et on a récolté les trois points. Maintenant, je pense que Toronto n’est pas à la même place qu’il y a une semaine. Mais il faut faire attention parce que ça peut jouer à leur avantage. »

« On m'a expliqué la rivalité »

« Avant de parler de victoire, il faut qu’on respecte leur structure au niveau défensif, approche prudemment l’entraîneur-chef Thierry Henry. Pareil au niveau offensif. Essayer de les gêner. C’est une équipe qui est difficile à manœuvrer. On fera les comptes à la fin du match et on verra bien ce qui va se passer, mais il va falloir fournir un gros match contre une très bonne équipe qui sait garder la balle et qui se te mettre sous pression. On va essayer de faire la même que chez eux en ayant peut-être même un peu plus de finition sur certaines actions. Et bien sûr, on sait que si on gage, ça sera toujours mieux qu’une défaite. »

L’Impact a montré deux visages complètement différents lors des deux plus récents affrontements entre les deux équipes. Bien en place défensivement, le onze montréalais n’a pratiquement rien généré en attaque lors de la première confrontation. Visiblement frustré par l’absence de mordant de ses troupes dans le tiers offensif, Henry avait émis le souhait de voir un groupe plus « courageux » pour le match suivant. 

Le message du coach a été entendu. En plus d’être mieux nantie grâce aux retours de Piette et Saphir Taïder au milieu de terrain, c’est une équipe clairement plus déterminée à jouer vers l’avant qui s’est présentée à Toronto quatre jours plus tard. Cet affranchissement des complexes, combiné à une solide performance du gardien Clément Diop, a permis à l’IMFC de faire un pied de nez à la logique ce soir-là. 

« Il faudra être aussi arrogant et confiant qu’eux l’ont été dans le dernier match, entrevoit Piette avec un clin d’œil à un penalty bêtement raté par Toronto. On est dans un bon état d’esprit. On sait que si on gagne demain, ça nous place en très bonne position pour remporter ce petit tournoi contre les équipes canadiennes, ce qui nous amènerait potentiellement à la finale du championnat canadien. On est à la maison, on est bien reposé alors que Toronto arrive d’un voyage à Vancouver. Je pense qu’on est bien et que demain, il faut juste y aller comme on l’a fait à Toronto. Il ne faut donc pas être passif, éviter de les laisser faire le jeu. On sait ce qu’on a à faire. Faut juste le faire demain. »

Une victoire permettrait également à l’Impact de talonner Toronto au classement de l’Association Est de la MLS. Les Montréalais (4-3-1, 13 points) sont présentement à cinq points du TFC, qui partage le deuxième rang avec l’Union de Philadelphie, et possèdent deux matchs en main sur toutes les équipes qui le devancent.