MONTRÉAL – Le spectacle n’a pas été aussi pénible que celui offert à Houston à la fin de l’éreintante séquence de six matchs en 19 jours qui avait précédé la pause de mi-saison. Reste que samedi soir, l’Impact a encore une fois été incapable de valider sa forme du moment contre un adversaire supérieur.

C’est ainsi depuis un mois. Le Bleu-blanc-noir fait ce qu’il doit faire contre ceux qui pataugent dans la même mare boueuse que lui – D.C et Philadelphie – mais est trop timide quand l’occasion se présente d’aller prendre sa place dans le spa avec des équipes de tête ou celles qu’il pourchasse directement, comme le Crew de Columbus.

« C’est une bonne équipe. À mon avis, c’est la meilleure qu’on a affrontée, estimait l’entraîneur Mauro Biello après la défaite de ses troupes contre le FC Dallas. Si on veut être parmi les meilleurs, c’est une équipe comme celle-là qu’il faut regarder jouer. »

Les Texans, c’est bien vrai, représentaient une formidable opposition. La machine conduite par l’entraîneur Oscar Pareja est bien huilée. Sa défense est hermétique, son jeu de transition fluide et ses ténors offensifs rapides comme le vent. Sa victoire en sol québécois, acquise sans le meneur de jeu Mauro Diaz et le gardien titulaire Jesse Gonzalez, lui a permis de se hisser au premier rang du classement de l’Association Ouest avec au moins un match en main sur quatre de ses cinq plus proches poursuivants.

Le fait demeure que l’Impact semble avoir pris pour habitude de bien faire paraître des équipes devant lesquelles les complexes devraient être injustifiés.

« On l’a laissé passer celle-là, a admis Patrice Bernier. Ils forment une bonne équipe, il faut leur donner ça. Ils ont des bons atouts, ils ont un bon jeu, mais je dirais qu’on leur a plus donné l’opportunité d’aller chercher trois points qu’eux nous ont déstabilisés pour aller les prendre. »

« Dallas est une très bonne équipe, a agréé le gardien Evan Bush. Ce soir, particulièrement en deuxième demie, elle était la meilleure sur le terrain. Ceci étant dit, si on les affrontait une fois par semaine, je ne crois pas qu’elle nous serait supérieure chaque fois. Ils nous ont fait payer pour nos erreurs ce soir et on n’a pas su profiter de nos chances. »

Biello a ciblé la vitesse des visiteurs comme la principale épine dans le pied de ses hommes samedi.

« Il faut être capable de jouer sous cette pression contre les équipes qui vont en appliquer. Ce soir, ils ont été très rapides pour tout fermer au milieu de terrain avec deux centraux très forts, très agressifs. Si tu ne bouges pas le ballon assez vite, ils vont le regagner. »

« Notre récupération du ballon n’était pas bonne, a ensuite ajouté Biello. Et quand tu n’as pas le ballon et que tu n’es pas capable de le récupérer, tu ne peux pas partir en contre-attaque, tu ne peux contrôler la possession. Ça a été une difficulté pour nous tandis qu’eux l’ont très bien fait avec [Carlos] Gruezo et [Victor] Ulloa. Ballou n’a jamais été dans un 1-contre-1, Salazar non plus. Ils ont fait un excellent travail pour retourner derrière le ballon. Ils étaient meilleurs que nous ce soir. »

Pour seulement la cinquième fois cette saison, l’Impact est entré au vestiaire avec l’avance. Ça, c’est la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que pour la première fois dans ces circonstances, il a été incapable de la conserver jusqu’au coup de sifflet final.

« On était dans une bonne position et on n’a simplement pas bien géré la situation en deuxième demie, a déploré Bush. Dallas, en revanche, s’est très bien comporté avec une avance de 2-1. Ils se sont repliés et marquer un autre but est devenu le dernier de leurs soucis. Ils auraient pris l’occasion de le faire si elle s’était présentée, mais ils ont surtout fait ce qu’ils devaient faire pour fermer les livres. »

Bush, qui se fait évidemment le porte-parole de tous les gardiens lorsqu’il souhaite voir ses coéquipiers traiter une avance avec un peu plus de prudence, sera peut-être déçu d’apprendre que son entraîneur ne partage pas nécessairement son avis sur la façon d’y arriver.

« C’est évident qu’on doit être meilleurs pour protéger le ballon quand on prend l’avance, a convenu Biello. Mais il ne s’agit pas de prendre l’avance et de se mettre à reculer. Il s’agit de prendre l’avance et de continuer à dicter le jeu, à suivre le plan de match et à tenter d’obtenir un deuxième but. Ça a toujours été le message, c’est ce qu’il nous faut améliorer. »

Il faudra éventuellement se mettre d’accord. Le temps file, et au classement, il pourrait bientôt n’y avoir rien d’autre que l’honneur à protéger.