MONTRÉAL – À la veille de son affrontement contre l’une des attaques de l’heure dans la MLS, l’Impact doit trouver une façon de régler ses propres problèmes offensifs.

Les Red Bulls de New York sont en feu. La formation de l’entraîneur Jesse Marsh a gagné ses cinq derniers matchs, toutes compétitions confondues, et l’a fait principalement en remplissant le filet adverse à un rythme intenable pour ses adversaires. Les Taureaux ont inscrit huit buts à leurs deux dernières sorties. Mais plus impressionnant encore : six joueurs différents ont contribué à cette production.

Une telle diversité a de quoi faire rêver l’Impact, dont la réussite dans le tiers adverse est l’affaire de trop peu de soldats depuis quelques semaines. À ses quatre derniers matchs, le Bleu-blanc-noir n’a marqué que quatre fois. Michael Salazar a un but dans trois matchs de suite. L’autre est venu du puissant pied droit de Blerim Dzemaili.

À part ça, c’est assez tranquille.

« Ça fait partie d’une saison, minimisait Mauro Biello avant le départ de son équipe pour la Grosse Pomme. Il y a des hauts et des bas pour certains joueurs. »

Le problème pour l’entraîneur de l’Impact, c’est que plusieurs de ses joueurs à vocation offensive traversent simultanément une période creuse. L’attaquant Matteo Mancosu n’a pas marqué depuis le 10 juin, une disette qui englobe maintenant six parties. Le jeune Ballou Tabla, pour sa part, n’a pas secoué les cordages depuis le 6 mai. C’était l’époque où Dominic Oduro était titulaire, vous vous en souvenez? Mais le vétéran en est un autre qui n’arrive pas à répondre aux attentes cette saison. Depuis son but qui avait permis à l’Impact d’aller voler un point un Yankee Stadium en mars, c’est le néant total.

Rien pour aider, l’Impact a récemment dû se passer de ses deux meilleurs buteurs. Ignacio Piatti a dû soigner une blessure aux adducteurs tandis qu’Anthony Jackson-Hamel a été prêté à la sélection canadienne pour le tournoi de la Gold Cup. Les deux joueurs, qui revendiquent 13 des 30 buts des leurs cette saison, pourraient se retrouver ensemble sur le terrain pour la première fois en un mois samedi soir.

« On a les joueurs! On a la qualité, on l’a prouvé dans le passé, affirme Patrice Bernier. Il faut maintenant essayer de conserver le ballon et le mettre dans les pieds de ces joueurs-là le plus régulièrement possible. Je n’ai pas vu les statistiques, mais il faudrait voir le nombre de fois que tous nos joueurs ont le ballon dans le tiers offensif. Michael est en confiance, c’est tant mieux, on peut s’en inspirer. Mais pour ce qui est des autres, il va falloir s’installer et dicter le tempo plutôt que de prendre le ballon et le garrocher vers l’avant quand on sent que la pression arrive. »

Comme cette pression s’avère justement la marque de commerce des Red Bulls, qui sont reconnus pour leur poursuite inlassable du ballon dans le territoire adverse, l’observation de Bernier prend tout son sens. Malgré toute la bonne volonté de ses piliers offensifs, les chances de voir l’attaque de l’Impact débloquer reposeront sur sa capacité à gérer la chaleur dans sa cuisine.

« Il faudra assurer une circulation de balle fluide à l’arrière et ne pas attendre d’être envahis avant de prendre nos décisions, affirme le défenseur central Kyle Fisher. Si on bouge aussi vite qu’eux, les options se multiplieront devant nous. »

« On va là pour prendre des points »

« Il faut exécuter et jouer très rapidement, approuve Bernier. Il ne faut pas essayer de s’en sortir en driblant parce que c’est une équipe qui vient avec beaucoup de joueurs. Si tu bouges le ballon, ils laissent des espaces sur le terrain, mais il faut exploiter ces espaces le plus rapidement possible. On a vu sur vidéo d’autres équipes l’exécuter avec succès. Il s’agit simplement d’exécuter balle au pied et profiter des espaces qu’ils vont nous donner, parce qu’il y en aura. »

La confiance de Mancosu

S’il insiste pour dire que les succès offensifs de l’équipe ne reposent pas sur les épaules d’un seul homme, Bernier admet avoir l’impression que Mancosu en traîne beaucoup sur les siennes. Auteur de buts cruciaux après son arrivée à Montréal l’été dernier, l’attaquant italien n’exerce pas la même influence à sa première saison complète en MLS. Non seulement n’a-t-il que trois buts à sa fiche, mais ses tirs en direction du filet sont moins fréquents et semblent décochés avec moins de mordant.Matteo Mancosu

« Dernièrement, ce n’est pas la situation idéale pour Matteo, mais on va continuer à pousser parce qu’on croit en lui. Mon travail, c’est de lui dire qu’il ne peut gagner tous les matchs par lui-même. On a confiance en lui et on sait que ça va finir par débloquer. »

Malgré son manque de production, Bernier croit que Mancosu continue d’aider l’équipe de manière plus subtile.

« Malheureusement, on justifie surtout le travail des attaquants par les buts qu’ils marquent, mais il apporte d’autres choses. Il fait beaucoup d’appels en profondeur et crée de l’espace pour Blerim devant lui ou Nacho à l’aile. Ça garde les défensives honnêtes. Même s’il n’est pas dans sa meilleure passe, les autres équipes ne veulent pas qu’il se réveille contre elles. »

« Il faut continuer à travailler fort et contrôler ce que tu peux contrôler, conseille Biello, lui-même un ancien attaquant. Des fois ça veut dire faire des courses pour ouvrir l’espace pour les autres, presser un peu plus ou aider le numéro 10. Tu fais toutes ces choses-là et à moment donné, ça peut débloquer. Un attaquant n’a qu’à être au bon endroit au bon moment pour débloquer, mais il ne faut pas trop penser au but. »

L’apprentissage de Ballou

Tabla a marqué à son tout premier départ en MLS, le 1er avril, sur un tir sublime qui aurait dû donner la victoire à l’Impact à Chicago. À son quatrième départ, il a inscrit le but vainqueur au terme d’une belle séquence individuelle contre D.C. United.Ballou Jean-Yves Tabla

Mais depuis un certain temps, la jeune recrue est moins efficace et les démonstrations de son immense talent sont moins fréquentes. Biello reconnaît que le cadet de son équipe fait l’objet d’une couverture plus serrée maintenant que son nom circule plus librement aux quatre coins de la ligue.

« C’est normal qu’il attire cette attention. Je suis sûr que Dallas avait vu la séquence où il avait déjoué quatre joueurs à lui seul contre Philadelphie! Pour nous, il s’agit maintenant de lui faire comprendre quand il doit libérer le ballon, de l’aider à reconnaître les moments où il doit trouver un coéquipier qui s’est libéré et amener ce doute chez l’adversaire. Lorsqu’il aura compris ça, il va gagner le temps et l’espace nécessaires pour connaître encore plus de succès. »

Pour Biello, les défis auxquels fait face Tabla sont les mêmes que n’importe quel autre joueur offensif.

« La même chose s’est produite avec Nacho. La ligue a appris à le connaître à sa première saison et l’année suivante, on essayait de réduire son espace. Mais Nacho a été capable de reconnaître ces moments, de se libérer et de continuer à chercher l’espace dont il a besoin. »