La pire équipe de la MLS était sur le terrain du Stade Saputo samedi soir. Son identité demeure toutefois libre à l’interprétation.

 

Sur papier, ce n’était même pas proche. Le FC Cincinnati était arrivé à Montréal avec seulement 18 points, confortablement installé dans la cave du classement général. Il avait concédé 72 buts, de loin le pire rendement défensif de la ligue, et n’avait jusque-là que cinq victoires à sa fiche. Il avait perdu ses quatre matchs précédents par un pointage combiné de 15-4. Une risée, bref.

 

Mais il y a déjà un bon moment que l’Impact n’est bon que sur papier. Il l’a prouvé encore une fois en étant blanchi dans un deuxième match de suite, à domicile de surcroît, cette fois par la marque de 1-0.

 

Le onze montréalais a concédé dès la 29e seconde du match quand un tir partiellement bloqué par Samuel Piette s’est retrouvé sur le pied d’Allan Cruz, seul devant le gardien Evan Bush. Pour un troisième match consécutif, l’Impact encaissait le premier but.

 

« C’est hyper chanceux, déplorait Piette après le match. Je regarde les buts qu’on a accordés récemment, ce n’est pas qu’on se fait dominer et qu’on est tout désorganisé. Sur le moment de la frappe, je me suis demandé si je mettais mon pied et je me suis dit que si je ne le mettais pas, il y avait de grandes chances que ça rentre. J’ai mis le pied, j’étais sûr que j’avais bloqué le tir et ça arrive directement dans les pieds du joueur... »  

 

 « J’avais dit aux gars qu’il fallait se méfier de Cincinnati, parce que cette équipe n’avait rien à perdre, se désolait l’entraîneur-chef Wilmer Cabrera. On courait un risque si on n’était pas prudent et après 30 secondes, on pouvait sentir que tout venait de changer pour nous. J’ai senti une grosse pression s’ajouter sur les épaules des joueurs. On ne s’attendait pas à ce scénario. »

 

La suite : 17 tirs dirigés vers le filet adverse, mais un seul cadré. Le gardien Przemyslaw Tyton a été sublime pour stopper une volée de Maxi Urruti à la 40e minute. C’est le seul arrêt qu’il a dû faire pour conserver l’avance des visiteurs, qui n’avaient pas blanchi l’adversaire depuis le 24 mars.

 

Voilà ce qu’auront donné les deux semaines de préparation dont Cabrera aura bénéficié pour instaurer ses idées.

 

« Ça n’a pas d’importance quelles sont vos idées quand vous encaissez un but dans les 30 premières secondes du match, a soulevé Evan Bush. C’est la réalité. Cincinnati allait chercher à contre-attaquer et à profiter des phases arrêtées. En leur donnant une avance aussi tôt dans le match, on leur a fait le plus beau des cadeaux. On parle ici de la pire défense de la ligue, peut-être même de l’histoire de la ligue. On a eu des chances, mais rien de réellement menaçant à mon avis. Mais je ne sais pas... je ne suis peut-être pas le meilleur gars pour répondre à des questions sur nos idées offensives. »

 

« On essaie de trouver des solutions, s’est défendu le coach. On pratique, on est agressif, mais on n’exécute pas. J’en prends la responsabilité. Je dois trouver une façon de donner à mes joueurs la confiance nécessaire pour marquer des buts. »

 

C’est la deuxième fois de la saison que l’Impact s’incline contre la triste équipe d’expansion du circuit Garber. Six points qui coûteront cher au moment de faire le bilan comptable à la conclusion de la saison.

 

Autre réalité qui ne pardonne pas : l’Impact a maintenant échappé plus de matchs (8) qu’il n’en a gagné (7) à domicile, qui devait être un eldorado après un début de calendrier passé majoritairement à l’étranger.

 

L’Impact pouvait pourtant compter sur le retour au jeu de son joueur étoile Ignacio Piatti, qui était titularisé pour la première fois depuis le 3 août. Mais l’Argentin n’a pas pesé sur la rencontre comme il en a fait son habitude. Il est passé près à quelques reprises sans pouvoir faire de magie, terminant la rencontre avec quatre tirs hors-cible.  

 

Autre fait à noter concernant la composition de l’effectif : non seulement le défenseur Rod Fanni n’était pas de la formation partante, mais il n’était même pas au nombre des joueurs en uniforme. Comme on l’avait vu à l’entraînement, Jukka Raitala et Rudy Camacho formaient la charnière centrale de l’Impact.

 

La descente aux enfers se poursuit

La défaite coince l’Impact au huitième rang du classement de l’Association Est. Son retard sur le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, qui a perdu une avance de deux buts pour se contenter d’un nul à Orlando, est maintenant de trois points. Le Revolution a aussi l’avantage d’avoir un match en main sur l’Impact.

 

Les Revs pourraient bien être la seule équipe encore à la portée de l’Impact à la fin du week-end. Les Red Bulls de New York, D.C. United et Toronto FC seront tous en action dimanche avec la chance de se distancer de la ligne rouge.

 

« Il fallait gagner ce match-là pour garder espoir de faire les séries, constatait Piette. Mathématiquement, ce n’est pas impossible, mais ça va être très difficile. Mais il reste mercredi. C’est une finale. Ce n’est pas rien non plus. »

 

L’Impact jouera effectivement son prochain match mercredi alors qu’il disputera la première manche de la finale du Championnat canadien à ses rivaux torontois. Aussi mince soit-elle, c’est probablement la seule chance qu’aura le Bleu-blanc-noir de gagner quoi que ce soit cette saison. ​