Selon Kevin Gilmore, l’Impact n’était pas prêt à capitaliser sur le passage de Didier Drogba en 2015-2016.

 

Je partage son opinion.

 

Le club a maintenant une deuxième chance au crédit. Reste à savoir s’il a assez évolué pour saisir cette nouvelle opportunité d’accueillir une légende vivante au Stade Saputo.

 

Coup d’éclat

 

En une matinée, l’Impact est passé de l’indifférence dans le paysage médiatique à la Une des quotidiens montréalais. Ton coach et Barack Obama sur la même page frontispice, ça se prend bien.

 

D’un point de vue marketing, aucun doute que le bleu-blanc-noir frappe un grand coup. Un homme qui a soulevé les trophées de la Coupe du Monde, l’Euro, la Ligue des Champions et la Premier League a tout pour attirer les projecteurs sur le club qui l’embauche.

 

Bon entraîneur?

 

Depuis l’annonce de jeudi, on me demande de comparer les qualités d’entraîneur de Rémi Garde à celles de Thierry Henry.

 

J’en suis incapable.

 

Je doute d’ailleurs qu’il existe une personne sur la planète qui puisse vraiment nous parler d’Henry le coach. Un passage de deux ans comme adjoint avec la Belgique et un règne de trois mois à Monaco sont insuffisants pour juger.

 

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Sait-il diriger un groupe? Son style de coaching est-il inspiré de sa carrière de joueur ou est-il plus conservateur? Peut-il bien vivre avec les questions des médias de semaine en semaine?

 

Pour l’aider à s’installer, l’Impact devra mieux recruter et continuer à tirer la gâchette lorsque le bon joueur se trouvera sur sa route.

 

En 2018, lorsqu’est venu le moment d’allonger 150 000 $ ou 200 000 $ de plus pour mettre Jimmy Briand sous contrat, le club a reculé. À quoi bon payer des sommes aussi imposantes pour un entraîneur si c’est pour faire des économies de bout de chandelle lorsque vient le temps de lui fournir ses outils de travail?

 

Mauro Biello gagnait entre cinq et dix fois mois que Rémi Garde ou Thierry Henry, mais il avait Didier Drogba et Nacho Piatti. Sous sa gouverne, l’Impact a fait les séries deux fois de suite.

 

Morale de l’histoire? Une star à la barre de l’équipe c’est bien. Des stars sur le terrain, c’est mieux.

 

En ce sens, le bleu-blanc-noir a fait un pas dans la bonne direction en mettant Bojan sous contrat l’été dernier.

 

Modus operandi

 

Selon Kevin Gilmore, Thierry Henry aurait lui-même tendu une perche à l’Impact pour signaler son intérêt. Il serait aussi le seul candidat à qui le club aurait parlé.

 

La motivation intrinsèque du Français est une très bonne nouvelle. Ce n’est pas un entraîneur à qui on tort un bras pour venir entraîner en MLS.

 

Ceci dit, l’Impact suit un modus operandi qui ne lui a pas particulièrement sourit au fil des ans.

 

En 2014, Adam Braz était embauché comme directeur technique après un seul coup de fil passé par l’Impact. Plus récemment, quelques heures ont suffit pour choisir Wilmer Cabrera comme remplaçant de Rémi Garde.

 

Henry a clairement le potentiel pour faire de belles choses à Montréal. Espérons tout de même que son statu légendaire n’ait pas pris le dessus sur la rigueur nécessaire pour une pareille embauche?

 

Le cadre

 

Lorsque Rémi Garde a remplacé Mauro Biello en 2017, on parlait aussi de crédibilité accrue et de l’arrivée potentielle de joueurs de renoms chez l’Impact.

 

Un disque rengaine? Pas tout à fait.

 

Lorsque Garde est débarqué en ville, Kevin Gilmore et Olivier Renard n’étaient pas dans le portrait. On lui a donné les clés de la maison en espérant qu’il sache corriger tous les travers de l’Impact. Une mission impossible pour un seul homme. Surtout si sa tâche première est de mener les troupes sur le terrain.

 

Il y a maintenant deux « étages » entre le coach et le propriétaire. Pour la première fois en 5 ans, il y a un directeur sportif à bord pour encadrer l’entraîneur et remettre en question ses décisions de temps à autres.

 

Aussi légendaire soit-il, le succès de l’Impact ne repose pas sur les épaules de Thierry Henry. Ce n’est pas à lui d’établir la vision du club, un plan de communication ou un réseau de recrutement pour gagner des matchs et remplir le stade.

 

Le succès du club repose plutôt sur la structure que Joey Saputo a mise en place au cours de la dernière année. S’il fait confiance au personnel de son nouvel organigramme et le laisse travailler, je crois que les supporters de l’Impact sont en droit de rêver.

 

En revanche, si le propriétaire descend dans le vestiaire à la première embûche en 2020, ce sera un inquiétant sentiment de déjà vu.