MONTRÉAL – Le départ d’Evan Bush, annoncé en primeur par Thierry Henry après la défaite de l’Impact dimanche soir et confirmé par le club lundi, est-il le simple résultat d’un concours de circonstances ou plutôt le premier d’une série de gestes qui pourraient être posés dans les prochaines semaines afin d’assainir les finances du club? 

Le directeur sportif Olivier Renard est catégorique sur un point : il ne marchandait pas activement les services du vétéran gardien de but lorsque la possibilité de l’envoyer aux Whitecaps de Vancouver s’est présentée dans les derniers jours. Un besoin s’est créé au sein d’une équipe rivale, le téléphone a sonné, la possibilité d’un troc a été relayée au personnel d’entraîneurs, puis le feu vert s’est allumé. 

« On a nos propres idées aussi, on essaie d’anticiper si jamais un club venait à nous appeler pour tel ou tel joueur, quelle serait notre réaction. Si on ne le faisait pas, ça serait une faute professionnelle. Donc on avait déjà notre idée un peu si un club appelait pour Evan Bush », a expliqué Renard en visioconférence quelques heures après l’annonce de la transaction. 

Dans ce cas précis, il est évident que le retour ne pesait pas très lourd dans la balance. Pour les services du vétéran de 34 ans relégué depuis cette saison au rôle de réserviste, l’Impact n’a obtenu qu’un choix de troisième ronde au repêchage annuel de la MLS. Le casier de Bush restera vide longtemps si on décide de le réserver au joueur qui sera sélectionné avec ce droit de parole. 

Non, pour l’Impact, le gain réalisé en est clairement un d’ordre financier. Selon les plus récentes données publiées par l’Association des joueurs de la MLS, Bush a touché un salaire de base de 230 000$ en 2019, première saison d’un contrat qui le liait à l’équipe montréalaise jusqu’en 2021. C’est donc un montant d’argent considérable que Renard a su effacer des livres comptables en vue de la prochaine saison.

Maintenant, si l’envie lui prenait de continuer son ménage automnal, il n’aurait aucune difficulté à trouver des candidats offrant un ratio « rendement/salaire » s’apparentant à ce que Bush pouvait offrir sur le banc depuis le début de l’année. Renard est encore pris avec plusieurs problèmes qui lui ont été légués par ses prédécesseurs et devra rester à l’affût des ouvertures que pourrait lui offrir le marché d’ici la fermeture de l’actuelle fenêtre de transferts, exceptionnellement ouverte jusqu’au 29 octobre cette saison en MLS. 

« Oui, ce sont des possibilités qu’on va toujours regarder, bien évidemment. Ici, Vancouver était à la recherche par rapport à un problème qu’il y avait chez eux. Nous, on avait trop de gardiens sous contrat et on connaissait la valeur de celui d’Evan pour la saison 2021. Dans l’autre sens, ça peut se passer comme ça aussi. On peut très bien avoir des besoins et certaines équipes vouloir se séparer de certains joueurs de chez eux. Évidemment, on est alerte à tout ce qui pourrait se passer, en in comme en out. » 

Besoin de qualité

Parce qu’au-delà des contrats qu’il serait bon de délester, il ne faut pas perdre de vue que l’Impact a aussi un criant besoin de qualité au sein de son effectif. Les résultats des dernières semaines ont démontré que le onze montréalais compte sur un noyau intéressant capable de fournir de bons résultats lorsque les dispositions sont favorables, mais qu’il n’a pas les éléments pour répondre à une trop forte dose d’adversité, surtout dans le contexte hautement inhabituel qui colore sa saison 2020. 

Thierry Henry, en tout cas, ne démontre pas une grande confiance envers son personnel de soutien. Au cours de la séquence englobant les quatre derniers matchs de son équipe, quatre défaites subies par un pointage combiné de 14-4, l’entraîneur-chef n’a utilisé que la moitié des 20 substitutions à sa disposition. Dans deux de ces cas, le changement a été motivé par une blessure sur le terrain. Le coach, malgré une fatigue accumulée évidente au sein de ses troupes, continue d’ignorer son banc pour aller y chercher un peu de fraîcheur. 

« On connait les points faibles et les points forts de cette équipe depuis un an, a répondu Renard lorsqu’on lui a demandé son évaluation de la profondeur de l’effectif. Le but est de se renforcer petit à petit et pour les années prochaines. On connaissait la problématique de certains dossiers et on n’est pas surpris de certaines situations, mais on n’essaie pas de tout changer du jour au lendemain, Thierry et moi. On essaie d’avancer. »

Renard impute aussi à l’indiscipline (les suspensions de Camacho et Quioto) et à la malchance (les blessures à Okwonkwo et Ballou) les insuccès récents de l’équipe. Il dit souhaiter voir un groupe se souder dans la tourmente lorsqu’il reprendra le collier le 3 octobre. 

« Pour le moment, on sait qu’on travaille avec un effectif réduit et ça se voit surtout au niveau offensif, même si je sais qu’on prend beaucoup de but présentement. Il y a beaucoup de situations qui sont contre nous présentement et c’est dans les situations difficiles que normalement on doit voir un groupe qui se réveille et se rebelle. Je pense que c’est important pour ça aussi dans les prochains jours. »

« On se doit de tout faire pour participer aux séries, a ajouté Renard au milieu de son point de presse. Même si la série est négative pour l’instant, nous sommes toujours en lice pour participer aux séries et on doit continuer comme ça. »