MONTRÉAL – Pour le moment, ils ne peuvent pas déroger de leur premier objectif, celui de confirmer leur billet éliminatoire, mais les membres de l’Impact de Montréal possèdent maintenant dans leur mire le quatrième rang de l’Association Est.

Pour reprendre les propos du collègue Patrick Leduc à la suite du convaincant triomphe de 2-0 contre le D.C. United, le club montréalais a le vent dans les voiles. Classé au sixième échelon, l'Impact se retrouve à un seul point derrière le Toronto FC et trois points derrière le D.C. United. De plus, l'accès aux séries serait confirmé avec un gain contre Orlando samedi et une incapacité du New York City FC de l'emporter vendredi.

La température automnale pourrait pousser l’embarcation bleu-blanc-noir vers les plus beaux horizons, mais le chemin ne s’annonce pas de tout repos avec la séquence de quatre parties à l’étranger. Il y a seulement quelques semaines, cette portion du calendrier faisait craindre le pire même parmi les partisans les plus optimistes.

Cependant, avec l’épopée entamée par Didier Drogba – qui file le parfait bonheur avec son nouveau club – et l’arrivée de Mauro Biello aux commandes de l’effectif, le périple sur les terrains sur du Orlando City, des Red Bulls, des Rapids et du Revolution n’est plus autant effrayant.

Cela dit, les responsabilités internationales viendront encore priver l’Impact de certains membres d’importance comme Laurent Ciman, Johan Venegas, Kyle Bekker et possiblement Ambroise Oyongo ainsi que Maxim Tissot.

Mais Biello a déjà prouvé qu’il pouvait jongler avec succès avec son effectif et il ne se dit pas trop inquiété par la situation même si cette réalité vient compliquer son boulot. À vrai dire, l’entraîneur se concentre sur le fait que ces joueurs seront disponibles samedi à Orlando et surtout qu’aucun joueur en santé ne sera suspendu pour cette rencontre.

« C’est bien d’avoir tous les éléments en santé à notre disposition », a reconnu Biello après un grand sourire.

En plus de ne pas répliquer, les représentants de l’Impact doivent apprendre à un peu moins décrier les décisions des arbitres.

« J’ai justement dit aux joueurs que je n’ai jamais vu un arbitre changer sa décision dans un match. Quand il tranche, il faut continuer de jouer, c’est notre responsabilité parce que ça peut empirer les choses de se plaindre. Comme joueurs professionnels, ils doivent accepter cette réalité. Ce sera à eux de répondre en ayant la bonne concentration mentale quand c’est nécessaire », a convenu l’expérimenté Biello.

« Moi, je ne rouspète pas, je suis seulement déçu quand ça arrive (un carton à son endroit). Je vais essayer de ne pas faire de fautes pendant le match en respectant les règles posées par l’arbitre si on peut dire cela ainsi », a répondu Ciman, qui croit que ce chapeau ne lui fait pas, et qui craint une autre suspension.

Mais le sujet des cartons a déjà retenu l’attention dans l’entourage de l’équipe et cette émotion n’est pas si négative à en juger par les résultats obtenus. L’intensité déployée a notamment permis à des joueurs de redorer leur blason comme Nigel Reo-Coker.

« Nigel possède certaines qualités, il voulait jouer et il souhaitait recevoir cette confiance. J’ai eu des conversations avec lui, je lui ai rappelé qu’il ne faut pas trop penser aux choses que tu ne peux pas contrôler. Avec le contexte actuel, l’arrivée de Didier et la chance de se reprendre, il a sauté sur l’occasion et il traverse une bonne séquence », a exprimé Biello vantant l’énergie venant du milieu de terrain anglais.

Tout indique que la contribution de Reo-Coker sera encore nécessaire contre la troupe de Kaka et Cyle Larin puisque la présence d’Ignacio Piatti au prochain match serait étonnante. L’autre aspect à surveiller est lié à la surface synthétique du Orlando Citrus Bowl. Afin de déterminer si Drogba et d’autres joueurs peuvent compléter une partie sur un terrain de ce type, l’Impact s’entraînera sur ses espaces artificiels jeudi.

Les trois petits vieux font le boulot !

L’image venait de Reo-Coker lui-même. Le numéro 14 a apprécié les résultats découlant d’un schéma de 4-1-4-1 rarement utilisé par l’Impact lors du dernier match. Par-dessus le marché, la prestation inspirée a été accompli avec trois « vieillards » de 36 ans (Patrice Bernier), 32 ans (Marco Donadel) et 31 ans (lui-même) au cœur de ce système.

« J’ai trouvé que ça fonctionnait bien, on a été très solide défensivement pour pousser ensuite vers l’attaque. Plusieurs personnes étaient étonnées de voir trois vieux joueurs qui se déplacent pratiquement avec une marchette en milieu de terrain, mais je trouve qu’on s’est bien débrouillé », a réagi Reo-Coker avec humour.

« On se complète bien, on comprend bien ce sport avec notre expérience. »

Cette variation proposée par Biello pourrait revenir éventuellement, mais elle s’annoncerait plus périlleuse à l’étranger où la défense prime.

« Ça donne plus de possibilités vers l’avant si bien que j’aime cette approche, mais on pourrait opter pour une stratégie différente à l’étranger », a analysé Ciman sans connaître les plans de Biello.

Peu importe le schéma qui sera sélectionné, un réalisme défensif contre un adversaire qui a gagné ses trois plus récents matchs par un total de 9 à 3 au chapitre des buts.

« J’ai vu que c’était à notre portée (le billet éliminatoire), mais le plus important demeure qu’Orlando est un opposant direct et on doit leur prouver qu’ils ne vont pas nous rattraper. Il ne faut vraiment pas perdre contre cette équipe, ce sera notre objectif », a exprimé Wandrille Lefèvre qui a osé prétendre que Kaka n’était pas le joueur le plus difficile à contrer puisqu’il est moins physique.

Lefèvre voudra donc prouver son affirmation pour permettre à son copain Drogba de retenir l’attention s’il est envoyé dans la mêlée.

Ça devient difficile à croire, mais l’Ivoirien a reçu des fleurs pour une autre raison mercredi et c’est venu de la bouche de Reo-Coker avec lequel il a développé une relation intéressante. Didier Drogba et ses coéquipiers

« C’est surtout un respect mutuel, ça ne s’achète pas, on s’est souvent affronté en Angleterre. Tout le mérite lui revient parce qu’il voulait faire partie du groupe dès son arrivée. Il contribue au plaisir, il communique avec tous les joueurs. Il n’est pas débarqué avec une attitude de vedette », a-t-il louangé.

Si cette harmonie se poursuit aussi sur le terrain, l’Impact pourrait continuer sa lancée ayant mené à deux matchs nuls depuis deux sorties à l’étranger. Des points accumulés loin du Stade Saputo contribueraient à la montée recherchée au classement.

« On veut solidifier notre présence en séries le plus rapidement possiblement et on pourra ensuite se concentrer sur d’autres objectifs au classement », a rappelé Biello.

La prudence est de mise pour l’entraîneur, mais ses protégés ne veulent pas cacher la confiance qui déborde de leurs installations.

« On croit qu’on peut gagner tous les matchs et c’est l’attitude nécessaire dans un vestiaire qui peut aspirer à un championnat », a conclu Reo-Coker.