MONTRÉAL – À la fin d’une allocution d’à peine une minute, jeudi midi, le président du CF Montréal Kevin Gilmore avait déjà prononcé trois fois le mot « difficile ». Pour cause : à onze jours de l’ouverture du camp d’entraînement, son club a perdu non seulement l’entraîneur-chef de son équipe première, mais aussi son plus grand ambassadeur.

Thierry Henry ne sera pas de retour en 2021. Gilmore et son directeur sportif Olivier Renard l’ont confirmé 90 minutes après que le club eut largué la bombe sur les réseaux sociaux.

Henry quitte pour des raisons familiales. Selon ses anciens patrons, l’entraîneur français était rentré au Québec à la fin janvier afin de préparer sa deuxième saison en MLS. Mais il y a deux semaines, il a demandé la permission de rentrer chez lui, à Londres, afin de régler des problèmes d’ordre personnel.

« Je l’ai laissé réfléchir, a raconté Renard. Il m’a recontacté jeudi dernier, le 18. Là, j’ai senti que la situation était plus négative que positive. »

Henry a finalement rendu sa décision finale le lundi suivant. Renard et Gilmore savaient donc depuis trois jours que leur entraîneur vedette ne reviendrait pas lorsqu’ils ont commenté le dossier pour la première fois. Par respect pour son ancien allié, et pour éviter de potentielles fuites dans les médias, Renard dit n’avoir encore amorcé aucune démarche afin de trouver un éventuel remplaçant.

« Évidemment, comme quand les gens vont faire des courses, tu prends un papier et tu écris ce dont tu as besoin. J’ai commencé à réfléchir sur plusieurs profils différents, mais je n’ai contacté personne. Je n’ai répondu à aucun agent par rapport au bruit qu’il y avait déjà sur les clubs anglais et je n’ai parlé avec aucun coach. Ça va se faire à partir de maintenant. »

Renard a précisé que ce dénouement n’était en rien lié aux récentes rumeurs qui ont associé Henry au club de deuxième division anglaise de Bournemouth.

Le parcours de Thierry Henry à Montréal résumé

« Je sais qu’entre-temps, il y a eu beaucoup de bruit sur d’autres clubs européens, notamment anglais. Je peux vous assurer qu’il y a eu beaucoup de bla-bla pour rien. Nous, personnellement, on n’a jamais parlé avec un club et Thierry me confirmait que lui non plus ne parlait pas avec un autre club. »

« Bournemouth n’était rien d’autre qu’une rumeur, a plus tard insisté Gilmore. C’est quelque chose qui est sorti de nulle part. »

Le président a toutefois admis que cet épisode l’avait incité à négocier une certaine forme de compensation pour le CF Montréal, « dans certaines conditions spécifiques », si Henry devait se trouver du boulot ailleurs.

Pas d’urgence

Doyen de ce qu’il reste du personnel d’entraîneurs – Patrice Bernier avait déjà annoncé son départ en fin de semaine dernière - Wilfried Nancy « va certainement prendre les choses en main pour maintenant », a statué Renard. Ce dernier n’a pas voulu s’avancer sur le sort qui attend Kwame Ampadu, un adjoint qu’Henry avait amené avec lui lors de son embauche.

Laurent Ciman, dont l’embauche dans le rôle d’entraîneur-adjoint a été annoncée mercredi, ne sera pas un candidat à la succession d’Henry, a tenu à spécifier Renard.

Au moment d’annoncer l’arrivée de Thierry Henry à Montréal, en novembre 2019, Kevin Gilmore avait admis que son directeur sportif et lui n’avaient rencontré aucun autre candidat à partir du moment où l’intérêt d’Henry pour le poste leur avait été communiqué. Renard n’a pas écarté la possibilité qu’un candidat vedette puisse de nouveau s’imposer et ainsi raccourcir ses recherches. Mais sa liste de remplaçants potentiels semble pour l’instant garnie et son téléphone, maintient-il, ne dérougit pas.  

Thierry Henry quitte Montréal le coeur lourd

« Personnellement, je regarde beaucoup de matchs, je prends des notes sur des joueurs, et quand tu regardes beaucoup de matchs, tu as toujours des entraîneurs dont tu vois la mainmise sur leur équipe. Effectivement, il y a plusieurs personnes qui sont dans ma tête. Après, il y a beaucoup de démarches à faire. Si des entraîneurs sont sous contrat, il faut entrer en contact avec les clubs et ça sera fait dans les règles de l’art. On verra dans les prochaines heures comment je vais déployer certaines situations. »

S’il ne se voit pas « attendre des semaines avant de prendre une décision », Renard ne ressent pas non plus l’urgence d’agir qui semble faire consensus parmi le public.

« Je vais prendre le temps de choisir la meilleure personne possible. Je sais qu’il y a beaucoup [de bruit comme quoi] c’est scandaleux, le système de stage va bientôt commencer. Mais moi, je vois ça différemment. Si tu dois te séparer d’un entraîneur pendant la saison, ça veut dire que les résultats sont mauvais et donc que dans le club, il y a déjà un petit peu le feu. Ici, ce n’est pas ça. »

« Notre premier match important est dans sept semaines, a-t-il rappelé. Je ne suis pas en train de dire qu’on va attendre sept semaines avant de présenter un nouvel entraîneur, pas du tout. Mais il y a des situations pires que celle dans laquelle nous nous trouvons maintenant. »