MONTRÉAL – Peu importe l’interprétation qu’on puisse faire des récents insuccès de l’Impact, une conclusion semble évidente et appropriée : les responsables sont multiples et le blâme ne devrait pas être attribué à un ou deux fautifs.

Les nombreuses blessures qui sont venues ébranler la stabilité de l’effectif et affecter cette fameuse cohésion dont on se tue à déplorer l’absence depuis un mois sont un casse-tête qui n’est pas exclusif au onze montréalais. Au-delà de cette réalité regrettable, plusieurs individualités doivent se regarder dans le miroir et admettre que leur jeu nécessite quelques réglages.

« Il faut avouer que le standard qu’on a présenté au début de la saison était plus élevé que ça », a convenu Patrice Bernier, qui a déjà fait son propre examen de conscience. Le vétéran a donné l’exemple lundi en admettant que le niveau de son rendement était insatisfaisant.

« C’est sûr que ce n’est pas où je veux. Dans ma tête, je savais que ça prendrait les matchs que ça a pris. Mais là, il faut que ça monte », a confessé le numéro 8, qui a raté les trois premiers matchs de la saison en raison d’une blessure aux muscles ischio-jambiers et qui a obtenu son premier départ un mois et demi après le début de la campagne.

« Je sais que le standard peut être plus élevé. Je me sens bien et je sens que ça va débloquer, mais il faut que ça débloque vite, reconnaît Bernier sans se défiler. Et il faut que ça résulte en des performances dont les autres pourront soutirer de l’énergie et que le groupe puisse ainsi aller vers l’avant. »

Si les bonnes résolutions du capitaine se matérialisent, le premier bénéficiaire pourrait être Harry Shipp, son voisin de droite dans le plus récent XI partant de Mauro Biello. Arrivé par le biais d’une transaction au beau milieu du camp d’entraînement, Shipp a rapidement développé une chimie rafraîchissante avec ses nouveaux coéquipiers. Sa créativité et sa vision comblaient un besoin immédiat chez l’Impact et les premiers aperçus de son potentiel s’étaient avérés forts prometteurs.

Mais pour une raison qu’il peine lui-même à verbaliser, Shipp n’est plus aussi décisif depuis quelque temps. Son temps de réaction semble plus lent, ses décisions approximatives. Rien à voir, présentement, avec le distributeur ingénieux qu’on peinait à croire que le Fire de Chicago avait pu laisser partir en février.

Des standards plus hauts chez l'Impact

« J’essaie de trouver des solutions, de retrouver mon niveau de confort sur le terrain, assure Shipp. Avant le début de la saison, tout était facile, j’avais de bonnes sensations. Maintenant, l’idée est de trouver une façon de retourner au jeu simple et de faire circuler le ballon. Présentement, je m’inclus dans un groupe de milieux de terrain et de joueurs offensifs qui peinent à ralentir la cadence du jeu et à trouver le bon rythme pendant certaines portions des matchs. C’est difficile de bâtir sa confiance et de se sentir investi dans un match quand on ne peut trouver ce rythme et c’est quelque chose qui nous manque dernièrement. »

Les échos de l'entraînement de l'Impact

« C’est vrai que Harry ne traverse pas ses meilleurs moments de l’année, mais il est un joueur de qualité qui a une certaine expérience dans cette ligue. Il doit simplement retrouver sa confiance, corrobore Biello. C’est un gars qui veut apprendre, qui est toujours concentré. Présentement, il a un manque de rythme, mais ce n’est pas juste lui. »

L’absence d’Alexander fait mal

Eric Alexander est un joueur qui effectue son travail avec une inefficacité discrète, un habitué de l’ombre dont l’absence se fait cruellement sentir chez l’Impact. Le milieu de terrain américain, qui connaissait un solide début de saison avant de se blesser au dos, possède le profil du parfait temporisateur qui serait le bienvenu présentement pour calmer les troupes et les diriger adéquatement dans les moments d’empressement trop fréquents déplorés par l’entraîneur.

« Il était peut-être notre meilleur joueur en présaison et il avait amené ça avec lui dans les premiers matchs, acquiesce Biello. Pas seulement avec le ballon, mais dans la façon dont il pouvait couvrir l’espace, il faisait exactement ce qu’on attendait de lui. Ça a porté fruits pour nous et pour lui. Malheureusement, on a dû faire quelques changements et le rythme n’est plus le même. »

Biello veut une équipe patiente et responsable. Ses commentaires d’après-match après le nul concédé à l’Union de Philadelphie samedi résumaient clairement cette facette de sa philosophie. « Accélérer le jeu, ça ne veut pas dire qu’on doit lancer tout le monde vers l’avant et ne pas être équilibrés. […] On va en attaque, mais on laisse des trous en milieu de terrain et ce soir, ça nous a mis en difficulté. »

Mais ici aussi, la responsabilité de cet écart de conduite doit être partagée également entre tous les partis concernés, tient à préciser Patrice Bernier.

« Les défenseurs peuvent ralentir le tempo du jeu autant que les milieux ou que les attaquants quand ils vont vers le but. Si je regarde les premiers matchs de la saison, à un certain moment c’était Nacho qui contrôlait le jeu. Pourtant, c’est un de nos joueurs les plus offensifs », explique Bernier.

« Des fois, il faut respirer, prendre le temps et faire travailler l’autre équipe pour la fatiguer et peut-être éventuellement mettre le but recherché, poursuit le vétéran de 36 ans. Donc la possession, ça revient à la prise de décision de chaque joueur qui a le ballon. Bien sûr que les gars du milieu, les joueurs d’expérience, doivent peut-être réaliser qu’il faut par moment calmer les ardeurs des autres, mais c’est à tout le monde de reconnaître les moments où on vient juste de subir défensivement et où il faut se calmer pour reprendre nos esprits avant de repartir à l’attaque. C’est un peu comme le matador : il doit faire tourner le taureau un peu pour le tuer à la fin. »

L’importance des duels

Difficile de conserver le ballon si on peine au départ à en prendre possession. Lundi, Biello a souligné le piètre rendement de ses joueurs dans les situations à un contre un contre l’Union et a promis de consacrer une partie de la prochaine semaine d’entraînement à resserrer cet aspect du jeu.

« Si je regarde le match, je ne pense pas qu’on a gagné beaucoup de duels. Tu peux être en bonne position, mais il faut être capable de gagner les duels », a insisté le coach.

« Il faut toujours revenir à la base »

L’analyse de Biello faisait écho à celle exprimée quelques minutes plus tôt par Bernier.

« On récupère le ballon quand même très bas dans notre zone, ce qui fait qu’on a beaucoup de distance à couvrir pour se rendre au but adverse. Il faut qu’on travaille là-dessus, essayer de gagner le ballon plus régulièrement. Quand tu ne gagnes pas les duels, tu as le chiffre de possession qui vient avec. Il faut qu’on soit un peu plus agressifs, physiques et que dans le pressing, on soit plus proche. On donne peut-être trop de temps à l’adversaire. »

À ce chapitre, la contribution de deux autres absents ne serait pas de refus, Biello rappelant qu’il aime les chances de son équipe chaque fois que Calum Mallace ou Donny Toia se retrouvent sur une île avec un adversaire balle aux pieds. Le premier soigne présentement une blessure à un pied tandis que l’autre se remet d’une élongation musculaire à une cuisse.

« Mallace amène cette capacité à gagner des duels, dit Biello. Parfois, tu as besoin d’une personne avec cette présence, qui est capable de gagner un ballon et de casser le rythme. Je pense qu’on n’a pas été capable de casser le rythme de Philadelphie. »

« Quant à Donny, on ne remarque pas beaucoup son travail dans un match, mais quand je parle des duels, il est l’un des meilleurs. Sa capacité à défendre à un contre un, à fermer l’espace et à ne pas donner de centre, c’est sa force. Et oui, ça nous manque un peu. »