MONTRÉAL - Pendant les répétitives semaines printanières au cours desquelles s’empilaient les contre-performances et les occasions manquées, les joueurs de l’Impact s’efforçaient de masquer la réalité en remâchant une formule maintes fois entendue : ce n’est pas comment on commence, en MLS, mais plutôt comment on finit.

 

Regardez Seattle l’an dernier. Et Portland il y a deux ans. Regardez-nous bien aller, disait-on avec une confiance qui ne semblait faire froncer les sourcils qu’à l’extérieur du vestiaire.

 

Sans doute y ont-ils sincèrement cru. Et lorsqu’ils ont signé quatre victoires d’affilée au mois d’août pour remonter parmi les équipes provisoirement qualifiées pour les éliminatoires, les sceptiques n’avaient d’autres choix que de se la fermer. Ils avaient été prévenus.

 

Mais ces belles illusions s’étaient envolées pour de bon mercredi au Centre Nutrilait, où un vent de résignation semblait souffler sur le onze montréalais. C’est ce qui arrive lorsqu’on perd sept matchs sur huit au moment où on avait promis d’être à son meilleur. Éventuellement, notre propre sort glisse entre nos doigts et l’inévitable devient de plus en plus difficile à repousser.

 

Même si l’Impact n’est toujours pas mathématiquement éliminé de la course au dernier rang donnant accès aux séries dans l’Est, c’est un constat que même les vétérans les plus optimistes n’avaient plus trop le cœur à nier au retour de la défaite crève-cœur subie au Colorado.

 

« [Le moral] est bas, comme vous pouvez vous en douter, n’a pas caché le gardien Evan Bush. Mais on ne peut rien changer à notre situation actuelle. On n’a pas de match cette semaine, alors j’espère qu’on pourra évacuer ça de notre système et se replacer les idées assez rapidement. »

 

« C’est une saison difficile, on ne va pas se le cacher, a convenu le défenseur Hassoun Camara. On a de très bons joueurs, un très bon staff technique, on avait quasiment tous les ingrédients pour avoir une saison à l’instar de l’année dernière. Il n’y a pas grand-chose qui a changé, mais certaines choses ont fait défaut au niveau de la cohésion et de certains détails qui resteront dans le vestiaire. »

 

Samedi dernier, les planètes semblaient alignées pour permettre à l’Impact de gagner du terrain au classement. Avec seulement sept victoires en 30 matchs, les Rapids du Colorado formaient l’une des pires formations de la MLS. Quand, dès la 12e minute, ils se sont retrouvés en infériorité numérique à la suite de l’expulsion du milieu de terrain Jared Watts, le Bleu-blanc-noir avait trop d’atouts dans son jeu pour ne pas remporter la main. Mais sa propre indiscipline jumelée à des carences défensives récurrentes ont une fois de plus causé sa perte.   

 

« C’est sûr que quand les spectateurs regardent le match, ils ont souvent l’impression qu’on ne donne pas tout, que quelque chose cloche. Mais je peux vous dire qu’en début de match, à chaque fois la volonté est là de bien faire, a plaidé Camara. Je ne sais pas, quelque chose fait en sorte que ça ne fonctionne pas. Des circonstances nous sont souvent défavorables, mais ce n’est pas un hasard. Dans le sport de haut niveau, quand les choses tournent bien, c’est qu’on a tout fait pour que ça se passe. Et quand c’est l’inverse, c’est qu’il manque sûrement des ingrédients pour avoir une équipe gagnante. »

 

Un dernier rodéo?

 

La situation est d’autant plus frustrante qu’au moment de prendre d’assaut le terrain des Rapids, les joueurs de l’Impact savaient que leurs homologues des Red Bulls de New York venaient de passer un mauvais quart d’heure à Toronto. L’occasion de gruger quelques points sur l’avance des Taureaux au sixième et dernier rang donnant accès aux séries était trop belle, mais Mauro Biello et ses hommes l’ont bêtement laissé filer.

 

« On était tous très conscients de l’enjeu, assure Bush. Le match était diffusé dans le vestiaire. Mais ça ne remonte pas seulement au week-end dernier. Quand ils ont échappé des points contre D.C., c’est une autre opportunité qu’on a gaspillée. Ça fait un mois qu’ils échappent des points, en fait, mais c’est malheureusement la même chose de notre côté. »

 

Bush touche probablement ici à la plus sensible des cordes : pendant que l’Impact traverse sa pire séquence de la saison, les Red Bulls n’ont pas connu la victoire à leurs huit derniers matchs. Avec un minimum d’opportunisme, l’Impact serait probablement en position pour confirmer sa participation aux séries pour une troisième année consécutive. Au lieu de ça, le deuil apparaît aussi avancé sur le terrain que les recherches pour un nouvel entraîneur semblent l’être dans le bureau du président.

 

« On constate la même chose de l’intérieur que ce que vous pouvez voir de l’extérieur, a dit Bush aux journalistes mercredi. On réalisait ce qui était à notre portée samedi et on n’a pas été assez bons pour le mériter. Je ne sais pas si on a figé en sachant qu’une porte venait de s’ouvrir devant nous. Au point où on est rendu, on ne sent probablement pas qu’on mérite un meilleur sort, vous savez? Si New York gagnait tous ses matchs et qu’on faisait la même chose, la situation serait probablement encore plus frustrante. Mais présentement, je suis simplement déçu de voir qu’on est incapable de capitaliser sur les insuccès de nos rivaux. »

 

« C’est difficile pour nous, mais ce l’est pour pas mal d’autres équipes aussi, observe Camara. On pensait presque que c’était un vol quand le Minnesota est venu à la maison pour nous arracher trois points, mais on a vu le match d’hier à Atlanta, ça a été difficile pour eux aussi. Une équipe comme les Red Bulls qui a de la difficulté à enchaîner, c’est d’autant plus frustrant pour nous. »

 

Dans leur lutte à finir avec l’Impact, les Red Bulls ont l’avantage non négligeable de détenir la destinée des deux équipes entre leurs mains. Quatre points séparent présentement les deux clubs, mais New York possède un match en main qu’il jouera samedi en accueillant les Whitecaps de Vancouver. Une victoire des Red Bulls clouerait officiellement le cercueil de l’Impact, qui n’aurait alors que son honneur à défendre lors de ses deux derniers matchs de la saison contre Toronto et la Nouvelle-Angleterre.  

 

« La porte n’est pas fermée, note Bush avec ce qu’il lui reste d’optimisme. Il y aurait eu plusieurs occasions de la fermer au cours des six dernières semaines, mais il y a encore de la lumière au bout du tunnel. Il faut se concentrer là-dessus. »

 

« C’est à nous de continuer à tout faire, même si l’espoir est mince, pour le respect du blason et des supporteurs », conclut Camara. ​