Un rôle accru pour le trio québécois?
Impact jeudi, 6 févr. 2014. 16:37 vendredi, 13 déc. 2024. 21:01MONTRÉAL – À un mois du début de la saison, l’état de la brigade défensive de l’Impact soulève son lot de questions.
L’absence du nouveau retraité Alessandro Nesta et de l’Espagnol Adrian Lopez, qui se remet d’une opération à un genou, crée des ouvertures qui n’ont pas été comblées à l’externe. Le vétéran Nelson Rivas est outillé pour colmater les fuites, mais la précarité de son état de santé risque d’obliger l’organisation à envisager une bonne solution de rechange.
Dès la première journée du camp d’entraînement, l’entraîneur Frank Klopas a ciblé la ligne arrière comme sa principale source de préoccupation. L’Impact a concédé trop de buts en 2013, a rapidement statué le nouveau pilote, qui espère, à défaut d’obtenir des renforts, trouver les arguments qui sensibiliseront l'ensemble de ses troupes à l'urgence de corriger la situation.
Derrière le mur de vétérans aguerris qu’on devrait retrouver devant Troy Perkins pour le lancement de la saison, un groupe de jeunes défenseurs est déterminé à faire partie de la solution. Les Québécois Wandrille Lefèvre, Karl W. Ouimette et Maxim Tissot entament leur deuxième saison complète chez les pros avec l’intention de jouer un rôle accru dans les succès du onze montréalais.
« Chaque jour, on se pointe ici dans le but de progresser dans la hiérarchie, indique Lefèvre qui, à 24 ans, est l’aîné du trio. On travaille dur chaque jour et on a faim. »
Comme Tissot, Lefèvre, un milieu de terrain converti en défenseur, a gradué chez les professionnels au terme du camp d’entraînement de 2013. Ils y ont rejoint Ouimette, qui était devenu l’année précédente le premier produit de l’Académie de l’Impact à obtenir une promotion avec le grand club. Les trois ont obtenu un total de 13 départs, la plupart au cours de la difficile séquence d’octobre qui a failli coûter à l’Impact une place en séries. À l’heure des bilans, Ouimette avait été le plus utilisé du groupe avec 547 minutes au compteur.
L’hiver fut court, mais réparateur. Lefèvre se présente à l’ouvrage mû par une confiance évidente, Tissot a ajouté un peu de muscle à sa charpente et Ouimette dit arriver avec plus de cordes à son arc.
Jeudi, lors d’un match simulé à l’entraînement, Lefèvre était soudé à Rivas au centre d’un rempart défensif complété sur les flancs par les deux autres Québécois. Bien après le long coup de sifflet qui mettait fin à la séance, alors que certains de leurs coéquipiers étaient déjà aux douches, les trois complices discutaient en gesticulant au centre du terrain, revoyant leurs bons coups et insistant sur les erreurs encore fraîches en mémoire.
« On se connaît depuis l’adolescence, on a développé une amitié et on est solidaire. C’est évident que chacun travaille pour l’équipe en essayant, de son côté, de sortir du lot, mais on est content quand l’un de nous trois est récompensé », affirme Lefèvre.
À l’unisson, les jeunots du Stade Saputo se disent prêts à en prendre plus sur leurs épaules.
« C’est sûr qu’on peut apporter de la fraîcheur, avance Ouimette, qui aura 22 ans en juin. L’année passée, on a été capable de faire du bon travail quand on a fait appel à nos services et je crois que cette année, on peut faire la même chose. Jouer au soccer pour être sur le banc, ça ne donne rien. On veut jouer, on veut faire partie intégrante de l’équipe. »
« On veut prendre notre place. Personnellement, j’aimerais commencer notre premier match le 8 mars, donc consolider le poste de défenseur latéral gauche, vise Tissot, qui se trouve en compétition avec Jeb Brovsky. Si je n’y arrive pas aussi tôt que je le veux, ça sera plus tard cette année. »
« Même s’ils étaient là, je ne m’incline pas devant un nom, une nationalité, un âge ou un niveau d’expérience, clame Lefèvre, faisant référence aux vétérans qui le devancent dans la charte de profondeur du club. À court terme, c’est vrai qu’un gros nom obtiendra peut-être plus de marge de manœuvre, mais je sais que sur le long terme, le travail qu’on fait au quotidien ne peut pas mentir. »
« Ma courbe de croissance dans la hiérarchie de l’équipe prouve que mon approche paie, fait ensuite remarquer le Français d’origine, qui est arrivé au Québec à l’âge de 14 ans. Ça me donne beaucoup de courage et de confiance pour continuer dans cette voie. »
Tirer l’équipe vers le haut
La saison dernière, Brovsky, Matteo Ferrari et Hassoun Camara ont été pratiquement indélogeables dans le groupe de défenseurs partants de l’Impact. Sur une possibilité de 34, ils ont respectivement obtenu 29, 31 et 32 départs et chacun a passé plus de 2600 minutes sur le terrain.
Devant l’essoufflement qui a eu raison des efforts du club dans le dernier droit de la saison, certains ont accusé l’entraîneur de l’époque, Marco Schällibaum, d’avoir brûlé ses meilleurs éléments.
« Je n’établirais pas cette réalité comme la source principale du problème, mais permettez-moi d’inverser la situation et de vous poser cette question : une rotation plus fréquente, à des moments clés, aurait-elle pu aider? Bien sûr que oui », raisonne Lefèvre tout en s’assurant de distribuer le blâme.
« Quand je prends le problème comme ça, je me dis que si les changements sont faits de façon intelligente, ça ne peut pas nuire. Mais en même temps, je me mets à la place de l’entraîneur : il n’est pas là pour faire des cadeaux. Alors notre temps de jeu, il faut le mériter. Au début de la saison dernière, peut-être qu’on n’avait pas suffisamment progressé pour que l’entraîneur nous fasse pleinement confiance. C’est aussi à nous de démontrer qu’on mérite cette confiance. C’est en travaillant fort pour faire ses preuves qu’on parvient à tirer l’équipe vers le haut. »
Pour tomber dans les bonnes grâces du sélectionneur, les jeunes arrières s’abreuvent depuis deux semaines des conseils de Nikolaos Kounenakis, le nouvel adjoint que Klopas a mandaté pour resserrer les normes défensives du club.
« Je l’aime beaucoup, complimente Ouimette, qui cherche à développer des instincts plus agressifs. Il communique bien, il est toujours là prêt à répondre à nos questions. Il est clair, il explique bien ce qu’il attend de nous dans chaque situation. C’est le jour et la nuit par rapport aux autres années. »
« Niko nous aide beaucoup avec notre positionnement et nos couvertures, il nous apprend à bien balancer tout ça. Ça, je pense que ça va amener de bons résultats, prévoit Tissot. Et j’aime aussi qu’il nous rappelle chaque jour d’apprécier la chance qu’on a de pratiquer notre métier. »