MONTRÉAL – Sur le fond, il est vrai que le Maxi Urruti que l’on voit à l’œuvre depuis le début de la saison est le même qui a joué 31 matchs avec l’Impact en 2019. « Je joue à 100% à chaque match, l’année dernière comme cette année », a souligné Urruti, avec justesse, lorsqu’on lui a suggéré qu’il avait l’air d’un nouvel homme à son deuxième hiver à Montréal.

Mais il y a un petit quelque chose, un détail facile à identifier et d’une importance indéniable, qui a changé dans le jeu de l’Argentin : il met la balle dans le but.

Rémi Garde, le premier entraîneur à avoir dirigé Urruti à Montréal, avait beau vanter sans cesse son imposant volume de jeu, sa générosité dans l’effort et son sens du sacrifice au service du collectif, ce ne sont pas ces atouts qui avaient motivé son embauche. Dans le communiqué que l’Impact avait envoyé pour annoncer son acquisition – il avait cédé un choix de première ronde au repêchage et un montant d’allocation de 75 000$ dans une transaction avec le FC Dallas – Garde était cité ainsi : « Son expérience de la ligue, son tempérament de vainqueur et ses qualités de finisseur seront des atouts considérables pour le groupe ».

Urruti a été tout, sauf un finisseur à sa première année en Bleu-blanc-noir. Auteur de 29 buts durant les trois saisons qui ont précédé son arrivée au Québec, il a célébré son premier avec l’Impact le 8 mai, deux mois après le début de la saison, et son deuxième le 3 août. Tantôt malchanceux, tantôt maladroit, il a terminé l’année avec quatre buts en près de 2500 minutes, de loin le pire ratio de sa carrière.

Il est encore très tôt pour crier à la métamorphose, mais l’Archer de Rosario semble se comporter avec une assurance nouvelle en 2020. Cette impression émane de certaines actions auxquelles il ne nous avait pas habitués dans le passé et, surtout, des résultats qui en ont découlé.

Dans le match aller du huitième de finale de l’Impact en Ligue des champions, au Costa Rica, Urruti a débuté le match sur le banc, mais y est entré à la demi-heure de jeu pour remplacer Orji Okwonkwo. En deuxième demie, alors que son équipe s’était déjà dotée d’une avance de deux buts, il a laissé partir une magnifique frappe décroisée du coin de la surface, mais une faute décernée à l’Impact sur la même séquence a effacé son effort de la feuille du match.

Samedi dernier, Urruti a été récompensé pour ses efforts en marquant le but décisif dans une victoire de 2-1 contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Son lobe précis, après un appel de balle agressif derrière trois adversaires, était l’œuvre d’un joueur en pleine maîtrise de son art et son cri de célébration celui d’un homme libéré, soulagé.

Urruti reconnaît que son nouveau positionnement et les tâches qui lui sont confiées sur le terrain sollicitent moins sa réserve d’énergie et lui permettent de se consacrer davantage sur son apport à l’attaque. Le fait d’être désormais chapeauté par Thierry Henry, qui a lui-même marqué quelques buts dans une vie antérieure, ne peut pas nuire non plus.  

« J’essaye de donner une liberté aux mecs devant, a expliqué Henry lorsqu’on lui a demandé s’il avait dû ‘réparer’ la confiance de son vétéran. Faites des appels, tentez, frappez... Je dis souvent à l’équipe que ce qui est agressant, c’est quand tu n’essaies pas. Essayer et rater, se montrer et rater, il n’y a aucun problème. Ne pas se montrer, ne pas essayer, ça pour moi c’est inacceptable. Après, tu fais une frappe de 30 mètres, si ça passe à côté, ça passe à côté. Mais il faut être là, tenter, faire les appels, recommencer et puis ça viendra. »

Ceci dit, l’éventail des subtilités qu’Urruti incorpore dans son jeu, tant par ses qualités athlétiques que par son abnégation et son altruisme, n’échappe pas à Henry, qui apprécie tout autant que son prédécesseur le travail dans l’ombre du numéro 37.

« Maxi apporte énormément dans le jeu, chose que vous ne voyez pas, a souligné le patron d’un ton moralisateur. Zach Brault-Guillard a été souvent libéré par ses appels, mais vous ne voyez pas ça : les appels de Maxi en profondeur pour faire descendre leur défense ou alors prendre l’arrière gauche pour pouvoir libérer Zach. S’il ne fait pas ces appels, c’est mort. Si vous regardez le match encore une fois, je ne sais plus le nombre d’appels qu’il a faits, mais il en a fait énormément sans avoir la balle. S’il ne les fait pas, on ne peut pas libérer les autres. »

« Ce n’est pas seulement lui, continue Henry. Si vous voyez les courses de Bojan de temps en temps, les appels de [Romell Quioto], comment il garde la balle... On est en train d’essayer de construire quelque chose. Il n’y a pas seulement que le but. C’est vrai que le but est valorisant, mais Maxi apporte quelque chose d’autre à l’équipe. »​