PARIS - L'ex-sélectionneur de l'équipe de France, Raymond Domenech, dans son livre Tout seul, qui sort mercredi et dont l'AFP a eu un exemplaire lundi, s'appuie sur son journal pour donner pour la première fois sa version de la fameuse insulte que lui a lancée Nicolas Anelka à la mi-temps d'un match du Mondial 2010.

Le quotidien sportif L'Équipe avait révélé l'épisode, titrant sur une autre version de l'insulte (« Va te faire enculer, sale fils de pute! ») que celle donnée par le sélectionneur dans son livre (« Enculé, t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde! »).

Anelka avait été renvoyé du groupe, et les Bleus avaient ensuite fait grève de l'entraînement en soutien au joueur exclu.

Dans son livre, Domenech raconte qu'à la mi-temps de France-Mexique, il arrive dans les vestiaires et parle aux joueurs. Anelka proteste, Evra tente de calmer les esprits, l'insulte d'Anelka fuse.

Verbatim:

« Je ne sais pas si je dois vous dire quoi que ce soit, puisque lorsqu'on décide de faire quelque chose, il ne se passe rien. J'avais demandé de la profondeur et toi Nico, sur le premier ballon, tu restes là, sans bouger.

Va en profondeur, vas-y !

- C'est ça, toujours moi...

- Oui, toujours toi. Parce que c'est toi qui décroches et qui ne va pas en profondeur. »

Il se tenait baissé, sur sa chaise.

« Mais si, j'y vais.

- Non.

- Si, j'ai essayé.

- Mais non! Ne dis pas ça! On est dix sur le banc à voir que te n'y vas pas! »

Il s'est remis à parler, mais à Ribéry, sans me regarder, comme si je n'étais pas là: « Il m'emmerde! C'est quoi, ça? Toujours moi! »

Patrice Evra a alors essayé d'éteindre le feu qui couvait: « ça va les gars, on se calme, il reste une mi-temps à jouer, on est bien... »

Mais Anelka ne s'est pas calmé et a lancé: « Enculé, t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde! J'arrête, moi...

Je n'ai pas tout entendu. La fin de la phrase m'a échappé dans le brouhaha. Bizzarement, j'ai été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie (...) Anelka avait tué le groupe ».