BERLIN, (AFP) - L'Allemagne, à peine remise de la déception de voir un quatrième titre de champion du monde de football lui échapper au profit d'un cinquième titre pour le Brésil (0-2), pense déjà au sacre au Mondial 2006 où elle aura l'avantage du terrain.

L'un des espoirs du football allemand, le défenseur Christoph Metzfelder, a donné le ton: "A partir de maintenant, il n'y a plus qu'un seul objectif, le titre mondial en 2006".

Forte de son parcours lors de la XVIIe Coupe du monde en Corée du Sud et au Japon où elle a disputé la septième finale de son histoire, autant que la Seleçao, la Mannschaft a été l'une des surprises de l'épreuve, terminant là où personne ne l'attendait.

Qui aurait en effet misé un seul kopeck sur cette équipe dont le dernier trophée international remontait à 1996 avec le titre européen, éliminée sèchement par la Croatie (0-3) en quarts de finale du Mondial 1998, renvoyée piteusement à la maison à l'issue du 1er tour de l'Euro 2000 et péniblement qualifiée pour ce Mondial en barrage face à l'Ukraine?

Sans oublier l'humiliation sans précédent du cinglant 1-5 infligé par l'Angleterre en qualifications au Stade olympique de Munich.

De plus, dans la phase de préparation, les mauvaises nouvelles s'étaient accumulées: retraite internationale de Mehmet Scholl, l'un des rares joueurs allemands créatifs, forfaits pour blessure du patron de la défense Jens Nowotny et de celui qui devait assumer le rôle de meneur de jeu, l'espoir Sebastian Deisler, 22 ans. Et Michael Ballack, 25 ans, pour certains le successeur du prestigieux Franz Beckenbauer, a joué le Mondial handicapé par une blessure à un pied et était de surcroît suspendu pour la finale à la suite d'un second carton jaune.


la seule erreur d'"Olli"

Sous la houlette de Rudi Voeller, 42 ans, lui-même champion du monde en 1990, appelé en catastrophe comme sélectionneur il y a deux ans, la Mannschaft a une nouvelle fois démontré qu'elle pouvait être une équipe de tournoi, sachant s'adapter à chaque adversaire. Un tonitruant 8-0 contre l'Arabie saoudite pour son premier match, avec la révélation du jeune buteur Miroslav Klose, 21 ans, auteur d'un triplé, a mis le onze en confiance, d'autant plus que son capitaine et gardien de but du Bayern Munich, Oliver Kahn, 33 ans, devenait le meilleur gardien du tournoi et multipliait les arrêts-réflexes.

Las, l'invincible Kahn a commis en finale sa "seule erreur" du tournoi et "elle été sanctionnée", permettant à Ronaldo d'ouvrir le score, a-t-il lui-même reconnu. "C'est amer à la puissance dix", a déclaré "Olli", héros tragique de la finale et qui était le plus catastrophé des joueurs allemands.

Une finale où les Allemands ont longtemps tenu la dragée haute aux Brésiliens, jusqu'à l'erreur de Kahn (67e), comme en témoignent les statistiques quant à la possession du ballon: 54% en faveur de la Mannschaft.


Voeller en 2006 comme Beckenbauer en 1990?

Sans Ballack, Rudi Voeller ne disposait pas de stars capables d'exploits individuels comme le trio des trois "R" -- Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho -- mais a basé le jeu de son équipe sur les vertus traditionnelles du football allemand: jeu collectif et solidarité, rigueur défensive (jusqu'à la finale un seul but encaissé, dans les arrêts de jeu contre l'Irlande), pressing haut, large occupation du terrain, montées offensives sur les ailes des milieux de terrain défensifs, obligeant Cafu et Roberto Carlos à défendre.

Des qualités qui sont l'apanage d'un club comme Bayer Leverkusen, dont le milieu de terrain Bernd Schneider a illuminé la finale côté allemand, un club pouvant s'enorgueillir de compter tout de même un champion du monde dans ses rangs en la personne du Brésilien Lucio qui, dans la Bundesliga, prend ainsi la relève du Français Bixente Lizarazu (Bayern Munich).

Dans la perspective du Mondial 2006, où l'avantage du terrain pourrait être compensé par la plus grande pression pesant alors sur les épaules de la Mannschaft qui sera l'un des favoris, Rudi Voeller aura en mémoire qu'un sélectionneur du nom de Franz Beckenbauer, avant d'être champion du monde en 1990, avait dû se contenter du "titre" de vice-champion en 1986, contre l'Argentine (2-3)...