BERLIN (AFP) - Des millions de fans allemands ont fêté dans la déception dimanche à Berlin le titre de vice-champion du monde à l'issue de la défaite de la Mannschaft contre le Brésil (0-2) lors de la finale du Mondial-2002 de soccer, tout en saluant le parcours de leur équipe.

A Berlin, quelque 3.000 fans sont parvenus à se masser devant l'écran géant de la Potsdamer Platz, des milliers d'autres étant refoulés sans ménagement par le service d'ordre et contraints à se rabattre sur les bars et les autres écrans géants de la capitale.

Dominik, 21 ans, revêtu du drapeau allemand en cape et venu spécialement de Hanovre dimanche matin, résumait le sentiment général: "Ce n'est pas grave. Etre vice-champion du monde, c'est déjà extraordinaire pour l'Allemagne. Personne n'y aurait cru".

Sous une pluie fine entrecoupée de timides rayons de soleil, des milliers de fans erraient à la fin du match dans les rues de la capitale, drapeau bas, tandis que d'autres, au volant de leurs voitures, entonnaient de timides concerts de klaxons.

Sur le Kurfuerstendamm, grande artère commerçante, 10.000 personnes se sont rassemblées, finissant, le choc passé, par fraterniser avec les rares supporteurs brésiliens, et dansant sur des airs de samba.

Quelques fans ont manifesté violemment leur déception, mais il s'agissait "d'actes isolés", a souligné la police, globalement satisfaite de la situation dans les rues, dont certaines avaient été rebaptisées pour l'occasion aux noms des héros nationaux, comme le sélectionneur Rudi Voeller ou le gardien Oliver Kahn.

Quatre-vingts personnes ont toutefois été brièvement interpellées et deux autres blessées par des pétards. A Leipzig également, des fans en colère ont jeté tables, chaises et bouteilles sur des policiers. Bilan: sept blessés et douze interpellations.

Silence

Tout avait bien commencé, pourtant, une nuée de drapeaux noir-rouge-or saluant sur la Potsdamer Platz les occasions de la Mannschaft, les ponctuant de "Deutschland! Deutschland!" ou d'une ode à Rudi Voeller, sur l'air de "Guantanamera": "Un Rudi Voeller, il n'y en a qu'un, Rudi Voeller...".

Le premier but de Ronaldo a été sifflé avec virulence, le second accueilli dans un silence glacial. Certains spectateurs ont aussitôt quitté l'écran géant, à l'instar de Nick, 16 ans, et Benjamin, 15 ans. "Pour nous, l'Allemagne est malgré tout championne du monde", ont-ils confié.

Le visage maquillé aux couleurs nationales, ils ont décidé de faire la fête malgré la défaite, mais leur colère et leur déception visent Oliver Kahn, le gardien, qui aurait "vraiment dû mieux jouer".

"Les Brésiliens ont joué +perso+ tout au long du match, alors que les Allemands étaient beaucoup plus tactiques, avaient un esprit d'équipe. Mais la Seleçao a mérité sa victoire", concède Olaf, 53 ans.

"Les Allemands se sont bien défendus, ils ont eu beaucoup d'occasions", souligne toutefois, la larme à l'oeil, Franziska, 17 ans, le drapeau noué autour de la taille. "En 2006, nous serons champions du monde", se console-t-elle.

"Dommage, c'était un beau jeu", a commenté Klaus Wowereit, maire de Berlin, l'un des rares de la jet-set politique allemande à n'avoir pas fait le déplacement à Yokohama.

Le plus gros rassemblement du pays a eu lieu devant l'écran géant de Hambourg, dans le nord, où près de 80.000 supporteurs ont vibré au gré des péripéties de la partie. Dans les trains et dans de nombreux transports publics du pays, les conducteurs ont informé les passagers de l'évolution du match.

A Munich, la déception de la défaite a été aussitôt doublée d'une autre: la célèbre brasserie Hofbrauhaus avait promis que la bière serait gratuite en cas de victoire... allemande.