BERLIN - L'Allemagne espère franchir encore un palier lors de l'Euro 2012 en Pologne et en Ukraine, qui démarre le 8 juin, et voir enfin la qualité de son jeu lui apporter davantage que respect et admiration: un trophée.

« Ces dernières années, c'était toujours: si on atteint les demi-finales c'est un succès. Je pense qu'on peut désormais assumer le fait que nous jouons pour le titre », a clamé récemment Lukas Podolski, dans un entretien à la presse allemande.

Il sait de quoi il parle. À 26 ans, Podolski est l'un des cadres de l'équipe nationale, avec ses 43 buts en 95 sélections.

Joueur-fétiche du sélectionneur Joachim Löw, qui lui avait permis de faire ses premiers pas internationaux fin 2004, lorsqu'il était l'adjoint de Jürgen Klinsmann, il a été des trois dernières campagnes internationales.

Toutes se sont soldées par des places d'honneur: 3e du Mondial 2006 en Allemagne, 2e de l'Euro 2008 en Suisse et Autriche et 3e du Mondial 2010 sud-africain.

Ces années ont permis d'amener à maturité une incroyable génération de talents allemands à qui « Jogi » Löw n'a jamais hésité à donner leur chance.

Outre Lahm et Schweinsteiger, arrivés en même temps que Podolski, la sélection s'est enrichie depuis de joueurs aussi doués que Neuer dans les buts, Özil, Khedira, Kroos, Müller au milieu, et Gomez en attaque.

Il s'agit maintenant pour ce groupe de gravir la dernière marche. « La soif de titre n'a jamais été aussi grande chez nous », a lui-même constaté le sélectionneur.

Un euphémisme, après 16 ans sans titre - le dernier trophée remonte à l'Euro 1996 en Angleterre. L'Allemagne n'a plus connu pareille disette depuis les 18 ans qui ont séparé son premier titre majeur, la Coupe du monde 1954 et sa victoire à l'Euro 1972.

La défense comme point faible

L'Allemagne a pour elle de disposer d'un groupe jeune mais avec déjà un long vécu commun. Les automatismes sont là, les rôles biens définis, et l'implication totale.

Tous les cadres seront présents, malgré une année où ils n'auront pas été épargnés par les pépins physiques.

Les points forts sont identifiés: un milieu généreux dans l'effort, très mobile, avec une technique très sûre.

L'Allemagne, c'est aussi un bloc qui exerce un pressing intelligent et qui fait beaucoup courir l'adversaire.

Ses points faibles sont tout aussi connus, à commencer par une défense qui n'inspire pas autant confiance que les autres lignes.

Hormis Philip Lahm et Manuel Neuer, les autres joueurs (Boateng, Badstuber, Hummels ou Mertesacker) ne font pas partie du gotha mondial dans ce domaine.

L'axe de l'attaque est aussi une zone où la Mannschaft n'est pas très riche en solution de rechange, au cas où Gomez et Klose venaient à manquer. Mais est-ce vraiment un soucis quand plus de la moitié de l'équipe est capable de marquer de près comme de loin ?

La défaite de février face à la France, en amical à Brême (1-2), aura au moins permis de dégonfler la bulle de confiance entourant la sélection nationale, et devrait lui éviter tout excès de confiance.

Mais d'ici au premier match le 9 juin contre le Portugal (groupe B), Löw devra surtout panser les plaies psychologiques causées par la défaite du Bayern Munich - plus gros pourvoyeur de joueurs avec 8 sélectionnés - en finale de Ligue des champions face à Chelsea (1-1 a.p., 4-3 aux t.a.b).

Et il a intérêt à y arriver rapidement, car le premier tour sera tout sauf une promenade de santé, avec un groupe « de la mort », qui compte, outre le Portugal, les Pays-Bas et le Danemark.