HAMBOURG (AFP) - La Côte d'Ivoire, sans doute le plus bel outsider de ce Mondial de soccer, et l'Argentine, l'un des grands favoris, s'affrontent samedi dans un match à double tranchant, sachant qu'une défaite dans un groupe C redoutable risque de leur barrer la route des 8e de finale.

Il suffit de marcher au bord d'une falaise pour ressentir ce que peuvent vivre ces deux équipes: un pas à côté, et c'est la chute. Le sélectionneur des Eléphants Henri Michel l'a répété souvent en plaisantant: "ce match face à l'Argentine, c'est déjà une finale". Et pourtant, la plaisanterie n'en est pas une.

Si les attentes entourant les novices Ivoiriens sont grandes, celles encerclant l'Argentine le sont encore plus, quatre ans après une élimination douloureuse au premier tour de la dernière Coupe du monde.

Désignés comme favoris, les hommes de José Pekerman n'ont d'ores et déjà pas le droit à l'erreur. Le onze argentin "fera un grand Mondial pour faire oublier des choses qui nous ont fait beaucoup souffrir", a expliqué le sélectionneur, faisant allusion à cette élimination que les doubles champions du monde portent encore comme un fardeau.

"Ne pas perdre un match"

"Nous devons passer le premier tour pour nous fixer des objectifs dans cette Coupe du monde et pour y parvenir, il ne faut pas perdre un match... afin d'éviter une répétition de 2002", a d'ailleurs ajouté son capitaine Juan Pablo Sorin.

L'Albiceleste dispose de pléthore de talents pour échapper à une nouvelle déroute. Riquelme, Crespo et Saviola constituent une triplette qui a de quoi faire peur. Les joueurs de la Côte d'Ivoire n'ont d'ailleurs cessé de leur rendre hommage.

"C'est une nation qui m'inspire beaucoup de respect et d'admiration", a consenti à dire Henri Michel. Mais passé les politesses, les Ivoiriens, finalistes malheureux de la dernière Coupe d'Afrique des nations, ont fait savoir qu'ils n'étaient pas là pour apporter la touche excitante et exotique qui allait égayer ce Mondial.

"Les Argentins sont redoutables, on le sait, mais nous ne sommes pas là pour être leur proie", a assuré le défenseur d'Arsenal Kolo Touré.

"Comment gérer le stress"

"L'avantage de l'Argentine c'est son habitude des grandes compétitions, a expliqué Didier Drogba, l'atout maître des Eléphants, mais ça ne veut pas forcément dire grand-chose, car ils ont été sortis au premier tour de la dernière Coupe du monde. C'est surtout la forme du moment qui va faire la différence".

Or, tout retard à l'allumage risque d'être fatal dans ce fameux "groupe de la mort", qui comprend aussi les Pays-Bas et la Serbie-Monténégro.

"On sait que le résultat de ce match déterminera la suite de la compétition", résume parfaitement le capitaine des Eléphants Cyril Domoraud. "Nous tenterons d'éviter le pire, à savoir la défaite". Chacune des deux équipes le sait: une défaite est synonyme d'un enfer.

L'expérience d'Henri Michel, qui participe à sa quatrième Coupe du monde comme entraîneur, le pousse donc à mettre en garde ses joueurs sur le dernier paramètre imprévisible selon lui: la gestion de l'émotion.

"La seule inconnue, c'est comment gérer le stress, le côté émotionnel, car pour tous les joueurs, c'est leur première Coupe du monde", a-t-il dit. Il aura la réponse samedi soir.