BERLIN (AFP) - L'élimination de l'Argentine, vendredi en quart de finale du Mondial-2006 de soccer par l'Allemagne (1-1, 4 t.a.b. 2), pourrait signifier le passage de témoin de la génération Riquelme à l'ère Messi, ce jeune prodige adoubé comme son successeur par Maradona, candidat au poste de sélectionneur.

José Perkerman comptait sur ses "golden boys" pour ramener à Buenos Aires une troisième Coupe du monde, après leurs succès dans les tournois de jeunes, les Mondiaux 1997 en Malaisie et 2001 en Argentine.

Le défi, désormais, pour l'Albiceleste, sera de trouver une alternative à Juan Roman Riquelme. "L'Argentine, c'est Riquelme", avait déclaré le sélectionneur. Mais le meneur de jeu n'a pu retrouver son influence si décisive à Villarreal, son club espagnol.

Pekerman, qui n'a jamais dirigé d'équipe de première division, est donc sorti de la compétition en mourant avec ses idées, plutôt que de confier l'animation offensive à Lionel Messi, réclamé à cor et à cri par toute l'Argentine, et qui n'est pas entré sur le terrain contre l'Allemagne.

Le champion du monde des moins de 20 ans aux Pays-Bas en 2005, sacré meilleur buteur et élu meilleur joueur du tournoi, était dans les 23, mais pas dans le onze titulaire. Son temps de jeu réduit ne lui aura pas suffi pour étaler toute sa classe et faire la différence.

Palacio, Agüero

Quelle équipe pour préparer la campagne du Mondial-2010 en Afrique du Sud? Les vétérans Roberto Ayala, Hernan Crespo et autres Juan Pablo Sorin ont sans doute disputé en Allemagne leur dernière phase finale de Coupe du monde.

Le prochain sélectionneur pourra toujours compter sur Riquelme et consorts (Aimar, Cambiasso) ou les jeunes du Mondial des moins de 20 ans en 2001 (Saviola, Coloccini), mais la génération Messi semble incontournable.

"Je vois beaucoup de similitudes. Messi occupera ma place dans le football", avait déclaré Diego Maradona à propos du prodige du FC Barcelone. L'adoubement, dont la légende vivante est pourtant avare, est lourd de symboles et de signification en Argentine. Messi apparaît plus que jamais comme "l'Elu".

Ses congénères s'appellent Rodrigo Palacio, joyau de Boca Juniors qui n'a pratiquement pas joué en Allemagne, ou Sergio Agüero, 17 ans, nouvel attaquant de l'Atletico Madrid (acheté à Independiente pour environ 30 millions d'euros) qui n'a pas été sélectionné malgré l'insistance du président de la Fédération argentine (AFA), Julio Grondona.

Dynastie

Dans les buts, le jeune Oscar Ustari devrait prendre la place de Roberto Abbondanzieri (34 ans) pour s'aguerrir et acquérir de l'expérience en vue du Mondial sud-africain.

Qui encadrera cette relève? Pekerman pourrait continuer. Carlos Bianchi pourrait également postuler, mais le technicien bardé de trophées dans le Championnat argentin (avec Velez Sarsfield et Boca Juniors) a échoué lors de ses passages en Europe (AS Rome, Atletico Madrid). Et sa candidature a déjà été écartée une fois, après la démission de Marcelo Bielsa.

Maradona, au prestige intact et qui semble avoir retrouvé une hygiène de vie, avait officialisé sa candidature depuis l'Espagne: "Si mon pays gagne le Mondial, je m'en réjouirai, et lutterai pour être le nouveau sélectionneur. Et s'il perd, j'essaierai à plus forte raison de l'être."

Vingt ans après le titre de 1986 au Mexique, et afin de surmonter la traversée du désert dont a souffert le Brésil pendant 24 ans après la retraite de Pelé, le N.1 de l'histoire du football argentin sait qu'il faut un nouveau porteur de son sceptre. Son nom: Messi.