STUTTGART (AFP) - L'équipe de France de soccer, en quête de revanche après les cinglants échecs de 2002 et 2004, aborde le Mondial-2006 mardi (18H00) à Stuttgart face une Suisse enfin débarrassée de ses complexes, pour démontrer qu'elle a les moyens d'une ambition clairement affichée: Berlin!

"Tout le monde veut savoir si l'équipe de France est prête ou non, c'est à nous de répondre", souligne William Gallas.

Le défenseur français veut étouffer d'entrée le vent de scepticisme qui souffle autour des Bleus, comme pour prouver au monde -et non pas seulement à la France- qu'il n'est pas impossible ni tout à fait incongru que les derniers feux de la génération Zidane s'éteignent sur un nouveau triomphe.

"Le premier match, celui-là est décisif", avait martelé fin mai le sélectionneur Raymond Domenech. Il sait qu'une entrée en matière réussie lui procurera la paix qui permettra de construire sereinement les succès à venir et l'harmonie qui permettra aux joueurs de continuer à bien vivre ensemble.

"On ne peut pas se permettre de perdre ce premier match, assure ainsi Gallas. Il faut battre la Suisse pour se sentir mieux dans notre tête".

"On a envie de savoir où l'on se place par rapport aux autres", lance David Trezeguet, qui a fait les frais du changement tactique opéré par Domenech. Exit les deux attaquants, les Bleus joueront avec le seul Henry en pointe devant un trio Wiltord-Zidane-Ribéry.

Franck Ribéry, 23 ans, l'idole des stades, est donc invité à faire profiter les Bleus de son explosivité et de son culot dès la première minute, deux semaines après des débuts remarqués en sélection. Une trajectoire météorique pour un joueur qui évoluait encore en 3e division il y a deux ans.

Une autre époque

En Allemagne, personne ne sait vraiment ce dont sont capables les Bleus, sauf peut-être eux-mêmes. Et la dernière fois qu'ils ont abordé une grande compétition ainsi, entourés d'autant d'incertitudes, c'était en 1998...

Une autre époque, même si certains de ses principaux acteurs, Zidane en tête, brûleront encore les planches en Allemagne et tenteront de se souvenir des belles choses.

D'en oublier certaines aussi. Oublier, par exemple, le premier match des Bleus au Mondial-2002, face au Sénégal (0-1), celui qui a fait dérailler d'un seul coup une équipe trop suffisante.

"La Suisse, c'est le genre d'équipe qui peut faire la surprise et on n'a pas envie que ça arrive avec nous. On a déjà été dans des situations comme celle-là, on ne veut pas que ça se répète", assure d'ailleurs Claude Makelele, qui était de ce +Waterloo+ asiatique.

Mais le temps que les Bleus ont pris pour se racheter, d'autres l'ont pris pour progresser, comme la Suisse. La +Nati+ n'a plus peur de son grand voisin, ni même de personne. "Nous sommes capables de bouger les plus grandes équipes d'Europe et nous voulons montrer au monde que nous avons grandi", tonne le défenseur Ludovic Magnin.

En barrages de qualification, à Istanbul, la Suisse a su s'extirper de l'enfer. "Résister à la pression qu'on a eue en Turquie (2-4), passer malgré ces circonstances si difficiles, ça a tout changé", souligne Alexander Frei, le serial-buteur qui a l'habitude de faire mal aux défenses françaises (20 buts en 2004-05 avec Rennes).

"Culottés"

"Même si les Suisses sont culottés et bien dans leur tête, estime de son côté Gallas, ils savent que l'équipe de France reste l'équipe de France". Mais il ne faut pourtant pas que les Bleus s'attendent au respect. Seules les équipes qui ont un statut peuvent en bénéficier et les Bleus, après 2002 et 2004, n'en ont plus...

Avec ses 25,3 ans de moyenne d'âge, la Suisse, troisième équipe la plus jeune du Mondial, est d'autant plus prête à déplacer les montagnes. Mais pour William Gallas, qui forme la charnière centrale française avec Lilian Thuram, la France a justement "le petit avantage d'avoir des joueurs d'expérience".

Des joueurs-cadres qui formeront encore cette fois-ci l'ossature des Bleus. Neuf des onze titulaires français de mardi auront joué l'Euro-2004.

Avec deux ans de plus dans les jambes mais aussi deux ans à ruminer un échec dont ils disent avoir tiré les leçons. Ils viennent justement le montrer.