BERLIN (AFP) - La finale du Mondial-2006 de football sera historique à plus d'un titre: le match France-Italie sera l'un des événements berlinois les plus importants depuis la Réunification et les joueurs fouleront la pelouse d'un stade, dont l'histoire reste trouble, marquée par le nazisme.

Après cinq matches intermédiaires joués sur sa pelouse, l'"Olympiastadion" de Berlin était le but ultime pour les équipes participant au Mondial 2006. Malgré l'élimination de l'Allemagne, la finale pourrait dépasser le record d'affluence constaté le 30 juin lors des quarts de finale Argentine-Allemagne.

Inauguré en septembre 2004, le nouveau stade olympique d'une capacité de 66.000 places reste, malgré le verre, le béton et les 240 millions d'euros de rénovation, ancré dans son passé.

L'histoire du stade remonte au 19e siècle, lorsque des courses de chevaux étaient organisées sur cet espace. Un stade a été construit en prévision des Jeux olympiques de 1916, qui n'auront jamais lieu à cause de la Première guerre mondiale.

Après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier 1933, les plans de l'Olympiastadion prirent une toute autre direction. Il ordonna la destruction de l'ancien stade et commanda à l'architecte Werner March un stade d'un nouveau style, en vue des Jeux Olympiques de 1936.

L'or olympique de Jesse Owens

Un decorum romain et des grandes statues de colosses furent le théâtre de la propagande nazie, même si Hitler avait interdit toute attaque antisémite pendant la compétition, cherchant à donner l'image d'une célébration pour la paix, alors que l'Allemagne se préparait à la guerre.

Le sprinteur noir américain Jesse Owens a infligé à la supposée supériorité aryenne un cinglant camouflet en remportant quatre médailles d'or. Le champion raconte dans son autobiographie avoir salué de la main Hitler, qui lui aurait retourné ses salutations.

Au cours de la Seconde guerre mondiale, un bunker a été construit sous le stade pour accueillir le réseau radio des nazis. Le stade a survécu assez miraculeusement aux bombardements. En 1945, il devint le quartier général des troupes britanniques.

Le nom "Reichssportfeld" (terrain de jeu de l'Empire) fut transformé en "Olympiastadion". Le site a été petit à petit dénazifié avec la suppression d'emblèmes du régime nazi.

En 1974, le stade fut partiellement couvert pour accueillir trois matches lorsque la RFA organisa le Mondial. Son rôle resta cependant secondaire, la finale se jouant à Munich.

Depuis, l'Olympiastadion tient une place centrale dans les sports et le calendrier culturel de l'Allemagne. Le club du Hertha Berlin y est domicilié. Juste après le Mondial, il accueillera des concerts des Rolling Stones et de Robbie Williams.