L'impunité des sportifs dénoncée par la justice
Soccer vendredi, 3 juin 2005. 12:36 jeudi, 12 déc. 2024. 16:46
LONDRES (AFP) - L'impunité des sportifs coupables d'actes de violence sur les terrains, souvent en direct à la télévision, a été dénoncée vendredi par des magistrats britanniques, certains évoquant la loi du silence observée au sein du soccer anglais.
La répugnance du monde du soccer à aborder la question de la violence sur les stades est comparable à celle de la communauté asiatique face aux "crimes d'honneur" visant les femmes, a accusé Nazir Afsal, porte-parole du Parquet en Grande-Bretagne.
"De nombreuses communautés préfèrent le silence au dialogue, et la communauté du soccer en fait partie", a-t-il insisté, dans le cadre d'une conférence sur la violence dans les stades organisée à Londres.
Parmi les participants: des policiers, des magistrats, des sociologues. Mais très peu de représentants du monde du sport, et personne de la Fédération anglaise de soccer (FA).
Barry Knight, arbitre de première division, devait initialement s'exprimer. Mais il s'est désisté, à la dernière minute: "Il nous a dit qu'à son grand regret il n'était plus en mesure de nous parler, a expliqué Nazir Afsal. Ses supérieurs lui ont expliqué que cela ne serait pas approprié".
Les images de rencontres sportives dégénérant en bagarres sont fréquentes sur les écrans de télévision britanniques. Tout récemment, c'est Neil Back, le troisième ligne aile de Leicester, qui a décoché un direct à son adversaire des Wasps, Joe Worsley, durant la finale du Championnat d'Angleterre de rugby. Une agression qui ne l'a pas empêché de prendre l'avion avec les Lions britanniques pour la tournée en Nouvelle-Zélande.
"Il ne s'agit pas d'hommes qui se comportent mal, il s'agit d'hommes qui se comportent de façon criminelle", a insisté Nazir Afsal, estimant que si la notion "d'agression" fait partie intégrante du sport, la ligne rouge est souvent franchie.
"Modèles sociaux"
Evoquant le quasi combat de boxe entre Lee Bowyer et Kieron Dyer, pourtant coéquipiers sous le maillot de l'équipe de soccer de Newcastle, en avril, Gordon Taylor, directeur général du syndicat des footballeurs professionnels, a relativisé: "Si cela s'était passé à la sortie d'une discothèque, ils n'auraient sans doute pas été interpellés, ils s'en seraient tirés au pire avec une amende de 50 livres" (70 euros).
Steven Barker, un avocat représentant souvent des sportifs, a dénoncé de son côté la tentation de faire des footballeurs des "modèles sociaux": "Ils ne sont pas formés pour cela, dans quel autre secteur demande-t-on à des gamins de 18 ans d'être des modèles pour la société ?"
Difficile pourtant de nier l'influence sur la jeunesse de quelqu'un comme Wayne Rooney: déjà une vedette, du haut de ses 19 ans, l'attaquant de Manchester United a été enregistré jurant à 20 reprises en une minute contre un arbitre qui venait de le sanctionner, en février.
Un incident parmi d'autres qui avait poussé le syndicat britannique des proviseurs à demander que les rencontres de football soient désormais télévisées après 21 heures et non plus l'après-midi, afin de limiter l'exposition des enfants aux scènes de violence physique ou verbale sur les terrains.
La répugnance du monde du soccer à aborder la question de la violence sur les stades est comparable à celle de la communauté asiatique face aux "crimes d'honneur" visant les femmes, a accusé Nazir Afsal, porte-parole du Parquet en Grande-Bretagne.
"De nombreuses communautés préfèrent le silence au dialogue, et la communauté du soccer en fait partie", a-t-il insisté, dans le cadre d'une conférence sur la violence dans les stades organisée à Londres.
Parmi les participants: des policiers, des magistrats, des sociologues. Mais très peu de représentants du monde du sport, et personne de la Fédération anglaise de soccer (FA).
Barry Knight, arbitre de première division, devait initialement s'exprimer. Mais il s'est désisté, à la dernière minute: "Il nous a dit qu'à son grand regret il n'était plus en mesure de nous parler, a expliqué Nazir Afsal. Ses supérieurs lui ont expliqué que cela ne serait pas approprié".
Les images de rencontres sportives dégénérant en bagarres sont fréquentes sur les écrans de télévision britanniques. Tout récemment, c'est Neil Back, le troisième ligne aile de Leicester, qui a décoché un direct à son adversaire des Wasps, Joe Worsley, durant la finale du Championnat d'Angleterre de rugby. Une agression qui ne l'a pas empêché de prendre l'avion avec les Lions britanniques pour la tournée en Nouvelle-Zélande.
"Il ne s'agit pas d'hommes qui se comportent mal, il s'agit d'hommes qui se comportent de façon criminelle", a insisté Nazir Afsal, estimant que si la notion "d'agression" fait partie intégrante du sport, la ligne rouge est souvent franchie.
"Modèles sociaux"
Evoquant le quasi combat de boxe entre Lee Bowyer et Kieron Dyer, pourtant coéquipiers sous le maillot de l'équipe de soccer de Newcastle, en avril, Gordon Taylor, directeur général du syndicat des footballeurs professionnels, a relativisé: "Si cela s'était passé à la sortie d'une discothèque, ils n'auraient sans doute pas été interpellés, ils s'en seraient tirés au pire avec une amende de 50 livres" (70 euros).
Steven Barker, un avocat représentant souvent des sportifs, a dénoncé de son côté la tentation de faire des footballeurs des "modèles sociaux": "Ils ne sont pas formés pour cela, dans quel autre secteur demande-t-on à des gamins de 18 ans d'être des modèles pour la société ?"
Difficile pourtant de nier l'influence sur la jeunesse de quelqu'un comme Wayne Rooney: déjà une vedette, du haut de ses 19 ans, l'attaquant de Manchester United a été enregistré jurant à 20 reprises en une minute contre un arbitre qui venait de le sanctionner, en février.
Un incident parmi d'autres qui avait poussé le syndicat britannique des proviseurs à demander que les rencontres de football soient désormais télévisées après 21 heures et non plus l'après-midi, afin de limiter l'exposition des enfants aux scènes de violence physique ou verbale sur les terrains.