ZURICH (Suisse) - À six jours du coup d'envoi de l'Euro 2012, l'Italie est en crise, entre le scandale des matches truqués et son unique et désastreux match de préparation perdu contre la Russie (3-0) vendredi qui l'oblige à « repartir à zéro », de l'aveu du sélectionneur.

Cesare Prandelli a plus d'un problème sur les bras. S'il a échappé vendredi soir aux questions sur « l'affaire », lors d'une trêve avec les journalistes italiens, après cinq jours de bombardement médiatique, le « Calcioscommesse » pèse toujours.

« C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de pression, explique le milieu de terrain Claudio Marchisio, mais le groupe est uni ». Le scandale a coûté sa place à Domenico Criscito, et menace celle de Leonardo Bonucci. Les dégâts collatéraux ont même touché l'icône Gianluigi Buffon.

Criscito, entendu comme témoin assisté lundi 28 mai au matin dans sa chambre du centre d'entraînement de l'Italie, a dû renoncer. Son remplaçant, Federico Balzaretti, a coulé vendredi à Zurich avec toute la défense.

Buffon: « Je fais ce que je veux »

Bonucci est lui resté dans le groupe, même s'il doit également être entendu prochainement par la police, dans le cadre de l'enquête conduite par le parquet de Bari (celui de Crémone pour Criscito). Sa prestation contre la Russie a pu souffrir de ces mauvaises conditions psychologiques.

Enfin le gardien n'est pas convoqué par les enquêteurs, mais même si elle n'est pas liée au Calcioscommesse, « l'affaire Buffon », le million et demi d'euros versé à une officine de paris, a jeté une ombre sur le capitaine.

« Je fais ce que je veux avec mon argent », a répondu « Gigi » vendredi soir. Son avocat, Me Marco Valerio Corini, explique qu'il s'agissait d'achats de montres et d'opérations immobilières, pas de paris sur le foot, strictement interdits aux joueurs.

L'affaire Buffon, qui date de 2010, est sortie au lendemain de ses critiques sur les nombreuses fuites dans la presse sur le Calcioscommesse. « Je l'ai cherché quand l'autre jour j'ai parlé de façon trop véhémente », a dit Buffon.

Bloc Juventus

En plus des difficultés de ces trois joueurs, dont un n'ira pas en Pologne, la sélection a complètement perdu l'identité de jeu patiemment mise en place par Prandelli lors de sa première année. Elle a perdu ses trois matches de la saison sans jamais marquer, contre l'Uruguay (1-0), les États-Unis (1-0) et la Russie.

Du coup, l'Italie va revenir aux fondamentaux. « Maintenant on doit faire ce que les joueurs savent faire », a dit Prandelli. Contre l'Espagne, le 10 juin à Gdansk, il y a fort à parier que les « Azzurri » aligneront un 5-3-2 plus hermétique et le fameux « blocco Juve » (bloc Juventus): la défense à trois « bianconera » Leonardo Bonucci-Andrea Barzagli-Giorgio Chiellini, et Andrea Pirlo et Claudio Marchisio au milieu, soit six champions d'Italie 2012 en comptant Buffon.

Emanuele Giaccherini pourrait même être aligné milieu droit au nom de la complémentarité. La Juve est restée invaincue toute la saison avec cette ossature, et les attaquants de l'Italie, Antonio Cassano, Mario Balotelli ou Antonio Di Natale, sont plus forts que ceux des Bianconeri.

La recette « blocco Juve » a déjà fonctionné en 1982, et l'Italie n'oublie pas qu'elle a gagné la Coupe du monde 1982 et atteint la finale en 1994 après être sortie des poules par un trou de souris, au milieu des doutes et du stress.

« S'il y en a dans le monde qui savent réagir le dos au mur, c'est bien nous, encourage la Gazzetta dello sport samedi. Il faut y croire! »