PARIS - Tandis que la FIFA a de nouveau mis en garde l'exécutif français contre toute ingérence dans les affaires de la Fédération française de football, une commission de l'Assemblée nationale française auditionnera mercredi matin le président démissionnaire de la FFF Jean-Pierre Escalettes et l'ancien sélectionneur des Bleus Raymond Domenech sur le fiasco du Mondial sud-africain.

La ministre française des Sports Roselyne Bachelot sera pour sa part entendue dès ce mardi soir par les députés de la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation. Bachelot avait reçu un carton jaune de la FIFA pour avoir jugé la semaine dernière que la démission de M. Escalettes était "inéluctable". Ce dernier a finalement annoncé lundi sa démission, qui sera effective vendredi lors d'un conseil fédéral.

Le président de la FIFA, Sepp Blatter, a rappelé mardi que l'équipe de France risquait d'être suspendue de compétition en cas d'ingérence flagrante dans les affaires de la FFF.

"En France, ils ont fait du football une affaire d'État, mais le football reste entre les mains de la Fédération, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Johannesburg. La FFF peut compter sur la FIFA en cas d'ingérence politique, même si c'est au niveau présidentiel."

À peine descendu jeudi dernier de l'avion qui le ramenait en France, l'attaquant des Bleus Thierry Henry a été reçu par Nicolas Sarkozy à l'Élysée. Qui a pris l'initiative de cette rencontre, l'homme politique ou le footballeur? Des versions contradictoires ont été données.

Blatter a martelé mardi : "Je peux vous assurer que la FIFA agit en cas d'ingérence politique quel que soit le type d'intervention ou la taille du pays".

"Chaque fois qu'il y aura interférence, la FIFA réagira", avait déjà averti samedi dernier le secrétaire général de la FIFA, le Français Jérôme Valcke, en brandissant la menace de sanctions.

Sous forte pression après le fiasco de l'équipe de France pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud, Escalettes a finalement annoncé lundi sa démission, après avoir longtemps refusé de quitter "un navire en perdition". Issu du sérail amateur, l'homme arrivé à la tête de la FFF en février 2005 a semblé totalement dépassé par l'implosion des Bleus à Knysna, payant en partie sans doute le fait d'avoir maintenu en 2008 le très contesté Raymond Domenech à la tête de la sélection.

Les deux hommes seront entendus par les députés mercredi matin.

Les Bleus ont été éliminés en phase de poules de la Coupe du monde après deux défaites, un nul et un seul but marqué. Surtout, leur passage en Afrique du Sud a été marqué par l'exclusion de Nicolas Anelka pour des insultes adressées à Domenech. Une exclusion qui avait poussé les joueurs à boycotter leur entraînement du 13 juin dernier.

Le lendemain de l'élimination des Bleus, Sarkozy avait "demandé que des États généraux du football français soient organisés dès le mois d'octobre".

"Cet échec est l'occasion d'apporter des réponses structurelles à des questions qui se posent depuis bien longtemps", notait le chef de l'État, en souhaitant que lors de ces États généraux, "chacun des acteurs puisse apporter sa contribution en toute transparence à la construction d'un projet de rénovation".