MONROVIA (AFP) - L'ancien attaquant international George Weah, Ballon d'Or en 1995, va symboliquement mettre un terme à ses années soccer lors d'un jubilé samedi à Marseille (sud de la France), pour tenter une aventure politique dans son pays, le Liberia, dont il veut devenir président.

Costume noir, lunettes de soleil, debout dans une jeep décapotable surveillée par d'anciens combattants devenus aides de camp de circonstance, George Weah est triomphalement accueilli par les Libériens le jour de son retour au pays, le 26 novembre dernier, après pratiquement trois ans d'absence.

Lors d'une cérémonie organisée à l'hôtel de ville par ses sympathisants, l'ancien soccereur de 38 ans s'adresse à la foule: "Ce pays a besoin d'hommes capables de transformer un pays déchiré qu'est le Libéria, en un pays où il y a une vie meilleure". Une déclaration fondatrice qui augure d'une candidature à l'élection présidentielle du 11 octobre prochain.

Deux semaines après son retour acclamé, Weah crée un parti, "le Congress for Democratic Change (CDC, Congrès pour la démocratie) et entame une nouvelle vie.

Entouré d'anciens proches dépourvus, comme lui, d'expérience politique, George Weah entreprend immédiatement une tournée qui le conduit au Maroc et en Afrique du Sud où il s'entretient longuement avec Nelson Mandela. Depuis, il est plus souvent à l'étranger que dans son pays.

Très prudent

"Il est allé demander des conseils à Nelson Mandela qui a promis de le soutenir moralement dans cette aventure", confie à l'AFP un proche de Weah. "Il est une légende au Libéria. Même dans les parties les plus reculées du pays, il est connu".

"Cette popularité est un atout non négligeable dans notre pays quand on sait qu'ici les gens ne votent que pour ceux qu'ils connaissent", souligne Emmanuel Nimely, professeur de Sciences politiques à l'Université de Monrovia. Weah "est aujourd'hui en train de tisser des relations diplomatiques qui peuvent lui garantir une victoire politique".

Jack Kojo, l'un des proches collaborateurs de Weah, explique que son entourage surveille ses déclarations afin d'éviter les mauvaises interprétations ou les déformations. "Cela ne veut pas dire que l'homme n'est pas mûr politiquement, non. Mais il faut être très prudent", ajoute-t-il. Surtout dans un pays où quatorze années de guerres civiles (1989-2003) ont laissé de visibles séquelles.

"Il est conscient du fait que c'est un tournant décisif de sa vie et qu'il n'a pas droit à l'erreur", indique à l'AFP un autre proche de Weah à qui l'ONU a retiré le titre d'ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF en raison de son implication dans la politique.

Si c'est l'homme politique en devenir qui parcourt aujourd'hui la région, le continent et le monde pour tisser des relations, c'est le soccereur, ancien de Monaco, Paris SG, Marseille et du Milan AC, qui sera sur le terrain, samedi, pour célébrer son jubilé en présence d'une quarantaine d'internationaux.