VARSOVIE - Après la décevante campagne de son équipe à l'Euro-2008, la Pologne, qui reçoit bientôt le président de l'UEFA Michel Platini, est confrontée à des inquiétudes croissantes concernant sa capacité à organiser avec l'Ukraine la prochaine édition en 2012.

Le Français, le patron de l'Union européenne de football, a prévu de se rendre la semaine prochaine à Varsovie et Kiev pour faire le point avec les responsables de l'organisation et leur mettre la pression.

Cela fait quelques mois déjà que la sonnette d'alarme a été tirée par l'instance européenne, avec cette crainte: la Pologne et l'Ukraine, malgré leurs situations économiques, sauront-elles se hisser à la hauteur de l'événement alors que les retards s'accumulent?

La population polonaise, elle-même, semble abonder dans le sens de ces craintes, puisque 77% des personnes interrogées cette semaine lors d'un sondage doutent de voir les pièces de l'édifice s'imbriquer à temps.

L'étude menée par l'institut polonais CBOS montre que 73% des Polonais pensent que le délai restant pour préparer l'Euro-2012 est trop court, et 59% estiment que la Pologne n'a tout simplement pas les moyens financiers d'en assumer les coûts.

En avril 2007, l'UEFA avait créé la surprise en désignant conjointement la Pologne et l'Ukraine, de préférence à l'Italie, pourtant favorite, et au projet commun à la Croatie et la Hongrie. Même si aucun des deux pays choisis n'avait par le passé organisé une compétition majeure, l'UEFA avait souhaité envoyer un signal politique fort en direction des pays de l'ex-bloc soviétique.

Enjeu considérable

Mais, aujourd'hui, l'instance européenne critique la lenteur des organisateurs polonais s'agissant des travaux de constructions à mener, notamment le stade de 55000 places censé accueillir l'ouverture de la compétition dans le coeur de Varsovie, ainsi que les hôtels, routes et chemins de fer pour gérer le flux de nombreux fans des 14 autres pays qui seront qualifiés.

Pour la Pologne, l'enjeu de l'Euro-2012 est pourtant considérable. Il s'agit notamment de redorer l'image d'un soccer ternie par les scandales de corruption de ces trois dernières années, dont les procès ont déjà impliqué une centaine de personnes.

Sur les 34 clubs qui composent les championnats de première et deuxième division, 29 ont été touchés par des actes de corruption et six d'entre eux ont été sanctionnés (amendes, relégations) par la Fédération polonaise.

C'est aussi le fiasco de 2008 qu'il convient d'effacer: la Pologne n'a pas passé le premier tour, au prix d'un parcours décevant (2 défaites contre l'Allemagne et la Croatie, une nulle contre l'Autriche).

Boniek et Lato

L'équipe nationale, à la peine depuis deux décennies, est loin d'égaler la glorieuse Pologne des Boniek et autre Lato, qui figurait parmi les meilleures nations de soccer dans les années 70-80 (troisièmes du Mondial en 1974 et 1982, or olympique en 1972).

Les autorités polonaises restent cependant confiantes pour 2012. Le premier ministre polonais, Donald Tusk, a déjà promis de prendre le taureau par les cornes pour rétablir la situation. La Pologne, en sa qualité de membre de l'Union européenne, à la différence de l'Ukraine, espère aussi mobiliser des fonds européens.

Même si la Fédération écossaise a déjà fait des offres de service en cas de défaillance, la Pologne et l'Ukraine veulent croire qu'elles peuvent réussir le même redressement spectaculaire que la Grèce qui avait finalement été prête à temps pour les Jeux olympiques d'Athènes en 2004.