PARIS, (AFP) - La presse du monde entier déborde lundi de compliments et de superlatifs pour faire l'éloge du Brésil, sacré champion du monde de soccer pour la cinquième fois dimanche, et de son attaquant vedette Ronaldo, auteur des deux buts de la victoire et héros de ce premier Mondial asiatique.

Au Brésil, la Seleçao fait bien entendu les gros titres. Le quotidien O Globo titre "Quintuple champion de tous les continents" sur toute la largeur de sa Une. O Estado orne sa Une de cinq étoiles, symbolisant les cinq titres mondiaux brésiliens, et félicite "le plus grand champion du monde", Ronaldo, meilleur buteur de la compétition, devenu l'égal du roi Pelé.

En Argentine, la presse se demande: "Pourquoi eux et pas nous?" "Le Brésil encore une fois roi du football", titre Clarin. "Le Brésil a confirmé qu'avec de l'intelligence, de la joie, de la flexibilité et un peu de talent, on peut gagner", commente Ole.

Après les manifestations de joie dans toute l'Amérique latine dimanche, la presse du continent américain prend le relais lundi et ne tarit pas d'éloges sur l'exploit du Brésil, ce "penta" (5e titre de champion du monde) remporté aux dépens de l'Allemagne (2-0).

Le journal sportif mexicain La Aficion barre sa Une avec "Le Roi des Coupes du monde !". "Le Brésil mérite sa victoire", assure El Universal, qui estime que la Seleçao s'est imposée "avec une oeuvre d'art de Ronaldo et une erreur de Kahn". Pour le quotidien sportif Esto, c'est "La folie".

"Merci Brésil", s'écrie le journal péruvien TodoSport. "L'émotion était indescriptible quand Cafu a levé le trophée", ajoute-t-il. El Comercio souligne que le Brésil est "le premier champion du monde de l'histoire à remporter sept matches consécutifs."

Aux Etats-Unis, les Auriverde occupent aussi les Une. "Un divin carnaval de victoire", titre le Washington Post. "Samba dans les rues", lit-on dans le New York Times. Seul USA Today boude le sacre brésilien en première page, renvoyant l'événement en Une de son cahier Sports.


"Brésil éternel"

En Italie, les deux quotidiens spécialisés dans le sport font dans la surenchère pour décrire Ronaldo: "Le roi du monde" en immenses lettres ou "Ronald'or", en caractères encore plus grands.

"Le +Phénomène+ plie l'Allemagne avec un doublé en finale", ajoute la Gazzetta dello Sport tandis que le Corriere dello Sport écrit qu'"avec Ronaldo, Cafu et Collina (NDLR: l'arbitre italien de la finale), c'est l'âme belle du football qui a gagné."

"Un conte de fées du grand maître du beau jeu", titre le quotidien britannique Times. "Cafu, le capitaine, a levé le trophée, mais la gloire et la beauté appartiennent à Ronaldo". Ronaldo "est un joueur capable, parfois, de violer toutes les règles qu'il veut, poursuit le quotidien. Pas les règles du jeu, mais les lois de la physique, de la biomécanique et même, parfois, de la gravité. Si vous cherchez le beau jeu, vous cherchez Ronaldo".

Pour le journal sportif français L'Equipe, "le Brésil est éternel" et "le phénomène (Ronaldo) a illuminé la rencontre", insistant sur le fait que "l'apothéose de Yokohama a clos quatre ans de galère entamés par le cauchemar de Saint-Denis."


Satisfaction nippo-coréenne

Un brin nostalgique, et parodiant le cri de joie des supporteurs français lors de la victoire sur le Brésil au Mondial-98 (3-0), un autre quotidien français, Le Parisien, titre sur toute sa Une: "Et un, et deux et Ronaldo."

Le quotidien publie un entretien du professeur Gérard Saillant, le chirurgien qui a opéré Ronaldo à deux reprises en 1999 et 2000, invité par le buteur brésilien avant le match. "Il a joué sa Coupe du monde sans esprit de revanche, exclusivement pour le plaisir du jeu. Un homme qui n'a jamais douté", affirme le professeur.

Pour le grand quotidien thaïlandais Rath, "un Brésil parfait conquiert son 5e titre" grâce à "Ronaldo, vainqueur de Kahn 2 à 0". Le journal australien Daily Telegraph, habituellement peu intéressé par le football, consacre toute sa Une et une double page centrale à l'attaquant brésilien.

La presse des deux pays organisateurs, la Corée du Sud et le Japon, ne boude pas son plaisir après la réussite du premier Mondial asiatique, le premier co-organisé par deux pays.

"Cela a été vraiment très amusant, commente le premier quotidien japonais par le tirage Yomiuri Shimbun. La Coupe du monde au Japon et en Corée du Sud nous a montré à quel point le football est adoré par les gens dans le monde entier."

Kahn, le "héros tragique"

A l'unisson des Japonais, la presse sud-coréenne ne cache pas sa "fierté". "Pour avoir réussi à conduire ce voyage à son terme, nous ressentons une fierté satisfaisante", note dans son éditorial le Chosun Ilbo, plus gros tirage sud-coréen.

La presse allemande n'oublie pas de rendre hommage à son gardien Oliver Kahn, le "héros tragique" de la finale. En laissant échapper un tir du Brésilien Rivaldo, le capitaine de la Mannschaft "a commis sa seule faute du Mondial", commente le populaire Bild. Ce ballon a "atteint le coeur du football allemand."

"La Mannschaft a perdu de manière humaine et cela la rend plus sympathique, commente le Taggesspiegel. Même son gardien de but, un soi-disant robot aux traits de visage comme gravés dans la pierre, a contribué à la défaite: cet Oliver Kahn n'est lui aussi qu'un homme."

"La Mannschaft peut rentrer à la maison la tête haute" car "ce n'est pas une honte de céder face aux Brésiliens, qui offrent le meilleur jeu du monde", conclut Die Welt.

Tout le monde est d'accord: le Brésil et Ronaldo font de très beaux vainqueurs.