BRUXELLES (AFP) - Dix jours. C'est le délai fixé par la Commission européenne aux diverses composantes de la famille du soccer pour parvenir à une solution sur la réforme du système des transferts internationaux de joueurs de soccer, un dossier qui après plus de deux ans d'impasse paraît pourtant loin de connaître une issue favorable.

L'exécutif européen a encore rappelé mardi que ce dossier soccer devait être résolu avant la fin du mois, les fonctionnaires européens ayant épuisé leurs réserves de diplomatie pour essayer de boucler un sujet qui véhicule tellement d'antagonismes, de corporatisme, de pressions politiques et d'imbroglios juridiques. Mais, avec un délai aussi court, les observateurs unanimes estiment que l'on est proche de la voie sans issue.

D'un côté, les joueurs. Ce sont eux qui sont à l'origine de la réforme. En se plaignant auprès de la Commission en 1998, ils ont amené celle-ci à exiger de la Fédération internationale de soccer (FIFA) qu'elle conforme son règlement à la législation européenne.

Comme tous les travailleurs, les joueurs de soccer professionnels réclament leur droit à la liberté de circulation, même si certaines divergences se font jour dans leurs rangs.

Face à eux, les clubs et les autorités internationales du soccer pour qui "libéraliser le marché serait créer un soccer à deux vitesses ET mettrait à mal l'intérêt des compétitions". "Au nom de la spécificité sportive, il faut imposer aux joueurs de respecter leurs contrats", exigent les clubs.

Tous en justice

Entre ces deux points de vue très divergents, la FIFA essaie de faire la synthèse pour rapprocher les positions et la Commission européenne arbitre. Pas simple. Les joueurs semblent en effet avoir le droit avec eux, même en tenant compte de la spécificité du sport. Mais les clubs et la FIFA bénéficient de nombreux soutiens politiques de haut niveau. Il faut donc trouver un compromis, un système de transferts qui convienne à tout le monde.

Des accords ont certes été trouvés, mais pas sur le sujet qui fâche, la rupture unilatérale des contrats. Et les positions se sont tellement braquées entre clubs et joueurs qu'un compromis entre employeurs et employés semble vraiment impossible à obtenir.

"Si la Commission impose un système de transferts qui ne nous convient pas, nous irons en justice", tonne Karl-Heinz Rummenigge, vice-président du Bayern Munich et représentant du groupement des grands clubs européens, le G14.

Et la FIFPro, syndicat international des joueurs, profère les mêmes menaces: "Au nom de la liberté de circulation, plusieurs plaintes sont prêtes à être déposées". Ambiance.

Même si la Commission européenne parvient à réformer le système des transferts, la question de la stabilité des nouvelles règles se posera. Il paraît peu probable en effet que l'on arrive à trouver des bases juridiques assez solides pour éviter de nouvelles plaintes et de nouvelles affaires Bosman, celle-la même qui avait ébranlé une première fois le mode de fonctionnement du soccer professionnel.

Une chose paraît sûre. On n'a pas fini de se quereller au sein de la grande famille du soccer. Le prochain échange est prévu le 27 février, sans grand espoir il est vrai.