LISBONNE (AFP) - Depuis le début de l'Euro-2004 de soccer, des milliers d'immigrés brésiliens apportent un soutien sans faille à la Selecçao, la sélection du Portugal, célébrant avec autant d'intensité que les Portugais les succès de l'équipe dirigée par le Brésilien Luiz Felipe Scolari, "Felipao".

"Dimanche, venez tous maquillés en rouge, vert et ... jaune", clamait Rosa, une Brésilienne: le rouge et vert en soutien à la sélection portugaise, le jaune en hommage à son pays d'origine, le Brésil.

Responsable de la Maison du Brésil à Lisbonne, cette femme, âgée d'une quarantaine d'années, a célébré mercredi soir le succès du Portugal en demi-finale de l'Euro, contre les Pays-Bas (2-1), en compagnie d'une trentaine de ses compatriotes sans doute plus habitués à fêter les triomphes de la Seleçao brésilienne.

"Portugal olé" et "Força Portugal": à l'image de leurs "frères de sang", les Brésiliens n'ont cessé d'encourager le pays hôte.

Lors des deux buts marqués par Cristiano Ronaldo et Maniche, ils ont agité pendant de longues minutes leurs écharpes aux couleurs de la sélection portugaise tandis qu'à la fin du match, certains en ont profité pour esquisser quelques pas de samba.

En début de match, leurs visages tendus en disaient long sur leurs craintes. "Les Portugais n'ont jamais réussi à passer le cap des demi-finales", faisaient remarquer les connaisseurs.

Deco et Scolari

Chacun attendait avec la même impatience le but portugais, s'exclamant à chaque occasion ratée. Dès que Deco, le joueur brésilien naturalisé portugais, apparaissait à l'écran, l'assemblée en profitait pour scander son nom pendant de longues minutes, d'une seule voix.

"C'est d'autant plus facile de se reconnaître dans cette équipe qu'elle possède un joueur et un entraîneur brésilien", expliquait Gustavo Behr.

Âgé de 28 ans, ce Brésilien habite Lisbonne depuis ses 12 ans et se définit comme un "luso-brésilien". "J'ai toujours soutenu le Portugal, même quand l'équipe jouait mal, affirmait-il. C'est déjà plus difficile quand le Brésil rencontre le Portugal. Mais je suis heureux quel que soit le score."

La présence de Deco et du sélectionneur Scolari dans l'équipe portugaise n'explique pourtant pas à elle seule ce soutien sans faille des Brésiliens.

"Pourquoi irais-je encourager la France ou la Grèce? Il me serait alors impossible d'exprimer toutes mes émotions", soulignait Duda Guennes, journaliste brésilien installé à Lisbonne, mettant en avant le lien linguistique unissant les deux pays.

Fraternité

Les relations culturelles et historiques entre le Portugal et le Brésil apparaissent comme la principale raison de cette adhésion, notait-il.

"C'est le Portugal qui a donné naissance au Brésil. Un Brésilien qui arrive ici ne se sent pas étranger, il se sent chez lui", ajoutait-il.

"Je considère les Portugais comme mes frères", confirmait une jeune brésilienne de 34 ans, Silvia Serra.

Symbole de cette fraternité, beaucoup portaient à la fois le maillot du Brésil et une écharpe de la sélection portugaise autour du cou, à l'image de "Felipao" qui avait brandi jeudi, lors du match contre l'Angleterre, deux drapeaux, une en vert et or de sa patrie d'origine et une autre en rouge et vert, de sa patrie d'adoption.

Dans les rues de Lisbonne, les Brésiliens ont souvent rejoint les Portugais pour fêter chaque victoire de la Selecçao, entamant des danses sur un air de samba.

"Dimanche, on sera encore là, encore et toujours pour encourager le Portugal. Et ce sera autant notre victoire que celle des Portugais", se réjouissait d'avance Silvia Serra.

Près de 100.000 Brésiliens sont établis au Portugal.