RENNES, France - Co-organisateur de l'Euro-2008, la Suisse fait face depuis quelques mois à "une escalade des violences" dans le football, qui l'a obligée à prendre des mesures répressives et préventives, décortique un membre du ministère suisse des sports lors du colloque "Sport et violences" qui s'est tenu à Rennes (ouest de la France).

"Nous avons constaté une escalade des violences", explique Peter Wüthrich de l'Office fédéral du sport, l'équivalent du ministère. "Aujourd'hui, près d'un match sur deux de la ligue nationale est confronté à des problèmes", assure-t-il même.

La Suisse s'est éveillée le 13 mai dernier après un match entre Bâle et Zurich. Devant des policiers trop peu nombreux, de violents incidents opposent les supporteurs au coup de sifflet final. Bilan: une centaine de blessés dont quatre policiers et 25 arrestations.

Ces affrontements, les plus violents de l'histoire helvétique, interviennent juste après le vote de la loi pour le maintien de la sûreté intérieure (LMSI), entrée en vigueur en janvier, et obligent le ministre Samuel Schmid à décréter l'instauration de la "Charte d'éthique du sport" pour prévenir les comportements délictueux chez les jeunes sportifs du pays.

Depuis septembre, les arbitres sont ainsi formés spécifiquement au fair-play, tandis que l'autoarbitrage est expérimenté chez les juniors.

"On attaque le mal par la racine, commente M. Wüthrich. On n'a pas encore de résultat et le programme durera au minimum deux ans pour avoir une évaluation concrète et sérieuse. Nous sommes optimistes".

D'ici là, la Suisse aura accueilli le championnat d'Europe des Nations, avec la crainte d'avoir à gérer, en plus de ses hooligans, ceux venus de toute l'Europe.

"Les polices européennes nous ont dit que si nous n'avions pas de loi stricte, les hooligans déferleraient, explique-t-il encore. La loi spécifique nous donne donc le droit à des arrestations préventives. Et 65 millions de Francs suisses seront consacrés à la sécurité pour l'Euro 2008".

A un tournant, le football helvète doit veiller à ne pas reproduire les erreurs de ses voisins autrichiens, 2e hôte de l'épreuve continentale.

Là-bas, les hooligans du football ont même déjà contaminé le hockey sur glace, prévient un expert venu du pays.