RIO DE JANEIRO,(AFP) - Le Brésil "pentacampeao" (quintuple champion du monde de soccer) ? Il faut passer devant des kiosques à journaux et la photo de Cafu levant tenant le trophée à bout de bras pour y croire.

Dans les rues de Rio de Janeiro en effet, les klaxons et les trompettes sont silencieuses lundi. Les costumes ont remplacé les tee-shirt marqués du N.9 de Ronaldo et nul n'agite plus de drapeaux du Brésil.

Après le délire et le carnaval déclenchés par la victoire des jaunes et vert sur l'Allemagne (2-0), dimanche, et la marée humaine qui s'était deversée sur les plages de Copacabana et Ipanema au rythme de la samba, la ville semble être retombée dans l'indifférence comme si le titre trop escompté était reçu comme un dû.

Mais pour les cariocas qui, dans la soirée de dimanche, après avoir crié et bu pour commémorer la victoire, ont passé des heures devant la télévision pour voir et revoir sans se lasser les deux buts de Ronaldo, il ne s'agit que d'une pause avant le retour triomphal des Ronaldo, Rivaldo et autres Roque Junior ou Roberto Carlos.

Après Brasilia, première étape de sa tournée triomphale, la Seleçao va se rendre à Rio de Janeiro puis à Sao Paulo.

Mardi, déclaré pudiquement "jour de travail facultatif", les cariocas ressortiront leur panoplie de "torcedores" (supporteurs), vont se peindre le visage en vert et jaune -la même peinture de guerre deviendra peinture de fête- pour retomber dans la folie carnavalesque et tenter d'apercevoir leurs idoles juchées sur un camion de pompiers.


Visages fatigués mais souriants

Les responsables du maintien de l'ordre se préparent à l'évènement sans craindre d'incidents graves. Un scénario qu'ils connaissent déjà pour le Carnaval ou les feux d'artifices du Nouvel An sur la plage de Copacabana, où se pressent chaque année plus d'un million de personnes.

Dans les rues de Rio, les visages sont fatigués mais souriants. On s'est levé tôt dimanche (le match a commencé à 08h00 locales) et la fête s'est terminée tard, au son de la samba ou du frevo (musique endiablée du nord-est).

Les vendeurs de journaux sont aux anges: les éditions "spéciales" ou "historiques" se vendent comme des petits pains et les camelots gonflent leur chiffre d'affaires avec drapeaux et casquettes, même avec les "anciens modèles" (quatre étoiles, au lieu de cinq, au dessus du logo de la Confédération brésilienne de football).

Dans ce climat euphorique on trouve parfois quelques ronchons, ou qui feignent de l'être. "C'est pas bientôt fini cette pagaille. C'est pas le football qui va nous faire vivre", lance un chauffeur de taxi qui a passé son dimanche bloqué dans les embouteillages.

Sur l'avenue Rio Branco, l'artère qui traverse le centre de Rio, un clochard ivre n'arrête pas de crier: "O penta e nosso" (On a gagné le cinquième titre) à l'adresse de passants amusés qui lui répondent: "Mais oui mon brave on sait, on sait..".