LE CAP, Afrique du Sud - Étoile déclinante, l'équipe de France veut croire au miracle de briller à nouveau au firmament de la galaxie football à la veille de son entrée en lice dans le Mondial sud-africain face à l'Uruguay, vendredi soir, au Cap.

Passés par les barrages, qualifiés in extremis grâce à la main baladeuse de Thierry Henry face à l'Irlande, les Bleus ne sont plus que les lointains descendants des champions du monde 1998 et un pâle ersatz des vice-champions du monde 2006.

Depuis la finale perdue à Berlin face à l'Italie il y a quatre ans, l'équipe de Raymond Domenech a touché le fond lors de son élimination au premier tour de l'Euro 2008 et la naufragée présente désormais un encéphalogramme pratiquement plat. Le sélectionneur national tâtonne dans ses choix depuis la retraite de Zinédine Zidane et des autres "cadors" de l'ère Aimé Jacquet. Et il continue de détonner.

Domenech a ainsi avancé des "critères invisibles" le 11 mai pour expliquer l'absence de Karim Benzema pour la première Coupe du monde disputée sur le continent africain. Depuis, l'attaque des Bleus ne s'est guère distinguée lors des trois matchs amicaux de préparation contre le Costa Rica, la Tunisie et la Chine. La défense centrale reste à définir et l'entrejeu, devenu à géométrie variable lors du stage d'oxygénation de Tignes et l'instauration d'un 4-3-3 au goût nouveau, se cherche encore. Fini les deux milieux récupérateurs alignés depuis deux ans, place à l'offensive! Oui, mais laquelle?

La Chine, classée 84e nation mondiale, la dernière à avoir testé cet ultime système de jeu mis en place par Domenech, s'est imposée 1-0 le 4 juin, à La Réunion.

C'est donc en plein doute que les Bleus vont affronter la "Celeste" uruguayenne vendredi au Cap, dans un stade de Green Point dont le nom semblait promis à accueillir les Verts irlandais, évincés de la phase finale sur une tricherie au Stade de France, le 18 novembre dernier.

Il faudra du cran à défaut de talent pour franchir ce premier obstacle, une formation uruguayenne toujours rugueuse, victorieuse du Costa Rica en barrage, menée par le redoutable Diego Forlan, double buteur en finale de la Ligue Europa avec l'Atletico Madrid. Après cet ex-double vainqueur de la Coupe du monde, la France affrontera ensuite le 17 juin le Mexique, récent tombeur de l'Italie, puis, le 22 juin, l'Afrique du Sud, pays hôte. Aucune nation organisatrice n'a été éliminée avant les huitièmes de finale.

Muet depuis trois matchs, Nicolas Anelka est déjà contesté en pointe de l'attaque, mais comme lorsqu'il était au Real Madrid, l'attaquant de Chelsea souhaite que ses partenaires s'adaptent à son jeu, à ses décrochages, et non l'inverse. Il devrait ouvrir la compétition en pointe, puisque Thierry Henry, avec ses 51 buts records et premier Bleu à disputer quatre Coupes du monde, a appris de la bouche du sélectionneur qu'il serait simple remplaçant en Afrique du Sud.

Florent Malouda et Sidney Govou devraient être sur les ailes, Franck Ribéry et Yoann Gourcuff à la construction devant Jérémy Toulalan, désormais seule sentinelle placée en vigie de la défense. Bacary Sagna et Patrice Evra, promu capitaine, seront latéraux, alors que Williams Gallas - au mollet fragile - devrait occuper l'axe central avec le non-spécialiste du poste, Éric Abidal. Dans les buts, Hugo Lloris est déjà en froid avec le Jabulani (célébrer, en langue zouloue), le ballon du Mondial, qu'il est allé chercher au fond de son filet contre la Chine, à la suite d'une trajectoire bizarroïde sur un coup franc.

Après le double échec de l'Euro 2008 - sportif et sa vaine demande en mariage à sa compagne Estelle -, Domenech, qui sera remplacé par Laurent Blanc après le Mondial, sait qu'en cas d'exploit il tiendrait sa revanche sur une France qui en majorité doute de ses capacités, à l'instar de la grande chaîne ayant promis de rembourser les téléviseurs à tous ses acheteurs si les Bleus gagnent la première Coupe du monde disputée en Afrique.

Le parcours s'annonce comme un chemin de croix puisque les Bleus, s'ils franchissent le premier tour, pourraient affronter l'Argentine ou le Nigeria en huitièmes de finale, puis l'Allemagne ou l'Angleterre en quarts. S'ils devaient atteindre les demi-finales, ils devraient probablement affronter l'Espagne ou le Brésil.

En attendant, les Bleus se sont entraînés de nouveau jeudi matin, dans leur chic retraite du Pezula Resort Hotel de Knysna, sur la pelouse du "Field of Dreams".